Réchauffement climatique Ruissellement des eaux accru au Groenland

ATS

19.9.2019 - 11:25

Le changement climatique intensifie le ruissellement des eaux, confirme une étude de chercheurs à laquelle l'Université de Fribourg a participé (archives).
Le changement climatique intensifie le ruissellement des eaux, confirme une étude de chercheurs à laquelle l'Université de Fribourg a participé (archives).
Source: KEYSTONE/EPA RITZAU SCANPIX/LINDA KASTRUP

Une équipe internationale de chercheurs vient de démontrer que le réchauffement climatique favorise la formation et l’expansion de plaques de glace nichées dans l’épaisseur de l’inlandsis groenlandaise. Un des membres est issu de l’Université de Fribourg.

«En empêchant les eaux issues de la fonte des neiges d’y pénétrer, les plaques intensifient le ruissellement et risquent, à terme, de contribuer à l’élévation du niveau des mers», a fait savoir jeudi l'Université de Fribourg dans une communication. Les observations des chercheurs ont été publiées dans la revue Nature.

C’est un phénomène qui prend de l’ampleur au Groenland: il y a de plus en plus de plaques de glace épaisses et imperméables à l’intérieur de l’inlandsis (calotte polaire). Rendue moins poreuse, celle-ci perd sa capacité d’absorption des eaux de fonte qui s’écoulent alors jusqu’à l’océan.

Plus de 7 centimètres

C’est ainsi que, selon une étude dirigée par l’Université de Boulder, dans l'Etat américain du Colorado, et à laquelle a participé l’Université de Fribourg, le Groenland pourrait provoquer une élévation du niveau de la mer qui pourrait atteindre les 74 mm d’ici à 2100.

Pour l’heure, les chercheurs n’imputent aux plaques qu’une hausse de moins de 1 mm du niveau global de l’océan, mais cela pourrait changer avec le réchauffement climatique.

«Même en envisageant une augmentation modérée des températures, ces plaques de glace pourraient multiplier par deux la surface des zones de ruissellement d’ici à 2100», explique Mike Mac Ferrin, chercheur à l’Université de Boulder, cité dans le communiqué.

En 2000, la zone groenlandaise de ruissellement égalait la superficie de la Pologne (313’000 km2). De 2001 à 2013, cette zone s'est accrue de 65'000 km2 supplémentaires, ce qui correspond à la surface de deux terrains de football par minute.

D’ici à 2100, avec le réchauffement climatique, les zones de ruissellement pourraient, dans le cas d’un scénario d’émissions modéré, augmenter d’une surface équivalente à celle du Colorado (270’000 km2), ce qui provoquerait une hausse des océans de 7 à 33 mm.

Ruissellement

Dans un scénario avec plus d’émissions de gaz à effet de serre, la zone de ruissellement pourrait augmenter d’une surface équivalente à celle du Texas (696'000 km2), contribuant à une élévation de 17 à 74 mm du niveau des mers. A ce ruissellement causé par les plaques de glace, il faut ajouter d’autres facteurs contribuant à la montée du niveau des océans, tels que le vêlage d’icebergs.

On peut comparer l’inlandsis groenlandaise à un mille-feuille gelé: des lacs de fonte en ponctuent la surface, de la neige tombe chaque hiver et les couches de neige anciennes, sous l’effet de la pression, se transforment peu à peu en glace.

Sur la plus grande partie du Groenland, la neige ne fond que partiellement chaque été puis gèle à nouveau, à l’intérieur des couches de neige compacte, sous forme de petites lentilles de glaces d’une épaisseur allant de 1 à 5 cm.

Auparavant, grâce à la porosité des couches de neige de l’inlandsis, l’eau de fonte pouvait s’infiltrer et s’écouler le long de ces lentilles, regelant sur place sans rejoindre la mer.

Fréquence accrue

Mais les épisodes de fonte extrême se font de plus en plus fréquents: en juillet 2012, la fonte a affecté plus de 97% de la surface de l’inlandsis groenlandaise. «Un événement jamais observé en 33 ans d’observations par satellite», relève l'Université de Fribourg.

Ce printemps, chaud et ensoleillé au Groenland, a causé la fonte de 80 milliards de tonnes de glace, un record. Le phénomène n’est pas sans conséquence sur les lentilles de glace qui grandissent et finissent par former de gigantesques plaques de 1 à 16 mètres d’épaisseur, créant une carapace imperméable juste sous la surface de l’inlandsis.

Ne pouvant plus s’infiltrer en profondeur, l’eau de fonte ruisselle en surface avant de finir sa course dans l’océan. Il y a plusieurs décennies déjà, des chercheurs avaient tenté d’estimer l’impact d’une hausse des températures sur l’eau de fonte et certains couverts neigeux groenlandais.

«Ce qu’il y a d’intéressant, c’est qu’il s’agissait d’hypothèses basées sur des mesures et de la théorie. Or, nos observations sur le terrain viennent largement les confirmer», constate Horst Machguth, le chercheur venant de l’Université de Fribourg, travaillant pour le département des géosciences.

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