Tribunal pénal fédéralReprise du procès pour crimes de guerre au Libéria
aula, ats
15.2.2021 - 06:31
Le procès d'un Libérien accusé de crimes de guerre reprend lundi à Bellinzone. Au cours des trois semaines à venir, le Tribunal pénal fédéral doit entendre plusieurs victimes venues du Libéria, puis le réquisitoire et les plaidoiries.
Alieu Kosiah, qui aura 46 ans début mars, commandait un groupe de combattants de l'ULIMO (United Liberation Movement of Liberia for Democracy). Il est accusé de violation des lois de la guerre pour des actes commis entre 1993 et 1995, lors de la première guerre civile au Libéria.
Le Ministère public de la Confédération (MPC) lui reproche le meurtre de 18 civils et de 2 soldats désarmés, commis par lui-même ou par ses hommes, le viol d'une jeune femme ainsi que des actes de torture et d'anthropophagie. L'accusé est présumé innocent.
Victimes absentes en décembre
La Cour des affaires pénales a décidé de scinder le procès et d'entendre les sept plaignants lors de cette deuxième partie. En effet, elle a estimé que ces victimes et témoins ne pouvaient pas être convoqués en décembre dernier en raison de la situation sanitaire. Des interrogatoires à distance avaient été envisagés un temps mais ils n'ont pas pu être organisés.
Au cours de la première audience en décembre, Alieu Kosiah a nié les actes qui lui sont reprochés, parlant d'accusations infondées ou les attribuant à d'autres factions. Il a défendu en revanche l'action de l'ULIMO, créée par l'ethnie des Mandingos, qui était victime de massacres.
Arrêté en 2014
L'accusé est arrivé en Suisse en 1998, après l'élection de Charles Taylor à la présidence du Libéria. Il avait refait sa vie dans le canton de Vaud, où il a été arrêté en novembre 2014 à la suite de son identification par l'association Dignitas Maxima. Alieu Kosiah considère qu'il a été «kidnappé puis séquestré par la Suisse».
L'ancien combattant conteste la légitimité de la procédure menée contre lui: «Il est facile de juger 20 ans après. Les Mandingos étaient tués au Libéria et en Sierra Leone. La Suisse n'est pas venue alors à notre secours», a-t-il lancé en décembre. (cause SK.2019.17)