Sous pression La pression monte sur le gouvernement, qui prendra une décision lundi

ot, ats

27.2.2022 - 21:18

La pression est montée cette fin de semaine sur le Conseil fédéral lors de plusieurs manifestations pour qu'il durcisse ses sanctions contre la Russie. Un sondage donne une courte majorité de Suisses en faveur d'un tel renforcement. Selon Karin Keller-Sutter, le gouvernement devrait décider lundi des mesures plus sévères.

Ignazio Cassis a jugé «très probable» le gel d'avoirs russes en Suisse. (image d'archives)
Ignazio Cassis a jugé «très probable» le gel d'avoirs russes en Suisse. (image d'archives)
KEYSTONE/ANTHONY ANEX

27.2.2022 - 21:18

Les mesures doivent être renforcées, a reconnu la cheffe du Département fédéral de justice et police (DFJP), qui s'exprimait dimanche avant une réunion spéciale des ministres de l'Intérieur de l'UE à Bruxelles.

Un avis partagé par le président de la Confédération Ignazio Cassis, qui a jugé sur le plateau de la RTS «très probable» le gel d'avoirs russes en Suisse. L'administration fédérale a préparé dimanche différentes mesures possibles en vue des discussions qui auront lieu lundi au Conseil fédéral.

Karin Keller-Sutter s'est en outre dite favorable au durcissement des conditions d'octroi de visas aux citoyens russes à l'issue de la réunion à Bruxelles. Celle-ci a cependant principalement porté sur l'accueil des Ukrainiens fuyant leur terre pour aller dans un pays de l'Espace Schengen, dont fait partie la Suisse.

Le pays se montrera solidaire lorsqu'il s'agira de trouver «une solution paneuropéenne» pour l'accueil des réfugiés, a ajouté Mme Keller-Sutter.

Suisses pour plus de sanctions

Dans un sondage de l'institut Link publié dans le journal alémanique SonntagsBlick, une courte majorité de Suisses se prononce en faveur de sanctions contre la Russie suite à l'agression contre l'Ukraine. 51,6% des personnes interrogées sont ainsi d'avis que la Suisse devrait reprendre celles de l'UE et des Etats-Unis.

Environ un quart des sondés sont clairement contre de telles sanctions et 13,1% «plutôt contre». Seuls 22% estiment que les sanctions ne sont pas conformes à la neutralité de la Suisse. Par ailleurs, 66% des sondés jugent que la Suisse devrait jouer un rôle actif de médiateur dans ce conflit.

Environ 70% des personnes interrogées ont peur d'une escalade de la guerre. Seul un quart considèrent que l'Occident devrait intervenir militairement. Près de trois quarts des sondés plaident pour un accueil des personnes cherchant refuge.

Geler les milliards russes

Samedi, plusieurs manifestations ont eu lieu en Suisse, rassemblant notamment entre 10'000 et 20'000 personnes à Berne. Elles ont demandé que le Conseil fédéral prenne dès maintenant des dispositions pour accueillir au moins 10'000 personnes en provenance d'Ukraine. Les manifestants ont aussi exigé que le Conseil fédéral soutienne pleinement les sanctions de l'UE.

La pression sur Berne avait déjà augmenté vendredi. Un porte-parole de Bruxelles a déclaré que l'UE attendait des autres Etats qu'ils suivent les sanctions des Vingt-Sept contre la Russie ou adaptent leurs sanctions. Il a cité explicitement la Suisse.

La majorité de la Commission des institutions politiques du Conseil national a également demandé des sanctions plus sévères. En tant que place financière importante pour les entreprises russes, la Suisse doit prendre ses responsabilités. Tous les partis, à l'exception de l'UDC, ont également soutenu des mesures drastiques contre Moscou.

Oeuvres d'entraide mobilisées

Le président de la Confédération Ignazio Cassis, aussi chef de la diplomatie, a dans ce contexte à nouveau condamné l'intervention militaire russe en Ukraine «avec la plus grande fermeté». Il s'est entretenu samedi au téléphone avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui l'a remercié sur Twitter pour l'assurance d'une aide concrète, sans précisions.

Face à l'agression russe en Ukraine, les organisations humanitaires suisses se préparent à aider au mieux la population sur place. Mais leurs projets dépendront de la situation militaire.

Selon l'oeuvre d'entraide Caritas Suisse, environ 2,9 millions de personnes dépendaient déjà de l'aide humanitaire en Ukraine avant l'attaque russe. Ce chiffre va désormais augmenter de manière dramatique. Devant l’ampleur de la crise humanitaire qui se profile, la Chaîne du Bonheur a lancé un appel aux dons.

Trajets ferroviaires gratuits

Les CFF étudient eux la possibilité de rendre gratuits les trajets des réfugiés ukrainiens à bord des trains longue distance. D'autres compagnies ferroviaires européennes dont la Deutsche Bahn ont pris cette décision dimanche afin de faciliter le voyage des personnes en fuite.

Dans les airs, Swiss continue pour l'instant d'assurer ses liaisons régulières vers la Russie, alors que sa maison-mère Lufthansa, et sa filiale Austrian Airlines ont annoncé ne plus vouloir utiliser l'espace aérien russe pendant une période initiale d'une semaine. Les vols à destination de l'Ukraine sont eux suspendus jusqu'à fin mars.

La Suisse doit assurer sa sécurité

En écho à l'invasion de l'Ukraine, la ministre de la défense Viola Amherd a estimé que la Suisse devait assurer elle-même sa sécurité, et notamment protéger son espace aérien avec ses propres moyens.

En cas d'attaque, la Suisse peut demander de l'aide, mais ne sait pas si son appel sera entendu, relève Mme Amherd dans un entretien diffusé par la NZZ am Sonntag.

La ministre se dit convaincue que la guerre conduira à une remilitarisation de l'Europe et une plus grande prise de conscience du fait que les Etats doivent être en mesure de se défendre militairement contre une attaque.

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