Revue de presse Les Suisses offrent leur toit, adhésion à l'OTAN en question

dv, ats

6.3.2022 - 08:19

Le coronavirus a fait place à la guerre en Ukraine. La presse dominicale revient sur les conséquences en Suisse, de l'accueil des réfugiés à l'impact sur la politique sécuritaire du pays. Voici les principales informations, non confirmées à Keystone-ATS:

Dans la presse dominicale, le coronavirus a fait place à la guerre en Ukraine.
Dans la presse dominicale, le coronavirus a fait place à la guerre en Ukraine.
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Keystone-SDA, dv, ats

La Suisse se prépare à accueillir un grand nombre de réfugiés ukrainiens et espère pouvoir compter sur le soutien de privés. La solidarité de la population est énorme, relève la ministre de la justice Karin Keller-Sutter dans la NZZ am Sonntag. Elle explique que la Confédération est en train de monter en puissance dans la planification d'urgence avec les cantons afin d'être prête pour l'arrivée d'un grand nombre d'Ukrainiens.

Il devrait être possible d'héberger chez des particuliers des personnes qui cherchent une protection temporaire, estime-t-elle. Et d'ajouter que cette aide pourrait soulager les autorités. Et l'offre est abondante: des milliers de Suisses se disent prêts à accueillir des Ukrainiens chez eux, rapporte le Matin Dimanche.

«Nous croulons sous les téléphones et nous avons dû engager une secrétaire», explique dans le journal Bernard Huwiler, président de l'association fribourgeoise Osons l'accueil. Au 5 mars, cette dernière avait trouvé 410 places dans 170 familles.

Du côté de Campax, qui travaille surtout en Suisse alémanique, son directeur général indique que jusqu'à vendredi plus de 10'000 personnes se sont signalées auprès de l'organisation pour un total de 32'000 lits, dont entre 3000 et 4000 en Suisse romande.

2 milliards de plus pour l'armée?

Avec la guerre en Ukraine, les appels à augmenter les budgets et équipements militaires se multiplient. La ministre de la défense Viola Amherd est favorable à une augmentation de 2 milliards du budget de l'armée. C'est une option à long terme, indique la Valaisanne dans une interview avec la SonntagsZeitung.

Cette augmentation correspond à une hausse des dépenses annuelles de 40%, détaille-t-elle. Des politiciens du PLR et de l'UDC avaient déjà fait une telle demande ces derniers jours. Ils en précisent désormais les contours, indique la NZZ am Sonntag. Selon le journal, l'UDC veut acheter des gilets pare-balles pour tous les militaires et équiper les avions F-A-18 de munitions pour le combat terrestre. Les chars désaffectés devraient en outre être réactivés.

Le PLR demande pour sa part des armes lourdes et des chars de combat. Les politiciens bourgeois veulent en outre forcer l'acquisition des 36 avions de combat F-35, que l'initiative s'opposant à leur achat aboutisse ou pas, selon le Sonntagsblick. Le Parlement peut autoriser le Conseil fédéral à procéder à l'achat et lui demander de signer le contrat avant une nouvelle votation, indique le conseiller national et président de la commission de sécurité Mauro Tuena (UDC/ZH).

Le président du PLR Thierry Burkhart est pour sa part convaincu que le Parlement ferait bien d'examiner dans quelle mesure cela pourrait se faire par le biais du budget ordinaire de la Confédération et de l'armée. Pour lui, le fait que la gauche s'en tienne à son initiative est une erreur grave en matière de politique de sécurité.

Débat sur l'adhésion de la Suisse à l'OTAN

La guerre en Ukraine ébranle la politique de sécurité suisse et des tabous de longue date sont également sur la table, dont l'adhésion de la Suisse à l'OTAN. «Il ne doit pas y avoir d'interdiction de penser», estime Stefan Holenstein, président de la Confédrence nationale des faîtières militaires, dans la NZZ am Sonntag. «La neutralité armée fait certes partie de l'identité de la Suisse, mais une adhésion à l'OTAN pourrait être avantageuse pour la sécurité de la Suisse», explique-t-il.

Mauro Mantovani, de l'Académie militaire de l'EPFZ, souhaite pour sa part ouvrir le débat sur un rapprochement concret avec l'OTAN. La défense aérienne suisse pourrait par exemple être intégrée dans le système de l'OTAN, illustre-t-il.

Selon la SonntagsZeitung, des politiciens bourgeois et de gauche sont également favorables à une collaboration plus étroite avec l'Europe dans le domaine militaire. «Dans la situation géopolitique actuelle, il ne doit pas y avoir de tabou. Même si la Suisse veut rester indépendante, elle doit intensifier sa collaboration avec l'UE», indique la conseillère nationale Jacqueline de Quattro (PLR/VD).

La conseillère nationale Franzika Roth (PS/SO) demande pour sa part que, dans le cadre des discussions à venir avec l'UE, le Conseil fédéral vise également la signature d'un accord de coopération en matière de politique de sécurité. Selon elle, la nouvelle situation est même une raison de pousser à une adhésion à l'UE.

Aide humanitaire uniquement

La Suisse n'apporte plus qu'une aide humanitaire d'urgence en Ukraine. Toutes les autres activités dans le domaine de la coopération au développement ont dû être arrêtées en raison de l'invasion russe. Le personnel suisse a quitté l'Ukraine, a indiqué un porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères à la SonntagsZeitung.

Depuis les années 1990, la Confédération avait fait de gros efforts pour que l'Ukraine puisse trouver la paix et se développer économiquement et socialement. Après l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, la Suisse avait même renforcé ses efforts. L'Ukraine était dernièrement un pays prioritaire de l'aide suisse au développement, avec des dépenses annuelles de 30 millions de francs.

Poulets sous antibiotiques

En Suisse, des millions de poulets d'élevage sont traités avec des antibiotiques de derniers recours, figurant sur une liste noire, rapportent le Matin Dimanche et la SonntagsZeitung, qui se basent sur des chiffres de l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV).

Selon ces derniers, en 2020, 5,2 millions de poussins et poulets ont été traités avec un antibiotique de derniers recours. Il n'y a pas de chiffres pour les années et les décennies précédentes mais une estimation fait état de plus de 30 millions de bêtes traitées depuis 2016, année à partir de laquelle les traitements par antibiotiques ont dû être confiés à des professionnels.

Depuis 2016 également, les antibiotiques basés sur des «substances critiques» figurent sur une liste noire car ils représentent la dernière chance lors d'infections ne réagissant pas à d'autres antibiotiques. Les autorités connaissent le problème depuis des années.

Booking domine en Suisse

La plateforme de réservation Booking a encore renforcé sa position dominante sur le marché. C'est ce que montre une nouvelle étude de la Haute école spécialisée de Suisse occidentale Valais-Wallis, dont se fait l'écho la SonntagsZeitung. Près de 80% des hôtels utilisent désormais un logiciel spécial pour commercialiser leurs chambres vides sur internet.

Avant le début de la pandémie il y a deux ans, cette proportion était de 63%. Les plateformes de réservation profitent également du bond vers la numérisation entraîné par la pandémie. Booking détient désormais une part de marché de près de 78%. Les hôteliers estiment que cela nuit aux hôtels et aux clients. Mardi, le Conseil national débattra de la question de la domination de Booking et d'autres plates-formes.

Swiss pionnière dans le carburant neutre

La compagnie aérienne suisse Swiss est la première cliente à acheter du kérosène climatiquement neutre, produit à partir de lumière du soleil et d'air, rapporte la NZZ am Sonntag.

La start-up suisse Synhelion a développé des technologies qui permettent de faire réagir du dioxyde de carbone et de l'eau extraits de l'air et de les transformer en un gaz de synthèse grâce à la chaleur de processus solaire. Il est ainsi possible de produire toutes sortes de carburants.

La construction d'une installation industrielle est prévue cette année, pour une production à partir de 2023. Le savoir-faire acquis au cours de nombreuses années de recherches à l'EPFZ a permis de poser les bases de ces technologies.