VaudRéfection d'une route dangereuse sur la Côte: projet insatisfaisant
sj, ats
6.2.2024 - 12:52
Une fois n'est pas coutume, le Grand Conseil vaudois a refusé mardi d'entrer en matière pour un crédit de rénovation et de sécurisation d'une route cantonale sur la Côte, à la hauteur de Coppet. Les députés ont renvoyé le projet au Conseil d'Etat pour des compléments d'informations voire de nouvelles propositions, plus abouties en matière environnementale et de mobilité douce.
Keystone-SDA, sj, ats
06.02.2024, 12:52
06.02.2024, 13:40
ATS
Le gouvernement demandait un crédit d'ouvrage de 13,048 millions de francs pour financer des travaux d'assainissement et de sécurisation des routes cantonales secondaires entre Chavannes-de-Bogis et Chavannes-des-Bois, sur une longueur de 3,2 kilomètres, parallèles à l'autoroute A1.
Le projet de décret prévoit notamment la réhabilitation de la chaussée fortement dégradée, la correction de la géométrie routière, le renouvellement des canalisations et l'intégration de mesures environnementales telles que la création de passages à faune et de gouilles à amphibiens.
Très fréquentée et état «pitoyable»
Fait rare, la commission chargée d'étudier le dossier a rendu deux rapports, un de majorité et un de minorité. Personne n'a contesté la nécessité d'intervenir sur ce tronçon, qualifié de «route pitoyable et dangereuse» par le député PLR Pierre-André Romanens.
Très fréquentée – 11'250 véhicules dont 250 camions en moyenne par jour -, cette route très utilisée notamment par les frontaliers est trop étroite et endommagée, a rappelé le rapporteur de majorité Pierre-Alain Favrod.
Mais une partie de la commission a estimé que le projet était minimaliste s'agissant de mesures environnementales et de mobilité douce. La protection des batraciens et de manière plus générale contre les accidents entre le trafic et la faune est insuffisante, a résumé la rapporteuse de minorité, la Verte Nathalie Vez. Elle a souhaité au moins une étude d'impact plus fouillée.
Intégrer une piste cyclable
La députée écologiste a aussi relevé qu'aucune voie cyclable n'existait sur ce tronçon et qu'aucune n'était prévue dans le projet. Là aussi, elle a demandé que cette possibilité soit intégrée dans un projet plus abouti en matière de mobilité douce. Ce qui exigerait des mesures sécuritaires supplémentaires comme la réduction de la vitesse sur ce tronçon, limité actuellement à 80 km/h, a souligné Mme Vez.
La minorité de la commission a été suivie par l'ensemble des partis de gauche ainsi que par les Vert'libéraux. Ils ont tous dit qu'ils n'entreraient pas en matière sur ce projet de décret. Le PLR a cherché à désamorcer ce refus en annonçant des amendements dans le sens des préoccupations environnementales et de mobilité douce.
«Projet pas mûr»
La conseillère d'Etat en charge des infrastructures routières, Nuria Gorrite, a elle-même suggéré de suspendre le débat à ce stade. «A vous entendre, le projet n'est pas mûr pour être voté», a -t-elle dit. «Il a manqué la discussion politique, notamment autour de la stratégie vélo, en commission», a reconnu la ministre, évoquant son absence pour maladie lors des discussions.
Au vu des changements substantiels demandés par la minorité de la commission et de plusieurs parlementaires, une motion d'ordre a été largement acceptée en plénum pour renvoyer tout le projet au Conseil d'Etat. Celui-ci devra revenir avec des compléments d'informations et sans doute de nouvelles propositions.
Les travaux auraient dû commencer en 2024 et pour une durée de trois ans. A l'évidence, ils seront repoussés de plusieurs mois, mais pas de plusieurs années, ont espéré certains élus. Mme Gorrite a assuré que ce dossier ne traînerait pas, rappelant toutefois que les délais, les procédures, la planification et le coût seront modifiés.