ONU Premier succès pour la Suisse au Conseil de sécurité sur la Syrie

sn, ats

9.1.2023 - 22:46

La Suisse obtient un premier succès comme membre du Conseil de sécurité de l'ONU. «Porte-plume» d'une résolution sur la thématique difficile de l'aide humanitaire transfrontalière à la Syrie, elle a réussi à faire approuver lundi celle-ci.

«Le vote d'aujourd'hui est un soulagement pour la population syrienne», a insisté l'ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield, qualifiant cette résolution de «strict minimum». 
«Le vote d'aujourd'hui est un soulagement pour la population syrienne», a insisté l'ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield, qualifiant cette résolution de «strict minimum». 
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Depuis début janvier, la Suisse est responsable de ce dossier au Conseil avec le Brésil, l'une de ses principales tâches comme membre non permanent de l'organe exécutif onusien. Le projet de résolution a été approuvé à l'unanimité pour une extension de six mois du dispositif qui expirait mardi.

Certains membres toutefois, comme les Etats-Unis ou le Japon qui préside actuellement le Conseil, auraient souhaité une période plus longue. Inacceptable pour Moscou qui s'était déjà opposée en juillet dernier à une fenêtre plus importante.

Une assistance pourra continuer à être acheminée dans le nord-ouest de la Syrie. Ces dernières années, cette question avait provoqué d'importantes tensions entre plusieurs pays et la Russie devant l'instance onusienne.

La Russie souhaite que l'aide transite exclusivement par les régions sous contrôle du régime et non par le point de passage qui assure plus de 80% des besoins de la population des zones djihadistes. Le vote de lundi «ne change pas notre position de principe sur le mécanisme», a affirmé l'ambassadeur russe Vassili Nebenzia, cité par l'AFP.

«Le vote d'aujourd'hui est un soulagement pour la population syrienne», a insisté l'ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield, qualifiant cette résolution de «strict minimum». Davantage aurait pu être fait, selon elle.

Tensions avec Moscou

Plus de 4 millions de personnes dépendent de l'aide dans ces territoires sous contrôle de groupes djihadistes et rebelles dans la province d'Idleb, dont près de 3 millions de déplacés. Chaque mois, le mécanisme transfrontalier permet à environ 800 camions de distribuer une assistance depuis la Turquie.

Nourriture, éducation ou encore santé sont garanties grâce à cet effort. Pour la Suisse, cette question est importante. Elle a elle-même débloqué notamment une enveloppe de plus de 600 millions de francs en près de 12 ans de conflit pour l'aide à la Syrie.

Lundi, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a salué cette prolongation, selon une déclaration publiée par son porte-parole Stéphane Dujarric. «Les besoins humanitaires ont atteint leurs niveaux les plus élevés» depuis le début du conflit, estime-t-il, appelant à étendre les mécanismes humanitaires et à élargir les activités pour investir dans la reconstruction du pays.

Demande lancée par les ONG

Sept patrons et patronnes d'agences onusiennes avaient demandé il y a quelques jours une prolongation du mécanisme dans une déclaration commune. Parmi eux figuraient notamment le chef des affaires humanitaires Martin Griffiths ou aussi le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Et les ONG appelaient également à une reconduction du dispositif. La Russie et la Chine ont déjà contraint l'ONU à fermer trois corridors d'aide au cours des trois dernières années, a rappelé Amnesty international (AI). Un blocage aurait constitué un «acte honteux» avec les températures froides actuellement dans le nord-ouest du pays, dit-elle.

Depuis le début du conflit, des centaines de personnes ont été tuées. Des millions d'autres sont toujours réfugiées. Plus de 15 millions de Syriens ont besoin d'une assistance humanitaire, selon l'ONU.