Politique extérieure Nouvelles priorités du Conseil fédéral pour 2020-2023

ATS

30.1.2020 - 16:21

Le ministre des affaires étrangères Ignazio Cassis dévoile jeudi la stratégie de politique extérieure 2020-2023 du Conseil fédéral (archives).
Le ministre des affaires étrangères Ignazio Cassis dévoile jeudi la stratégie de politique extérieure 2020-2023 du Conseil fédéral (archives).
Source: KEYSTONE/ANTHONY ANEX

Paix et sécurité, prospérité, durabilité, et désormais aussi numérisation. Le Conseil fédéral a retravaillé les priorités dans sa nouvelle stratégie de politique extérieure suisse 2020-2023. Les relations avec l'UE restent néanmoins le point central de son action.

La Suisse étant un pays européen, la défense de ses intérêts sur l’échiquier international passe d’abord par l’Europe, est-il justifié dans le document dévoilé jeudi à la presse. La conclusion d'un accord institutionnel avec l'UE figure donc en tête des objectifs concrets inclus dans la stratégie au chapitre européen.

Interrogé par un journaliste, le chef du Département des affaires étrangères (DFAE) Ignazio Cassis a refusé de se prononcer sur le réalisme d'une signature cette année. Le gouvernement veut consolider son accès au marché intérieur de l'UE et la voie bilatérale.

Le but est clair, mais il faut attendre que le peuple ait dit non le 17 mai à l'initiative de l'UDC pour résilier la libre circulation des personnes. Puis mettre les bouchées doubles afin que la Suisse puisse proposer à Bruxelles des clarifications de l'accord pouvant être soutenues par la majorité de la population, a précisé le conseiller fédéral.

Plan B en préparation

En attendant, l'UE a suspendu toutes les négociations sur des accords sectoriels, ce qui touche l'électricité, la sécurité alimentaire, mais aussi la santé publique. Fin mai, les sociétés de technologie médicale suisse risquent de perdre la reconnaissance de l'équivalence de leurs dispositifs. «Les départements de l'économie et de l'intérieur travaillent déjà à un plan B à ce sujet.»

La stratégie du Conseil fédéral vise aussi une politique européenne cohérente avec une meilleure coordination des différents dossiers. Le gouvernement veut par ailleurs assurer ses relations avec le Royaume-Uni via l'approfondissement de la stratégie dite «Mind the gap».

Face aux puissants

Dans un contexte plus marqué par la politique de pouvoir et l'unilatéralisme, la stratégie prévoit huit pays prioritaires. Ainsi au menu la poursuite d'un dialogue politique «à la fois critique et constructif» avec la Russie et la Turquie. Ou le renouvellement de la stratégie concernant la Chine avec des organes de coordination interdépartementale assurant une plus grande cohérence.

La Suisse ne compte pas pour autant négliger le multilatéralisme. En tête de la priorité paix et sécurité figure la candidature de la Suisse à un siège non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU pour la période 2023-2024 qui devrait être formalisée cet été à New York. La présidence du réseau «Femmes, paix et sécurité», prévue en 2021, doit renforcer le rôle des femmes dans la politique de paix et de sécurité.

Interrogé sur le plan américain pour résoudre le conflit israélo-palestinien, M. Cassis a refusé de le juger avant d'avoir étudié le plan. Mais selon lui, «le plan est mort si les deux parties concernées ne s'asseyent pas autour d'une table». La Suisse a déjà offert ses bons offices. Sa propre stratégie concernant le Proche Orient devrait être prête au second semestre 2020.

Pour maintenir sa prospérité, la Suisse s'efforcera aussi bien de lutter contre la pauvreté sévère à l'étranger que de renforcer une architecture commerciale, financière et monétaire stable – ce qui passe par la consolidation de la voie bilatérale avec l'UE. La durabilité sera d'abord servie par la mise en oeuvre de l'Agenda 2030.

Priorité numérique

La Suisse devra par ailleurs se profiler dans les efforts internationaux visant à assurer la gouvernance numérique. Genève doit devenir un pôle incontournable en la matière grâce au renforcement des forums existants, comme la Geneva Internet Platform, la fondation GESDA ou le Geneva Dialogue.

Le service public assuré à l'étranger via les représentations consulaires est de plus en plus sollicité avec des Suisses voyageant deux fois et demie de plus que la moyenne européenne. Les possibilités offertes par la numérisation doivent faciliter les choses.

La stratégie doit renforcer la cohérence, l'efficacité et la crédibilité de la politique extérieure. Publiée à un rythme quadriennal depuis 2011, elle a pour la première fois été élaborée dans le cadre d'un large processus interdépartemental. Tous les départements ont eu leur mot à dire, la politique étrangère n'est pas un monopole du DFAE, a relevé M.Cassis.

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