Royaume-UniSon plan économique aux orties, Truss s'accroche à Downing Street
ATS
18.10.2022 - 01:01
La première ministre britannique Liz Truss s'est dit déterminée lundi à rester au pouvoir, quelques heures après l'abandon de son programme économique, annoncé par son nouveau ministre des finances. Elle a répété qu'elle était «désolée» pour ses «erreurs».
Keystone-SDA
18.10.2022, 01:01
ATS
Dans une interview à la BBC lundi soir, la cheffe du gouvernement, contrite, a estimé avoir voulu aller «trop loin trop vite», alors que son mandat semble moribond six semaines après son arrivée à Downing Street, suite à une série d'humiliants revirements sur ses promesses de campagne.
«Je resterai à mon poste pour tenir mes engagements pour l'intérêt national», a-t-elle assuré. Elle a estimé qu'elle serait encore à la tête du parti pour les prochaines élections prévues dans deux ans, où l'opposition est archi-favorite.
«J'ai agi rapidement pour réparer ces erreurs», a lancé Lis Truss à l'adresse de sa majorité, où les manoeuvres se multiplient en coulisses pour la pousser vers la sortie.
Coupes des dépenses annoncées
Son nouveau ministre des finances Jeremy Hunt, nommé vendredi dans l'urgence après la tempête sur les marchés financiers déclenchée par le «plan de croissance» de son prédécesseur Kwasi Kwarteng, tient désormais la barre du gouvernement après des semaines de chaos sur les marchés qui ont menacé la stabilité financière du pays.
Il a dévoilé lundi les grandes lignes du projet budgétaire de moyen terme qui doit être présenté dans sa totalité le 31 octobre. Avertissant de décisions «très dures» avec des coupes à venir dans les dépenses de l'Etat et des hausses d'impôts, un désaveu total du plan initial de Liz Truss, Jeremy Hunt a toutefois assuré que le gouvernement ferait une priorité de «l'aide aux plus vulnérables».
La présentation à la fin septembre de projets de baisses d'impôts massives et d'un soutien colossal aux factures énergétiques par Kwasi Kwarteng, non pleinement chiffrés et devant être financés par emprunt, qui avaient fait craindre un dérapage des comptes publics.
La livre avait chuté à un plus bas historique et les taux d'emprunt à long terme de l'Etat avaient flambé, fragilisant les fonds de pension et faisant grimper les taux d'emprunt des ménages et des entreprises, dans une économie britannique déjà à plat.
Alimentant les questions sur son autorité en lambeaux, Liz Truss a envoyé la ministre Penny Mordaunt, chargée des relations avec le Parlement, répondre à l'opposition à la chambre des communes.
Baisses d'impôt à la poubelle
Mme Truss est ensuite apparue à Westminster au côté du chancelier de l'échiquier, mais est restée silencieuse, le regard vide, pendant que ce dernier affrontait une opposition, qui a torpillé une première ministre «humiliée, ne peut tout simplement pas rester à son poste». Avec seulement 40 jours au pouvoir, elle risque de devenir le chef du gouvernement ayant eu le plus court mandat jamais connu outre-Manche.
Parmi les annonces de lundi, «la plus grosse dépense», le plafond des factures énergétiques pour tous les ménages, sera finalement en vigueur jusqu'à avril seulement et non plus pour deux ans. Au-delà, le trésor va réfléchir à une nouvelle approche «moins chère» tout en protégeant «les plus nécessiteux».
La longue liste de baisses d'impôt part ainsi à la poubelle, rejoignant une baisse du taux d'impôts sur les revenus des plus aisés déjà abandonnée. En revanche, une hausse de l'impôt sur les sociétés aura finalement lieu.
L'ensemble de ces mesures fiscales «permettra de lever environ 32 milliards de livres par an», a précisé M. Hunt. Ces annonces «ne suffiront pas pour boucher les trous dans les plans budgétaires du gouvernement» ou pour «réparer les dégâts des dernières semaines», a cependant averti le centre de réflexion IFS.