Selon la presseLe «oui» à Frontex marque l'attachement à Schengen
ats
16.5.2022 - 04:13
Sept Suisses sur dix ont dit «oui» dimanche à un soutien renforcé de Berne à Frontex. Pour la presse, ce vote marque avant tout l'attachement à Schengen. Il n'est en revanche pas un blanc-seing à l'institution européenne, qui devra se réformer.
ats
16.05.2022, 04:13
16.05.2022, 06:12
ATS
Le vote sur Frontex montre que les Suisses sont attachés à l'espace Schengen, dont la Suisse risquait d'être exclue en cas de refus. Un tel scénario a sans doute effrayé de nombreux citoyens au moment de glisser leur bulletin dans l'urne, écrit La Liberté.
La population sait qu'elle doit à cet accord la liberté de voyage à l'intérieur de l'espace européen et la sécurité. Le risque de perdre Schengen était donc trop grand, soulignent également 24 Heures et la Tribune de Genève. Le peuple n'a pas voulu «prendre le risque que la Suisse soit exclue de cette collaboration cruciale, sur un enjeu aussi global que la migration», abonde le Temps.
L'Europe qui protège
Le Courrier, qui déplore le «oui à la forteresse Europe», note pour sa part que «la propagande gouvernementale a porté. Le Conseil fédéral a usé et abusé d'un stratagème consistant à amalgamer de façon mensongère Frontex et l'espace Schengen».
Seule consolation pour le journal lémanique, ce vote est «un désaveux de l'extrême droite udéciste qui combattait Frontex au nom d'un repli identitaire sur le réduit national». Et d'ajouter que ce vote est aussi celui d'un rapprochement avec l'UE.
«L'Europe qui protège n'est pas impopulaire», constate le Blick romand. Il met toutefois en garde ceux qui aimeraient voir dans «cette victoire du «oui» à une question de coopération avec l'Union européenne un domino du puzzle institutionnel», en soulignant que le vote de dimanche était avant tout un vote d'efficacité.
Et de conclure que la leçon des urnes est claire: «pour être approuvé demain ou après-demain, un futur accord institutionnel avec l'UE devra, avant tout, démontrer qu'il protège la Suisse».
Réformes nécessaires
Si les Suisses ont massivement voté en faveur du renforcement de Frontex, les besoins de réforme de l'institution n'en demeurent pas moins. Même s'ils l'ont fait de manière trop virulente en affirmant que «Frontex tue», les référendaires ont «mis le doigt sur des critiques justifiées faites à une agence européenne dont le budget a grandi de manière exponentielle», relève le Temps. Et d'ajouter que la Suisse se doit désormais de participer à la réforme de Frontex.
La Liberté souligne également la nécessité pour l'institution de «se réformer en profondeur pour retrouver sa crédibilité». Le journal fribourgeois insiste, lui aussi, sur le rôle de la Suisse, «à qui il incombe à présent d'assumer ses responsabilités en jouant un rôle clair en la matière».
Le Courrier espère pour sa part que les promesses du Conseil fédéral, qui a assuré que le soutien à Frontex se doublera d'une volonté de réforme, «ne resteront pas lettre morte».
Outre les besoins de réformes, 24 Heures et la Tribune de Genève relèvent un «malaise institutionnel» que ce vote ne saurait cacher: «la Suisse doit allonger l'argent pour faire fonctionner Frontex, mais le souverain ne peut exprimer de critiques sans risquer de préjudice. C'est un problème».
«Un signal clair»
Outre-Sarine, le Tages-Anzeiger pointe du doigt la malhonnêteté de la gauche qui «a dit non en espérant que le oui l'emporte». Il ajoute que l'ampleur de l'approbation des Suisses peut surprendre, d'autant plus que des malversations de l'agence européenne ont été révélées en pleine campagne. La majorité des votants semble avoir accordé plus d'importance au risque d'exclusion de la Suisse de l'espace Schengen, conclut-il.
«La Suisse envoie un signal clair en matière de politique de sécurité», estime la NZZ. Et d'ajouter que «Frontex n'est pas synonyme d'une prétendue forteresse Europe avec des chiens de garde inhumains». Son développement renforce la protection des droits de l'homme à la frontière extérieure de l'UE. Au vu des erreurs passées, Frontex doit cependant s'améliorer et le «oui» des Suisses est aussi «un mandat pour y regarder de plus près».
Pour le Blick, il est juste que la Suisse participe au développement de Frontex si elle veut profiter de la libre circulation et de la sécurité offertes par Schengen. Mais plus Frontex s'agrandit et son budget prend l'ascenseur, plus sa responsabilité augmente, ajoute-t-il.