Transition énergétique Moutain Wilderness Suisse s'alarme du projet Gondosolar

zd, ats

13.8.2022 - 18:20

Dans le cadre de l'action Feux dans les alpes, Mountain Wilderness Suisse attire ce week-end l'attention sur le projet Gondosolar à Gondo (VS). Pour l'association, le tournant énergétique doit avoir lieu, mais pas au détriment des derniers espaces inexploités du pays.

Maren Kern, directrice de l'association Mountain Wilderness Suisse opposée au projet Gondosolar, a participé samedi à la manifestation "Feu dans les Alpes", au-dessus de la commune valaisanne de Gondo.
Maren Kern, directrice de l'association Mountain Wilderness Suisse opposée au projet Gondosolar, a participé samedi à la manifestation "Feu dans les Alpes", au-dessus de la commune valaisanne de Gondo.
ATS

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Moutain Wilderness n'utilisera ni feux, ni drone cette année. Mais l'ONG a invité toute personne intéressée à venir bivouaquer la nuit de samedi à dimanche sur l'Alpjerung ob Gondo, au col du Simplon, à plus de 2000 mètres d'altitude, là où le gros projet photovoltaïque, baptisé Gondosolar a été initié. Elle s'oppose à cette installation qui «détruirait un paysage marqué par le calme et l'absence d'infrastructures».

Production hivernale

Pensé comme un parc solaire, Gondosolar, composé de 4500 modules photovoltaïques actifs des deux côtés, s'étalerait sur 100'000 mètres carrés.

Devisé à 42 millions de francs, il pourrait couvrir la consommation annuelle moyenne d'au moins 5200 ménages, selon les estimations des porteurs du projet, à savoir Renato Jordan, le propriétaire de la parcelle, la commune de Gondo-Zwischbergen et l'exploitant de réseau Energie Electrique du Simplon dont Alpiq est l'actionnaire principal.

L'installation en altitude permettrait de produire nettement plus d'électricité qu'un site en plaine, car «la réflexion de la lumière du soleil par la neige augmente la production et les basses températures améliorent les conditions d'exploitation», défendent les promoteurs.

Et plus de la moitié des 23,3 millions de kilowattheures de production estimée serait produite en hiver. «Une contribution importante au renforcement de la sécurité d'approvisionnement», rappelle Alpiq.

Utiliser le bâti existant

«Tant que le potentiel sur les infrastructures déjà existantes – y compris en montagne – n'est pas entièrement utilisé, nos derniers espaces précieux non exploités doivent être systématiquement protégés et préservés», répond Mountain Wilderness Suisse. Contactés par Keystone-ATS, Pro Natura et les Verts valaisans tiennent le même discours.

«Une étude de la Confédération parle d'elle-même: les toits et façades des maisons suisses pourraient produire 67 TWh d'électricité solaire par an, soit davantage que l'ensemble de la consommation d'électricité annuelle en Suisse (env. 60 TWh)», abonde Jérémy Savioz, chargé d'affaires pour Pro Natura Valais.

Les Verts soutiennent le passage à l'énergie renouvelable depuis de nombreuses années, mais «essayons de faire du solaire intelligemment», insiste le président de la section valaisanne du parti Philippe Cina. Il serait aussi possible d'utiliser les lacs artificiels ou encore les parois des barrages.

Plusieurs études

Depuis février, date de la présentation de Gondosolar, le projet avance. Les promoteurs ont lancé une nouvelle étude sur l'impact que pourrait avoir l'installation sur la faune et la flore. Une station météorologique sera mise en service à l'automne et des études détaillées sont en cours avec des experts ferroviaires en vue de la réalisation du téléphérique de transport, liste Alpiq.

Une étape importante a été franchie en avril 2022, lorsque les porteurs du projet ont déposé la demande officielle d'inscription de Gondosolar dans le plan directeur cantonal. «Nous espérons que le canton soumettra cet automne encore à la Confédération cette proposition formelle», indique Alpiq. Contacté à plusieurs reprises, le canton n'avait pas encore répondu aux sollicitations de Keystone-ATS.

Planifier avant tout

Mountain Wilderness Suisse reproche à Gondosolar de faire cavalier seul, de pousser son projet alors qu'il n'y a pas de vision d'ensemble. «Avant de construire des installations photovoltaïques à grande échelle, nous devrions voir où elles ont le plus de sens et où elles détruisent le moins le paysage et la nature sauvage», estime l'ONG.

«Il ne s'agit pas de poser trois vis, la mise en place puis la construction auront un impact énorme sur le territoire et la biodiversité», renchérit Philippe Cina. Le canton doit avoir la main ou l'on risque de se retrouver avec un patchwork de projets dans toutes les communes. Outre Gondosolar, Grengiols est aussi en train de développer son parc, rappelle le président des Verts valaisans.