Affaire RavenelPrésident du Parlement vaudois mis en cause
ATS
7.1.2020 - 17:30
Le président du Grand Conseil vaudois Yves Ravenel a été condamné pour menaces sur son épouse, dans le cadre d'un divorce. La nouvelle a surpris ou choqué au Parlement, où la gauche a appelé à la démission de l'élu.
Yves Ravenel a été condamné pour menaces qualifiées et tentative de menaces qualifiées. Il a écopé le 21 août dernier de 60 jours-amende à 80 francs avec sursis pendant deux ans, ainsi que d'une amende de 960 francs, a indiqué mardi à Keystone-ATS son avocat Me Alain Thévenaz, confirmant une information de «20 Minutes».
L'élu UDC avait fait opposition à cette condamnation et un procès était agendé au 23 janvier. Mais lundi, alors que le programme des audiences venait d'être envoyé à la presse, il a retiré son opposition, de sorte que l'ordonnance pénale peut entrer en force.
Divorce compliqué
L'affaire à pour toile de fond une procédure de divorce qui dure, «avec une promiscuité pas très saine», le couple résidant dans des maisons voisines, explique Me Thévenaz. «Des petits faits ont créé des tensions», comme lorsqu'en janvier 2019, Monsieur a cassé les guirlandes lumineuses du jardin de Madame – car elles le gênaient la nuit – et a lancé un balai dans sa direction – ou non, ceci est contesté.
La justice a aussi retenu un épisode antérieur de menaces orales. L'épouse parle de menaces de mort, ce que l'intéressé conteste, explique en substance l'homme de loi, qui affirme qu'il n'y a jamais eu de violences physiques.
Contactée, la procureure en charge du dossier, Marjorie Moret, n'a donné aucune information. Il faudra venir sur place consulter la décision par écrit, lorsqu'elle sera entrée en force, en fin de semaine ou la semaine prochaine, a-t-elle déclaré.
Un choc au Grand Conseil
La nouvelle a fait l'effet d'une bombe au Grand Conseil vaudois qu'Yves Ravenel devait présider mardi après-midi. Devant les remous soulevés, il a renoncé à diriger les débats et a laissé sa place à la vice-présidente, une «décision motivée par le souci de conduire les débats dans un esprit serein», a indiqué le Parlement.
Avant la séance, reportée en milieu d'après-midi, Yves Ravenel a rencontré tour à tour les groupes politiques du Grand Conseil. A l'exception des socialistes et de la gauche radicale (Ensemble à Gauche et POP), qui ne l'ont pas souhaité.
Incompatible
Dans la foulée, les socialistes, les Verts et la gauche radicale ont appelé à la démission de l'intéressé, estimant que cette condamnation était clairement incompatible avec son rôle de premier citoyen. Comme aucune procédure de destitution n'est envisageable, les trois groupes l'ont invité «à prendre ses responsabilités».
Le PLR n'appelle pas à une démission, mais il l'invite à jouer cartes sur table et à montrer l'ordonnance de condamnation. «Il nous a présenté sa version avec beaucoup de courage, de force, mais on ne peut pas s'en tenir à sa seule parole», a dit Marc-Olivier Buffat. «S'il ne le veut pas, pour protéger ses enfants, ce qui est son droit, il devra en tirer les conclusions», a-t-il ajouté.
Lynchage médiatique
Sollicité de tous côtés, Philippe Jobin, chef du groupe UDC, a dénoncé le «lynchage médiatique» de son «ami», qui est «blessé». «On est en train d'assassiner un homme qui a voulu bien faire. Dans tous les divorces, il y a des torts des deux côtés, a-t-il déclaré.
Le groupe a apporté son soutien à Yves Ravenel, élu à la présidence début juillet 2019. Des discussions doivent encore avoir lieu avec lui et il lui appartiendra, ensuite, de démissionner ou non. Philippe Jobin a reconnu qu'il n'était pas au courant que M. Ravenel était au centre d'une «affaire en cours de cet acabit».
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