Droits humains «Nobel des droits de l'homme» à une Yéménite

ATS

19.2.2020 - 20:11

Huda al-Sarari a reçu mercredi soir à Genève le Prix Martin Ennals, le «Nobel» des défenseurs des droits de l'homme.
Huda al-Sarari a reçu mercredi soir à Genève le Prix Martin Ennals, le «Nobel» des défenseurs des droits de l'homme.
Source: KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI

Elle a été la première à dénoncer les centres de détention secrets pilotés par les Emirats arabes unis dans son pays. Cette «Dick Marty» yéménite, Huda al-Sarari, a reçu mercredi soir à Genève le Prix Martin Ennals, le «Nobel» des défenseurs des droits de l'homme.

Cette récompense doit constituer «un nouveau tribunal» contre l'attitude des Emirats, pays qui soutient le gouvernement en exil dans le conflit yéménite, a estimé devant la presse la lauréate. Malgré ses révélations en 2016, si 260 personnes ont été libérées, des milliers de personnes sont toujours détenues au secret, dit-elle.

Dont certaines ont été acheminées en Erythrée en 2017. Pour avoir dévoilé ce système, comme l'ancien conseiller aux Etats Dick Marty avait contribué à le faire pour les Etats-Unis, Mme al-Sarari a perdu un fils de 18 ans, assassiné. Menacée, elle a été contrainte de fuir son pays en 2019 avec son second garçon, au moment où des séparatistes yéménites soutenus par les Emirats avaient pris le contrôle d'Aden.

Désormais, elle souhaite que le Prix Martin Ennals pousse les Etats-Unis et des acteurs européens, dont la Suisse, à faire pression sur le pays du Golfe pour que celui-ci laisse les institutions judiciaires yéménites oeuvrer. Pour autant, elle ne les appelle pas à boycotter la prochaine exposition mondiale prévue à Dubaï cette année.

Millions de francs

«Il vaut mieux laisser chaque Etat prendre l'initiative qui leur semble adaptée», explique-t-elle. Elle va utiliser les 50'000 francs du prix pour étendre son action, notamment aider les femmes à retrouver où se trouvent leurs proches disparus.

Cette année, les trois finalistes du Prix Martin Ennals étaient pour la première fois des femmes. «Elles méritent toutes» cette récompense, a relevé le président du jury Hans Thoolen.

Il est encore «plus difficile» de défendre ces droits pour une femme, a insisté de son côté la maire de Genève Sandrine Salerno. Et d'ajouter que la municipalité dépense 2,9 millions de francs pour soutenir à la fois des ONG présentes dans cette ville et dans le reste du monde.

Les deux autres finalistes, qui reçoivent chacune 20'000 francs, ont elles aussi fait face à des menaces. La Sud-africaine Sizani Ngubane a lutté depuis plus de 60 ans pour l'accès des femmes aux terres. De son côté, la Mexicaine Norma Ledezma a promis à sa fille torturée et assassinée d'obtenir justice. Sur une liste de personnes à abattre, elle a alterné depuis de nombreuses années hôtels et maisons sécurisées et est protégée par des escortes armées.

Appel à obtenir davantage de fonds

Et les deux finalistes vont utiliser l'argent du prix pour poursuivre leurs efforts. La Sud-africaine a prévu des travaux dans sa maison, endommagée par des assaillants, pour pouvoir accueillir son institution.

Côté organisation, le Conseil de fondation souhaite élargir le partenariat avec les autorités, notamment celles de la ville, et lever davantage de fonds pour étendre ses activités. Le Prix Ennals est remis chaque année depuis 25 ans par dix ONG, dont Amnesty International, l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) ou encore Human Rights Watch (HRW).

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