Médecine Pour des équipes chirurgicales moins tendues

ATS

12.12.2019 - 20:04

La moitié des opérations se sont déroulées sans qu’aucun moment de tension ne soit observé, et en règle générale, ceux-ci restent temporaires, selon cette étude (archives).
La moitié des opérations se sont déroulées sans qu’aucun moment de tension ne soit observé, et en règle générale, ceux-ci restent temporaires, selon cette étude (archives).
Source: KEYSTONE/GAETAN BALLY

Lors d’interventions chirurgicales, le manque de coordination de l’équipe, générant de l’agacement et des paroles déplacées, constitue le premier facteur de tension. C’est le constat d’une étude des universités de Neuchâtel et de Berne publiée dans la revue PLoS One.

L’objectif de l’étude était de mieux connaître les facteurs déclenchant des tensions en salle d’opération qui se manifestent par de la colère ou de l’agacement, dans les paroles ou dans le ton employés, a indiqué jeudi l'Université de Neuchâtel (UniNE) dans un communiqué.

L’équipe de recherche a relevé 340 épisodes de tension sur 137 opérations chirurgicales étudiées, totalisant quelque 500 heures d’interventions. La majorité des manifestations étaient exprimées par le chirurgien en charge de l’opération et visaient d’autres chirurgiens moins expérimentés ou l’instrumentiste.

«Les éléments déclencheurs les plus fréquemment observés sont des difficultés de coordination venant entraver le déroulement efficace et rapide de l’opération», relève Sandra Keller, première auteure de l’étude et chercheuse à l’Hôpital de l’Île à Berne, anciennement à l’Institut de psychologie du travail et des organisations de l’UniNE.

Bon déroulement de l'opération

Contrairement à ce qui est souvent mis en avant, ce ne sont pas des divergences sur la manière d’opérer, ou la présence d’une personnalité peu commode ou encore des différends interpersonnels qui génèrent les tensions, mais bien des impressions d’entrave au bon déroulement de l’opération.

«Parmi ces facteurs déclenchants figurent des instruments transmis au chirurgien de manière inadéquate ou un assistant qui masque la vision du chirurgien avec ses instruments», illustre Sandra Keller, citée dans le communiqué. «Dans une moindre mesure, des facteurs perturbant la concentration de l’équipe, tels que des retards pour obtenir un appareil ou du bruit dans la salle, représentent une autre source de tension», dit-elle.

L'étude montre aussi qu’au niveau de leur formation, les membres des équipes du bloc opératoire sont sur la même longueur d’onde quant aux procédures à suivre. «En cas de divergences, celles-ci sont résolues globalement très calmement et très professionnellement», poursuit la chercheuse.

Par ailleurs, la moitié des opérations se sont déroulées sans qu’aucun moment de tension ne soit observé. En règle générale, ceux-ci restent temporaires, relève encore l’étude.

Pas une attaque personnelle

On assiste en outre souvent à une sorte de «réparation», au plus tard vers la fin de l’intervention. Ainsi, un chirurgien ayant montré des signes d’impatience envers les autres membres de l’équipe prendra le temps de les remercier chaleureusement pour leur travail.

Les tensions ne sont donc pas à interpréter comme des attaques personnelles à l’égard des membres d’une équipe. Elles manifestent la plupart du temps simplement une frustration par rapport au déroulement imparfait de l’intervention.

«Voilà pourquoi des stratégies alternatives d’expression du mécontentement ou de régulation des émotions doivent être mises en place et entraînées. Et cela dans le but d’entretenir une culture respectueuse de chaque membre de l’équipe chirurgicale», conclut Sandra Keller. Ces travaux ont bénéficié du soutien du Fonds national suisse (FNS).

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