Réouverture progressiveRéouverture progressive: les arts vivants toujours au tapis
bu, ats
24.2.2021 - 16:43
Les musées et les salles de lecture rouvrent le 1er mars comme l'avait déjà annoncé le Conseil fédéral la semaine dernière. Par contre, les perspectives restent floues pour les cinémas, les théâtres, les compagnies de danse et les salles de concert, dont une ouverture partielle pourrait se profiler dès le 22 mars.
La prochaine étape de l’assouplissement est prévue le 22 mars, avec une consultation des cantons dès le 12 mars et une décision du Conseil fédéral une semaine plus tard. Elle concernera entre autres les manifestations culturelles accueillant du public dans un cadre restreint, peut-on lire dans les communiqués du Conseil fédéral mercredi.
Après avoir annoncé la date du 1er avril la semaine dernière, Berne fait miroiter au milieu culturel une réouverture une dizaine de jours plus tôt.
«C'est très symbolique: on nous donne un petit quelque chose, mais dans les faits, il n'y a pas grand-chose qui bouge», a déclaré David Michaud de Sonart, l'association suisse de musique, qui représente les musiciens indépendants tous styles confondus, à Keystone-ATS.
Besoin de vision
«L’ensemble du milieu professionnel a besoin d’une vision pour planifier les étapes de réouverture», souligne-t-il comme la Taskforce Culture romande, dont fait partie Sonart. «Il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton 'ouvert' ou 'fermé': il faut du temps pour anticiper les ouvertures, préparer ses équipes, planifier, organiser.»
La Tasforce estime que le Conseil fédéral reste sourd aux appels des cantons et des secteurs de la culture et des loisirs. Une ouverture avancée au 22 mars, mais soumise à de nombreuses conditions, ne permet pas aux salles et aux festivals de véritablement se préparer à un redémarrage. «On verra aussi à quelles conditions on pourra rouvrir», poursuit David Michaud.
Les jauges doivent être définies selon les conditions propres à chaque lieu, écrit l'association les professionnel·le·s du spectacle suisse, qui représente les intérêts des acteurs et actrices du théâtre indépendant en Suisse. Une demande à laquelle souscrivent la plupart des interlocuteurs contactés mercredi.
Danger sanitaire minime
Pourtant le danger sanitaire semble minime. De nombreuses études parviennent à la même conclusion: «les risques de contamination ainsi que la transmission du coronavirus lors de représentations où les spectateur·trice·s sont assis et portent un masque sont minimes», souligne encore cette organisation.
Les théâtres et les restaurants ont les mêmes perspectives de réouverture le 22 mars. Ce qui évite à Thierry Loup, à la tête de deux théâtres à Fribourg, Equilibre et Nuithonie, de s'énerver. «Si les théâtres et les restaurants avaient été traités d'une manière différente, cela aurait été incompréhensible, explique l'homme, également co-directeur de la Fédération romande des arts de la scène (Fras), qui est membre de l'Union de théâtre suisse. Nous ne sommes pas une variable d'ajustement».
«Nous plaidons pour une réouverture le plus rapidement possible, mais sans effet yoyo. Rien ne sert de rouvrir s'il faut fermer peu de temps après, poursuit-il. On doit vivre avec ce virus: on ne va pas pouvoir arrêter la société de fonctionner tous les deux mois».
Il plaide aussi pour une meilleure coordination dans le secteur culturel entre les cantons romands: «Le canton de Vaud autorise par exemple les spectacles de théâtre pour les scolaires mais pas celui de Fribourg, alors que l'ordonnance fédérale est la même.»
Quant à recourir à un passeport vaccinal, Thierry Loup souligne que le sujet n'a pas encore été discuté au sein de la Fras: «Mais à titre personnel, je n'y suis pas favorable».
Joie discrète des musées
Seul secteur à tirer son épingle du jeu, les musées ont la joie discrète. Après des mois de fermeture, David Lemaire, conservateur du Musée des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds NE est heureux de pouvoir rouvrir, dit-il. Ce musée a fait beaucoup parler de lui pendant le confinement en lançant un accueil d'artistes dans ses salles d'exposition, une quarantaine au total.
Cette idée a même séduit le Musée Jenisch à Vevey, «qui a eu l'élégance de me contacter». A la Chaux-de-Fonds, l'expérience a été jugée si positive qu'elle va se poursuivre avec des résidences plus longues, passant d'une semaine à un mois. La ville met aussi désormais un appartement à disposition de l'artiste accueilli, dont la prochaine Caroline Tschumi prendra ses quartiers le 2 mars.
«Comme nous sommes les seuls acteurs culturels à pouvoir rouvrir, nous allons maintenir cette attitude d'accueil avec nos paires, nos collègues», a relevé David Lemaire. Il pense par exemple confier le travail de médiation à des théâtres ou autres compagnies de danse ou de musique.