De 62 à 64 ans? Retraites en France: le débat arrive dans l'arène de l'Assemblée

ATS

6.2.2023 - 16:08

Un hémicycle archicomble et deux motions des oppositions: le débat sur la réforme des retraites est lancé lundi à l'Assemblée nationale pour deux semaines à haut risque, sous la pression des syndicats qui organisent deux nouvelles journées de mobilisation.

Débats sur les retraites: La France Insoumise du député François Ruffin a déposé 20'000 amendements.
Débats sur les retraites: La France Insoumise du député François Ruffin a déposé 20'000 amendements.
ATS

6.2.2023 - 16:08

Le coup d'envoi des débats a été donné à 16h00 ce lundi pour cette bataille autour du report de 62 à 64 ans de l'âge légal de départ, réforme phare du second quinquennat d'Emmanuel Macron, qui ne dispose que d'une majorité relative à l'Assemblée.

Sur les bancs du gouvernement, le ministre du Travail Olivier Dussopt, fragilisé par des soupçons de «favoritisme» dans l'attribution d'un marché public lorsqu'il était maire d'Annonay, sera entouré de collègues de Bercy pour ce texte budgétaire.

«Ce texte est nécessaire, juste, et je suis plus que jamais déterminé à le défendre», déclare le ministre dans Libération lundi, promettant d'être «en pleine forme» pour les débats.

A l'approche de deux journées d'action, mardi et samedi à l'appel de l'intersyndicale, la cheffe du gouvernement Élisabeth Borne a rencontré lundi matin le président de la République, pour leur réunion hebdomadaire. Dimanche, elle a encore rappelé que le recul de l'âge légal représentait «un effort collectif», se disant soucieuse «d'assurer l'avenir de notre système de retraite par répartition».

«Mobilisation massive constatée»

Dans une concession de dernière minute, elle a annoncé que les personnes ayant commencé à travailler entre 20 et 21 ans pourront partir à la retraite à 63 ans, une extension du dispositif carrières longues.

Ce geste sera-t-il suffisant pour obtenir les voix, cruciales, de la droite? Non pour Aurélien Pradié notamment, qui pointe une «tromperie» et demande d'aller plus loin pour ceux ayant commencé à cotiser tôt.

Mais le président du groupe Olivier Marleix lui rétorque lundi dans le Figaro que Les Républicains n'avaient pas «demandé de modifier les règles d'accès aux carrières longues».

«Les enchères commencent à montrer les contradictions des LR», observe une source gouvernementale.

Pour sa part, la patronne des députés RN Marine Le Pen raille une «négociation de marchands de tapis» entre le gouvernement et la droite.

Côté syndicats, l'effort de Mme Borne n'a pas convaincu: une «rustine» qui «n'est pas la réponse» attendue «à la mobilisation massive constatée», dénonce Laurent Berger, patron de la CFDT.

Les journées de mobilisation des 19 et 31 janvier ont déjà réuni chaque fois plus d'un million de manifestants selon la police, plus de deux millions selon les organisateurs.

«On compte sur le fait qu'il y ait des mobilisations pour que les élus de la République prennent en compte l'avis des citoyens», a déclaré sur France 2 le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.

«Projet contre projet»

Alors que les vacances scolaires ont commencé pour la zone A, le trafic sera fortement perturbé mardi à la SNCF et la RATP.

Pour la quatrième journée de mobilisation samedi, début des congés de la zone B, les syndicats de la SNCF ont décidé de ne pas appeler à la grève pour ne pas pénaliser les voyageurs.

En milieu d'après-midi lundi, les députés LFI défendront d'emblée une demande de rejet de l'ensemble de la réforme, «brutale» et «injuste». Le vote sur leur motion pourrait donner quelques sueurs froides au camp présidentiel.

Puis le groupe RN, également contre les 64 ans, portera sa demande de référendum, qui a peu de chances d'être validée.

In extremis, les députés du groupe indépendant Liot ont déposé leur propre demande de référendum, avec des élus de gauche et un LR, Ian Boucard, ont-ils indiqué à l'AFP. Mais elle ne sera soumise à l'Assemblée que si celle du RN ne l'est finalement pas, selon la présidence de l'institution.

20'000 amendements

Les députés s'attelleront ensuite aux quelque 20'000 amendements déposés sur le projet de loi, dont 13'000 par LFI. Mme Borne avait dit espérer «un vrai débat, projet contre projet» plutôt que des «caricatures».

Mais ce flux d'amendements «permet de gérer un peu le tempo, accélérer, ralentir», au lieu de se laisser dicter le rythme, oppose l'Insoumis François Ruffin, qui veut avec la Nupes pouvoir relayer dans l'hémicycle «la vie des gens», «la France du réel».

Si l'Assemblée ne vient pas à bout des amendements d'ici le 17 février minuit, le texte passera au Sénat, du fait du choix de l'exécutif de recourir à un budget rectificatif de la Sécurité sociale.

Ce temps contraint est vivement critiqué par les oppositions, qui comptent néanmoins parvenir à discuter de l'article 7 consacré au report de l'âge de la retraite.

Les autres points chauds du texte se concentrent autour de la situation des femmes, qui pourraient être perdantes avec le recul de l'âge de départ, la pénibilité ou encore l'emploi des seniors.

ATS