Justice Pour la défense, Pierre Maudet a fauté car il a menti

za, ats

18.2.2021 - 16:52

Les avocats de Pierre Maudet ont plaidé l'acquittement jeudi devant le Tribunal de police de Genève. Le conseiller d'Etat est accusé d'acceptation d'un avantage pour son voyage en famille à Abu Dhabi en 2015 et pour avoir reçu le financement d'un sondage.

Les avocats de Pierre Maudet ont plaidé l'acquittement jeudi devant le Tribunal de police de Genève.
Les avocats de Pierre Maudet ont plaidé l'acquittement jeudi devant le Tribunal de police de Genève.
KEYSTONE

«Peut-être qu'il n'y aurait pas eu d'affaire s'il n'y avait pas eu de mensonge», a déclaré Yaël Hayat au quatrième jour du procès. Pour l'avocate, ce mensonge ne date pas du voyage, mais du moment où les médias ont commencé à s'y intéresser, en 2016. Le conseiller d'Etat, connu pour sa «droiture, son intégrité», a alors choisi de protéger sa famille. Une faute qui le rend «plus humain», selon elle.

Me Grégoire Mangeat a ensuite entrepris de démonter l'accusation liée au séjour estimé à 50'000 francs et pris en charge par l'Emirat d'Abu Dhabi. «Pierre Maudet n'est pas le premier conseiller d'Etat en exercice à être jugé en Suisse. Mais c'est la première fois qu'un Ministère public demande à un tribunal de juger qu'une invitation officielle d'un Etat souverain n'est pas une invitation officielle», a-t-il critiqué.

Défendre son canton

Selon l'avocat, le magistrat a été invité «comme des centaines d'autres VIP» au Grand Prix de Formule 1, une vitrine de la puissance de l'Emirat, en raison de son statut. En outre, il n'y a aucun lien entre ce voyage et une prétendue coopération policière, les échanges à ce sujet n'ont été, pour M. Maudet, qu'un prétexte pour rétablir la confiance et faire revenir les Emiriens à Genève.

De fait, le conseiller d'Etat a toujours cherché à défendre son canton. «Pierre Maudet considère que tout est bon pour que Genève existe», a relevé l'avocat, soulignant son engagement dans ce sens depuis quatorze ans, à la Ville puis au canton. Mais à l'heure de l'acquittement, il faudra quand même le blâmer: «Il est en grande partie responsable de sa chute.»

Le magistrat est aussi accusé d'avoir accepté 34'000 francs de sociétés de Magid Khoury pour financer un sondage en 2017. Selon Me Fanny Margairaz, ce sondage sur les préoccupations des Genevois s'inscrivait dans le cadre de la campagne électorale de 2018. Il s'agissait donc d'un financement politique légal, similaire à celui du directeur de Manotel qui a fait l'objet d'une ordonnance de classement partiel par le Parquet.

«Soutenir son action»

Jeudi matin, les avocats de Magid Khoury ont aussi plaidé l'acquittement. Pour Marc Hassberger, l'entrepreneur a simplement voulu aider Genève en tentant d'obtenir une invitation officielle pour M. Maudet au Grand Prix. Il a contacté son oncle à Abu Dhabi, sans garantie. «Son intervention était nécessaire, mais pas suffisante pour ce voyage», a-t-il souligné, précisant qu'elle ne visait que le magistrat, pas sa famille ni son ex-chef de cabinet.

Par la suite, l'homme d'affaires n'a pas cherché à se rapprocher du magistrat ni à l'influencer, a relevé Me Hassberger. Un avis partagé par Me Guillaume Vodoz par rapport au financement du sondage: «Magid Khoury a toujours dit qu'il s'agissait de soutenir son action politique.»

Au terme de ces quatre jours d'audience, seul Pierre Maudet a souhaité s'exprimer. «En tant qu'homme, je ne renie pas ma faute face à ceux qui ont été blessés et touchés. Je réitère mes excuses. En tant que conseiller d'Etat, je confirme que la parole que j'ai donnée aux Genevois a toujours été en direction du service et de l'ouverture de la République», a déclaré le candidat à sa réélection le 7 mars. Le verdict sera rendu lundi, à 17h30.

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