Orthographe rectifiée Les députés vaudois font de la résistance

gsi, ats

7.2.2023 - 17:00

Le Grand Conseil vaudois souhaite enrayer l'enseignement de l'orthographe rectifiée à l'école. Sa majorité de droite a renvoyé au Conseil d'Etat un postulat demandant un moratoire sur cette réforme.

La majorité de droite du Grand Conseil vaudois veut un moratoire sur l'enseignement de l'orthographe rectifiée à l'école (archives).
La majorité de droite du Grand Conseil vaudois veut un moratoire sur l'enseignement de l'orthographe rectifiée à l'école (archives).
ATS

Keystone-SDA, gsi, ats

Celle-ci, annoncée en 2021 par la Conférence latine des directeurs de l'instruction publique (CIIP), prévoit que les manuels scolaires romands soient modifiés selon les règles de l'orthographe rectifiée, et ce dès la prochaine rentrée.

Cette réforme, qui a suscité de vives réactions à travers la Suisse romande, avait déjà agité plusieurs fois le Parlement vaudois ces derniers mois. Mardi, c'est un postulat de Florence Bettschart Narbel (PLR) qui a encore occupé les députés.

Reconnaissant sa «ténacité» sur le sujet, la postulante a rappelé vouloir «défendre la richesse» de la langue française et «résister au modernisme ambiant». Elle a ajouté ne pas comprendre ce souci de simplification de la langue, alors que la réforme maintient plusieurs exceptions.

Elle a encore dit regretter un dossier «mal emmanché», sachant que la Commission interparlementaire de contrôle de la Convention scolaire romande n'a pas été consultée.

Réforme marginale

Plusieurs députés de gauche ont pris la parole pour s'opposer à ce postulat, arguant notamment que la langue française évoluait et que certaines simplifications étaient bienvenues.

Ils ont rappelé que la France ou la Belgique enseignaient déjà cette orthographe rectifiée. Une réforme d'ailleurs très marginale puisqu'elle concerne uniquement 0,4% des mots.

Ils ont encore souligné que les deux graphies – traditionelle et rectifiée – resteraient admises. Le seul changement concernera l'enseignement, puisque c'est l'orthographe rectifiée qui serait désormais transmise aux écoliers.

Ministre pas entendu

De son côté, le conseiller d'Etat Frédéric Borloz a reconnu qu'avant d'entrer au gouvernement, il était plutôt opposé à cette réforme. Désormais ministre en charge de l'enseignement, il a toutefois appelé les députés à faire preuve de «pragmatisme».

«Est-ce bien raisonnable de vouloir faire cavalier seul au milieu de cet océan francophone?», a-t-il demandé. Soulignant que «les références» en matière d'orthographe avaient changé, il est inévitable de «s'adapter», a-t-il affirmé.

Le ministre PLR n'a toutefois pas réussi à convaincre la droite de l'hémicycle qui a fait bloc pour accepter le postulat par 71 voix, contre 67 pour son classement et une abstention. Il revient désormais au Conseil d'Etat de se saisir de ce postulat et, comme demandé, d'envisager la possibilité d'un moratoire.

Comme à Genève

Le vote des députés vaudois suit celui de leurs homologues genevois, où la majorité de droite du Grand Conseil continue également de faire barrage à l'orthographe rectifiée. Au sein des autres parlements romands, les différents textes déposés ont fini par être classés dans les cantons de Neuchâtel, du Valais et du Jura. Fribourg n'a pas dû se pencher sur la question.

Annoncé en 2021 par la CIPP, l'enseignement de l'orthographe rectifiée dans les écoles romandes était initialement prévu dès la prochaine rentrée, mais la question se pose désormais avec le blocage valdo-genevois.

Pour mémoire, la réforme reprend des changements recommandés dès 1990 par le Conseil supérieur de la langue française, puis validés par l'Académie française. Parmi les exemples régulièrement cités de cette réforme, oignon devient ognon, piqure perd son circonflexe et piquenique ne forme plus qu'un seul mot.