Critique Un artiste romand sur deux a peur de devoir jeter l'éponge

bu, ats

10.2.2021 - 11:44

Un an après le début de la pandémie, près de la moitié des acteurs culturels romands (43%) craignent de devoir changer de profession à cause de leurs difficultés financières. C'est ce que révèle un sondage, publié mercredi par la Task Force Culture Romande.

Un an après le début de la pandémie, près de la moitié des acteurs culturels romands (43%) craignent de devoir changer de profession à cause de leurs difficultés financières.
Un an après le début de la pandémie, près de la moitié des acteurs culturels romands (43%) craignent de devoir changer de profession à cause de leurs difficultés financières.
KEYSTONE

Le personnel technique (58%) se sent encore plus menacé que les artistes (41%) d'être obligé de changer d'activité après le Covid, peut-on lire dans le sondage. Celui-ci a été mené auprès de 513 personnes et 270 associations, institutions, et entreprises du secteur culturel romand, entre la mi-décembre 2020 et la fin janvier 2021.

«On voit bien la dichotomie entre un soutien financier important de la Confédération à fonds perdus et le fait que ces aides sur le terrain n'arrivent pas», souligne Anne Papilloud, secrétaire générale du syndicat suisse romand du spectacle (SSRS). Elle a réalisé ce sondage avec Stéphane Morey, de l'association romande de la production audiovisuelle (Aropa).

Selon elle, la façon dont le mécanisme a été mis en place n'atteint pas le but qui était fixé. «C'est pour cela que nous sommes pour le modèle défendu par Zurich avec des aides financières beaucoup plus simples, qui arrivent directement aux acteurs culturels.»

Salariés pas épargnés

La majorité des personnes qui ont répondu à ce sondage sont des salariés. Alors que ce sont les indépendants (55%) qui sont le plus touchés par les effets de la crise, on peut se demander la raison pour laquelle les salariés (34%) souffrent autant malgré la diversité des aides.

«Ce n'est pas aussi simple que cela et c'est justement un des intérêts de ce sondage, explique Anne Papilloud. Dans l'idéal, tout le processus mis en place par l'Office fédéral de la culture, les cantons et les communes fonctionne bien. Dans la réalité, beaucoup de lieux qui ont acheté des spectacles n'ont pas pu maintenir les contrats», poursuit-elle.

«Si les lieux sont des entités communales, comme l'Octogone de Pully ou le Théâtre Benno Besson à Yverdon, ils n'ont pas eu la possibilité de payer pour quelque chose qui n'a pas eu lieu. Les contrats ont été annulés.»

Dans d'autres cas, les employeurs sont des compagnies indépendantes ou des entreprises de prestations de services actives dans le secteur technique et l'événementiel. «Quand les employeurs sont en difficulté et ne touchent que 80% de leurs pertes, cela se répercute sur les employés.»

Peu recours à Suisseculture sociale

Peu d'artistes romands ont eu recours à Suisseculture sociale, le fonds social pour les artistes, soutenu par l'Office fédéral de la culture. «Cela vient sans doute du fait que ses standards ne sont pas loin de ceux de la Conférence suisse des institutions d'action sociale (CSIAS), c'est-à-dire de l'aide sociale. Comme les critères sont très bas, beaucoup d'artistes se sont retrouvés en difficulté financière sans pour autant répondre aux critères de Suisseculture sociale.

Parmi les expédients trouvés, la moitié des institutions et des acteurs culturels ont pioché dans les réserves ou les économies personnelles. Et un sur cinq s'est appuyé sur un emploi complémentaire.

Au total, près d'une entreprise culturelle (46%) sur deux considère sa situation financière de sérieuse à catastrophique et presque autant (47%) d'acteurs culturels estiment leur situation financière de mauvaise à catastrophique.

Les entreprises subventionnées s'en tirent sans surprise mieux que les indépendantes. Ces dernières sans subvention (69%) évaluent leur situation de sérieuse à catastrophique. Et parmi celles qui souffrent le moins, subventionnées à hauteur de 60 à 80%, 37% d'entre elles voient leur situation de sérieuse à catastrophique.

Au-delà de ces chiffres, l'effet de la crise sur le moral des acteurs culturels est palpable onze mois après la première annonce de fermeture des lieux culturels, souligne Anne Papilloud.

Sondage

Les réponses proviennent des six cantons romands et de Berne, en majorité des cantons de Vaud et Genève ainsi que des milieux du théâtre, de la musique et de l'audiovisuel.

Parmi les acteurs culturels qui ont répondu, la moitié est salariée, le quart indépendant et près d'un sur cinq les deux. Du côté des entreprises culturelles qui ont participé au sondage, la grande majorité sont des associations.

Task Force Culture Romande rassemble neuf syndicats ou associations d'artistes.

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