Affaire MaudetMaudet et Brandt dénoncent un acharnement
ATS
5.7.2020 - 12:12
Ni le conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet, menacé d'exclusion, ni son ex-collaborateur Simon Brandt ne s'expliqueront lundi devant les dirigeants du PLR genevois. Le conseiller national Christian Lüscher se dit convaincu que le ministre sera évincé.
Dès le début du week-end, le conseiller d'Etat aura lancé la contre-attaque, dénonçant «un procès politique» et un «acharnement» contre lui. «Mon droit à être entendu est un leurre», estime le chef du Département du développement économique (DDE) sur son site personnel.
Le comité directeur du PLR genevois se réunit lundi matin pour obtenir des éclaircissements au sujet d'un échange de messages entre le conseiller d'Etat et son ex-collaborateur Simon Brandt concernant le financement d'une soirée. Les deux élus y mentionnent le projet de modifier un PV et parlent d'en informer les membres sûrs du parti, suggérant qu'il en existe de moins sûrs.
Fâché, le président du parti a mis à l'ordre du jour une possible exclusion de M. Maudet qui demanderait une approbation de deux tiers des membres présents. Le conseiller d'Etat aurait ensuite 30 jours pour faire recours face à cette décision sur laquelle l'assemblée générale devrait alors se prononcer.
Appel au retrait lancé par Lüscher
La pression monte aussi sur M. Maudet pour son siège au gouvernement après la décision cette semaine du Ministère public de le renvoyer devant les juges dans certaines composantes de l'affaire le concernant. Si le ministre a annoncé qu'il ne se retirerait qu'en cas de condamnation, certains de ses camarades de parti ne relâchent pas l'étau sur lui. Comme le conseiller national Christian Lüscher, qui l'appelle dans le Matin Dimanche à nouveau à démissionner.
Le conseiller d'Etat doit «arriver à son jugement en citoyen ordinaire, par sens des responsabilités et respect pour les institutions», estime-t-il. M. Lüscher se dit convaincu que le comité directeur du PLR genevois exclura M. Maudet du parti lundi, parce qu'il «n'a désormais plus de doute sur sa capacité à nuire et sur ses méthodes totalement incompatibles» avec les valeurs du parti.
Du côté de Brandt
De son côté, M. Brandt, qui a annoncé cette semaine sa démission de la vice-présidence du PLR de la Ville de Genève, ne sera pas non plus à la réunion prévue lundi matin. «Je n'ai pas connaissance d'une menace d'exclusion contre moi», a-t-il dit dimanche à Keystone-ATS. «L'ordre du jour ne requiert pas ma présence», a-t-il ajouté.
Dans le Matin Dimanche, il affirme ne jamais avoir eu «l'intention de modifier un PV de quelconque manière». Il a seulement laissé entendre au conseiller d'Etat «qu'il ne devait pas s'inquiéter». De même, sur les membres prétendument «sûrs» au sein du parti, il rétorque s'être confié à une seule personne et dément toute structure parallèle.
Aussi bien le conseiller d'Etat que son ex-collaborateur s'étonnent aussi du calendrier des révélations. M. Maudet relève que l'échange de messages avec Simon Brandt, saisi il y a plusieurs mois lors d'une perquisition, n'a été publié que cette semaine, un jour avant l'annonce de la prochaine clôture du Ministère public dans l'affaire le concernant.
«Etape importante» pour Maudet
La principale accusation contre le magistrat est son voyage à Abu Dhabi, le Parquet soupçonnant une acceptation d'avantages. Le volet sur le financement des activités politiques est lui sur le point d'être abandonné, à la grande satisfaction du conseiller d'Etat.
«C'est une étape importante qui a été franchie», relève M. Maudet. Il mentionne un «soulagement» de voir un juge indépendant se prononcer sur le dossier et attend également une décision «le plus rapidement possible».
M. Brandt se dit lui «dévasté de voir une fois de plus le contenu de mes conversations finir dans la presse en violation totale de ma vie privée et du secret de l’instruction». Il affirme que le seul objectif des fuites sur ces différents messages est de «nuire à Pierre Maudet par tous les moyens».
«Trahi» selon lui par le Ministère public, il a récemment déposé plainte pour abus de pouvoir en raison des conditions de son interpellation en décembre dernier dans le cadre d'une investigation pour violation du secret de fonction. Et le candidat malheureux il y a quelques mois à la mairie de Genève estime avoir été maltraité avant d'avoir été blanchi dans cette affaire.