Santé Nombre de victimes de la Dépakine sous-évalué en Suisse

fl, ats

10.1.2021 - 14:46

Le nombre de victimes de la Dépakine en Suisse serait plus élevé que les chiffres officiels, selon une étude coréalisée par le CHUV et dévoilée dimanche dans le Matin Dimache. Certains cas dateraient de 2018.

«La Suisse compte vraisemblablement beaucoup plus de victimes de la Dépakine. Notre vision de la situation est aujourd'hui incomplète», souligne Alice Panchaud, pharmacienne vaudoise (Image illustrative).
«La Suisse compte vraisemblablement beaucoup plus de victimes de la Dépakine. Notre vision de la situation est aujourd'hui incomplète», souligne Alice Panchaud, pharmacienne vaudoise (Image illustrative).
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«La Suisse compte vraisemblablement beaucoup plus de victimes de la Dépakine. Notre vision de la situation est aujourd'hui incomplète», souligne Alice Panchaud, pharmacienne vaudoise et co-auteure de l'étude, dans Le Matin Dimanche. Selon l'étude réalisée en collaboration avec des chercheurs bâlois, bernois et zurichois, qui vient d'être publiée dans la revue «Swiss Medical Weekly», le nombre de cas est plus élevé que les estimations de Swissmedic.

Dans son rapport datant de 2019, Swissmedic reconnaît 39 malformations ou retards psychiques provoqués par cet antiépileptique entre 1990 et 2018 et note que le dernier cas annoncé remonte à 2014.

Ces chiffres sont très probablement sous-évalués, signale l'étude qui précise que rarement plus de 10% des effets négatifs d'un médicament sont reportés, un phénomène encore plus marqué quand ces effets prennent longtemps à apparaître. L'étude appelle à un meilleur système de surveillance pour de tels cas et la mise en place d'un monitoring systématique.

Trop nombreuses prescriptions

Dans la période couverte par l'étude, de 2014 à 2018, l'utilisation du valproate était plus élevée qu'attendue. Sur 10'000 grossesses, 1,9 était encore exposée au valproate. Et dans 1,3 grossesse sur 10'000 le traitement n'a été arrêté que quand la grossesse a été confirmée.

Le valproate est toutefois largement moins prescrit durant une grossesse que d'autres médicaments antiépileptiques, souligne l'étude. Dans certains cas spécifiques, il reste toutefois le seul médicament capable de contrôler efficacement les crises.

La prescription de valproate aux femmes en âge de procréer a diminué, mais semble plus élevée que cliniquement nécessaire, souligne par ailleurs l'étude. La Suisse fait toutefois un peu mieux que d'autres pays européens.

Ces données ont été extraites des fichiers de l'assureur privé Helsana, qui couvrent environ 15% des assurés en Suisse. Elles ont ensuite été extrapolé à l'ensemble de la population.

Malformations congénitales

La Dépakine, premier antiépileptique à base d'acide valproïque (ou valproate), est autorisée depuis 1972 en Suisse. Entre 1990 et septembre 2018, plus de 800 notifications de divers effets indésirables liés au valproate ont été enregistrées en Suisse, selon le rapport de 2019 de Swissmedic.

Environ 10% des enfants exposés in utero à la substance naissent avec des malformations congénitales et des troubles graves du développement surviennent chez 30 à 40% d'entre eux. Les troubles du développement se manifestent souvent plusieurs années après la naissance et donc longtemps après la prise du médicament par la mère.

Les risques de malformations liées au valproate sont connus depuis la fin des années 1970. Ce n'est qu'au début des années 2000 que les soupçons concernant les troubles du développement ont commencé à se préciser. En 2006, une mise en garde correspondante a été introduite dans les informations sur les médicaments en Suisse et dans d'autres pays. Depuis mars 2015, Swissmedic avertit du risque de malformation du foetus lors de la grossesse.

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