13e rente AVSMaillard : «En 2024, le peuple a la possibilité de rééquilibrer la politique suisse»
nipa, ats
9.1.2024 - 10:00
Les personnes retraitées font face à une hausse des prix tous azimuts. Les syndicats et la gauche ont plaidé pour l'instauration d'une 13e rente AVS pour compenser l'inflation, lors du lancement de la campagne de votation mardi. Le peuple tranchera le 3 mars.
nipa, ats
09.01.2024, 10:00
09.01.2024, 13:19
ATS
Lancée par l'Union syndicale suisse (USS) ainsi que des organisations féminines et de retraités, l'initiative populaire demande le versement d'une rente de vieillesse supplémentaire, du même montant que la rente AVS perçue chaque mois. Cela correspond à une hausse mensuelle des rentes de 8,33%.
«En 2024, le peuple a la possibilité de rééquilibrer la politique suisse en faveur de la classe moyenne, qui a travaillé toute sa vie et doit se serrer la ceinture», a lancé face aux médias Pierre-Yves Maillard, patron de l'USS.
Rarement a-t-on entendu autant de gens raconter les difficultés qu'ils vivent. Loyers, primes d'assurance maladie, électricité ou transports publics: les hausses de prix ont fait perdre depuis 2021 l'équivalent d'un mois de rente en pouvoir d'achat aux personnes retraitées, selon les calculs du conseiller aux Etats vaudois.
Les rentes AVS permettent de moins en moins de couvrir le coût de la vie. Elles oscillent en moyenne autour de 1800 francs par mois, ce qui est «beaucoup trop bas» pour compenser la perte du pouvoir d'achat. Aux yeux des syndicats, l'introduction d'une 13e rente AVS est donc la solution la plus simple et la moins chère.
4 milliards
Elle coûtera environ 4,1 milliards lors de son introduction, selon Mattea Meyer, co-présidente du parti socialiste et conseillère nationale zurichoise. Elle pourrait être mise sur pied sans autre financement pour l'instant, car les finances de l'AVS sont saines et stables.
Selon le Conseil fédéral, elles passeront de 50 milliards à 70 milliards d'ici 2030. A l'avenir, une hausse de la cotisation salariale des employeurs et des employés de 0,4% suffirait, selon la socialiste.
Pour un couple de parents travaillant à temps partiel avec un salaire de 5600 francs, le supplément mensuel s'élèverait à 295 francs pour une déduction additionnelle de 22 francs, grâce aux bonifications pour tâches éducatives, a illustré Vania Alleva, présidente d'Unia.
Le Parlement a rejeté le texte sans y opposer de contre-projet, la droite estimant qu'une augmentation de la rente ne sera pas soutenable dans le contexte financier actuel tendu. Des arguments balayés par Pierre-Yves Maillard, car ils reposent sur des prévisions qui, depuis la création de l'AVS, ont «systématiquement été trop pessimistes ou instrumentalisées».
Pour tout le monde
Interrogé sur l'opportunité de prévoir une mesure qui bénéficiera aussi aux hauts revenus, le Vaudois a rappelé que l'AVS est un projet universel et pas de l'aide sociale.
«C'est le seul moyen de toucher la classe moyenne. Chaque fois qu’on veut cibler une prestation sociale, elle échappe à la classe moyenne, parce que les critères sont trop stricts ou parce qu'il y a un effet de seuil», a expliqué celui qui a été longtemps ministre du social en terres vaudoises.
Et Vania Alleva de préciser que 90% des assurés reçoivent plus de l'AVS à la retraite qu'ils n'ont cotisé. Cela est essentiellement financé par les déductions salariales des hauts salaires.
Alors que la retraite des femmes à 65 ans va entrer en vigueur, la 13e rente leur bénéficiera tout particulièrement, a poursuivi Léonore Porchet, vice-présidente du syndicat Travail.Suisse et conseillère nationale verte vaudoise: 15% des femmes doivent recourir aux prestations complémentaires à partir de l’âge de la retraite, 36% sont sans prestations LPP et n'ont que l'AVS pour vivre.
Soutiens à droite ?
Pour faire passer son texte, qui doit convaincre la double majorité du peuple et des cantons, la gauche aura bien besoin de soutien. Une partie de l'UDC romande pourrait notamment être tentée de voter «oui», comme l'a laissé entendre un premier sondage. La section genevoise du parti conservateur soutiendra ainsi l'initiative, celle du Valais romand laissera la liberté de vote.
«Au sein de la base paysanne de l'UDC, du PLR ou du Centre, on sait ce qu'est l'AVS, et son importance. Chaque sou qui va dans l'AVS compte», a encore dit Pierre-Yves Maillard. C'est un thème qui touche la population dans son ensemble.