Beaux-Arts de LausanneSilvie Defraoui, 30 ans de carrière au MCBA
gsi, ats
9.3.2023 - 15:03
Figure majeure de la scène artistique suisse, Silvie Defraoui est à l'honneur de la nouvelle exposition du Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne (MCBA). Une quarantaine d'oeuvres de la Vaudoise d'adoption sont présentées jusqu'au 21 mai.
Keystone-SDA, gsi, ats
09.03.2023, 15:03
09.03.2023, 15:08
ATS
Née à St-Gall en 1935, mais établie de longue date à Vufflens-le-Château (VD), Silvie Defraoui est «l'une des artistes les plus importantes dans l'histoire de l'art en Suisse», souligne la commissaire de l'exposition, Elisabeth Jobin. Artiste touche-à-tout, pionnière dans de nombreux domaines (vidéo notamment), elle est connue pour ses «Archives du futur», une structure dans laquelle est inscrite toute sa production depuis 1975.
Silvie Defraoui a d'abord alimenté ces «archives» avec son époux Chérif, avant de les enrichir seule depuis 1994, année de la disparition de son compagnon. C'est justement sur cette deuxième période que se concentre l'exposition du MCBA, sur ces trois décennies durant lesquelles l'artiste a continué un travail qui consiste, essentiellement, à questionner les images, la mémoire ou les liens entre l'espace et le temps.
Superpositions
Ce questionnement, Silvie Defraoui le propose aux visiteurs du MCBA au travers de photographies découpées puis réassemblées, de vidéos, de toiles, de cadres imbriqués ou encore de néons. «Elle travaille beaucoup en superposant des images, en dévoilant plusieurs strates. C'est une constance chez elle», remarque Elisabeth Jobin.
Dans une série de toiles, l'artiste confronte par exemple deux réalités: des photos de presse de catastrophes naturelles en arrière-fond, juxtaposées avec des photographies de fleurs. «Les drames du monde extérieur se télescopent avec le confort du chez-soi, symbolisé par les fleurs», poursuit la commissaire.
La dualité «dehors – dedans» est aussi présente dans l'une des autres séries phares de cette exposition, réalisée après les confinements liés au coronavirus. On y voit des rideaux laissant entrevoir un théâtre d'ombres, constitué de plantes et d'animaux inquiétants. «Silvie Defraoui joue sur l'effet de la menace, la peur du passage vers l'inconnu, la perte de repères», note Elisabeth Jobin.
Souvenirs balayés
Intitulée «Le tremblement des certitudes», l'exposition se déploie au deuxième étage du MCBA, où Silvie Defraoui a collaboré à la scénographie. D'ordinaire vide, l'étage comprend pour l'occasion une salle de projection, où plusieurs vidéos tournent en boucle sur les murs et le sol.
Dans l'une de ces vidéos, des verres se remplissent peu à peu et rendent alors visibles des photographies, tirées des albums personnels de l'artiste. Ces souvenirs sont balayés par une main qui brise brusquement les verres, immédiatement remplacés par d'autres.
L'exposition se veut comme «un voyage parmi la variété de médiums qui caractérise l'originalité et la diversité du travail de Silvie Defraoui», affirme le MCBA. Le musée possède lui-même une quinzaine d'oeuvres de l'artiste (réalisées en solo ou avec son mari), dont deux figurent dans son exposition permanente.