SécuritéRester dans Frontex bénéficiera aux Suisses comme aux migrants
gd, ats
29.3.2022 - 12:05
En participant à Frontex, Berne renforce sa sécurité et ses relations avec Bruxelles. La Suisse a aussi son mot à dire dans la politique migratoire de l'agence. Un comité interpartis a plaidé mardi pour la hausse de la contribution suisse, soumise au peuple le 15 mai.
Keystone-SDA, gd, ats
29.03.2022, 12:05
29.03.2022, 12:21
ATS
Membre de l'espace Schengen, la Suisse doit prendre ses responsabilités, a lancé Tiana Angelina Moser (PVL/ZH) devant les médias. «Nous ne pouvons pas accepter la liberté de circulation, parce que c'est dans notre intérêt, et laisser les pays situés aux frontières extérieures de Schengen assurer la sécurité.»
Eviter d'aveugler les policiers
Si le peuple refuse d'augmenter la participation helvétique à Frontex, Berne pourrait être exclue de Schengen dans les six mois, a pointé la Zurichoise. Les conséquences seraient lourdes, notamment en matière de sécurité.
Grâce à Schengen, la Suisse a accès à de nombreuses bases de données européennes permettant de mieux lutter contre la criminalité transfrontalière, a souligné Jean-Pierre Grin (UDC/VD). Et le Vaudois de rappeler leur importance dans l'arrestation des bandes lyonnaises s'attaquant à des fourgons blindés en Suisse romande.
«Renoncer à ses bases de données rendra nos polices aveugles et privera nos forces de l'ordre d'informations cruciales», a-t-il dénoncé. Les accords Schengen et Dublin étant liés, la chute de l'un entrainerait aussi la chute de l'autre. Berne serait amenée à réexaminer des demandes d'asile déjà rejetées dans un autre pays européen. Selon Jean-Pierre Grin, les autorités suisses seraient amenées à examiner plus du double des requêtes.
Pertes économiques importantes
L'économie et le tourisme seraient également fortement touchés par une sortie de Schengen. Une étude, réalisée par Ecoplan en 2018, a montré que la PIB serait inférieur de 3,7% en 2030, a souligné Monika Rühl, présidente de la direction d'economiesuisse. «C'est jusqu'à 1600 francs de moins par personne et par an.»
La réinstauration des contrôles aux frontières entrainerait des «embouteillages colossaux», a-t-elle poursuivi. Les régions économiques, comme Bâle ou Genève, en pâtiraient. «Les coûts pourraient atteindre jusqu'à 3,2 milliards de francs par an.» La formation et la recherche perdraient aussi en attractivité. Un professeur asiatique, enseignant temporairement à l'EPFL, ne pourrait plus se rendre aussi facilement en Europe pour un colloque.
«Sans Schengen, la Suisse deviendrait un îlot de visas», a complété Nicolo Paganini (Centre/SG), président de la Fédération suisse du tourisme. Une situation particulièrement problématique pour les touristes venus de pays lointains. Ils devraient se doter d'un visa séparé et pourraient faire l'impasse sur la Suisse lors de leur voyage en Europe. «Les Suisses et les Suissesses devraient eux attendre plus longtemps dans les aéroports.»
«Un non à Frontex affecterait à nouveau nos relations avec nos partenaires européens à un moment peu opportun», a encore souligné Tiana Angelina Moser, rappelant la fragilité des relations Suisse-UE après la rupture des négociations sur l'accord-cadre. «L'avenir des relations bilatérales est loin d'être assuré.»
Influencer la politique migratoire
En lançant leur référendum, les associations de migrants n'ont pas voulu s'en prendre aux relations avec Bruxelles. Elles critiquent avant tout les actions de Frontex, accusée d'assister voire de participer aux push-backs illégaux aux confins de l'Europe. A leurs yeux, la Suisse ne doit pas augmenter de 24 à 61 millions de francs sa participation à une agence qui viole les droits humains.
S'ils reconnaissent un potentiel d'amélioration à Frontex, plusieurs orateurs ont souligné les avancées déjà en vue. «Des experts vont être envoyés sur place pour enquêter sur de tels incidents», a relevé Ida Glanzmann-Hunkeler (Centre/LU). En acceptant le référendum, la protection des frontières sera affaiblie et les trafiquants d'êtres humains et les passeurs seront renforcés.
«L'absence de Schengen n'est pas une solution», a aussi jugé Sanija Aneti, co-présidente d'Opération Libero. Berne ne peut s'engager pour une politique migratoire européenne plus humaine qu'en participant à l'espace Schengen. Le potentiel est là, a-t-elle poursuivi. La crise ukrainienne a montré à quel point la Suisse peut être solidaire et accueillir de nombreuses personnes en fuite.