Genève internationale Raffarin dit la Suisse actrice du 21e siècle

ATS

3.10.2019 - 17:12

L'ancien Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin estime que Genève peut contribuer largement aux défis multilatéraux qui demandent davantage de régulation entre les Etats (archives).
L'ancien Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin estime que Genève peut contribuer largement aux défis multilatéraux qui demandent davantage de régulation entre les Etats (archives).
Source: KEYSTONE/AP/MICHEL EULER

L'ex-premier ministre français Jean-Pierre Raffarin a lancé à Genève une offensive de 18 mois pour le financement de la paix. Face à la politique de M. Trump menant à une bipolarisation avec Pékin, il voit la Suisse en «laboratoire du multilatéralisme du 21e siècle».

Avec les quarante anciens dirigeants membres de son ONG «Leaders pour la paix», le scénario est de «bâtir un projet pour la paix comparable à ce qui est fait sur le climat», a expliqué jeudi l'ancien premier ministre dans un entretien à Keystone-ATS. Au terme de cette période, un mémorandum sur l'impact pour la paix sera remis au secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Une première rencontre avec lui doit avoir lieu en janvier prochain pour en discuter. Jeudi, de premières pistes ont été explorées avec plusieurs dizaines de représentants politiques, économiques, des organisations internationales et de la société civile à Genève. Elles vont de fonds pour la paix à des crédits pour la formation à la médiation, l'entrepreneuriat féminin, l'emploi des jeunes ou la formation des patrons à «l'impératif de paix».

Il manque des financements privés pour la paix, dit M. Raffarin qui appelle tous les acteurs de la société à des efforts. Parmi les participants à la discussion de jeudi, autour de quelques membres des Leaders pour la paix, figuraient notamment l'ancien président de la Confédération Pascal Couchepin ou encore le secrétaire général adjoint du Département genevois du développement économique (DDE), Nicholas Niggli.

Selon M. Raffarin, la Suisse a «un rôle important dans le laboratoire du multilatéralisme du 21e siècle». Des migrations au changement climatique en passant par l'intelligence artificielle, et outre les rapports de force entre Etats, Genève peut permettre de nouvelles régulations et de nouvelles collaborations. A New York, M. Raffarin observe au contraire une «pesanteur politique» et «moins d'enthousiasme».

Donald Trump visé

Et «ce n'est pas la faute de M. Guterres», ajoute-t-il, sans nommer toutefois Donald Trump. Lui qui est considéré comme un grand ami de la Chine ne cache pas le danger d'«une sorte de nouvelle bipolarisation» entre Washington avec Pékin, en raison des tensions commerciales, et ne peut exclure un conflit.

Le président américain «se sert des défauts du multilatéralisme», ajoute l'ancien premier ministre. Certes, le système vieux de plus de 70 ans a des «défauts» mais il faut le relancer en prenant en considération l'Afrique et l'Asie, notamment une Chine plus importante, dit-il.

Le contraire de la large représentativité qu'il a voulu donner à ses «Leaders pour la paix» qui regroupent quasiment toutes les régions du monde et des personnalités comme l'ancien secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.

Pour autant, le problème de la paix est plus large que la guerre commerciale entre Washington et Pékin, insiste-t-il. La menace principale vient d'«une banalisation de la violence» dans toutes les sociétés et de la montée de la radicalisation et d'un certain nombre de tensions.

Réunion attendue en mai prochain à Genève

De son côté, la fondatrice et ancienne présidente de l'Appel de Genève Elisabeth Decrey Warner, seule Suissesse parmi les Leaders pour la paix, a relevé que la présence des organisations internationales, des entreprises du négoce de matières premières et de la finance rendaient Genève pertinente pour lancer cette offensive sur la paix. «Nous avons tous une responsabilité pour la réduction des inégalités», a-t-elle lancé.

Et d'appeler à établir des règles de bonne conduite pour atteindre de possibles «normes impératives». L'investissement peut aussi bien contribuer à résoudre qu'étendre un conflit, selon elle. Elle souhaite aussi une ONU qui ne réponde pas aux besoins de l'économie mais à ceux des populations.

Les Leaders pour la paix se réuniront en mai prochain à Genève pour leur assemblée générale. Une rencontre sera alors peut-être organisée avec les autorités fédérales, selon leur président.

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