Coronavirus Sortie de crise: le flou règne toujours

ATS

17.4.2020 - 18:51

A l'image du penseur de Rodin, les Suisses se demandent comment ils vont s'y prendre pour sortir du semi-confinement d'ici trois semaines.
A l'image du penseur de Rodin, les Suisses se demandent comment ils vont s'y prendre pour sortir du semi-confinement d'ici trois semaines.
Source: KEYSTONE/DPA/FRISO GENTSCH

Un jour après l'annonce du semi-déconfinement par étape, Berne n'a guère amené de réponses vendredi à la foule de questions que se posent les Suisses. La question de l'école est particulièrement épineuse.

«Nous ne sommes pas sortis de la zone dangereuse», a affirmé vendredi Daniel Koch, de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP). Le risque que la courbe des infections au Covid-19 remonte existe. Il ne faut donc surtout pas baisser la garde.

«Plus de 300 personnes doivent actuellement toujours être ventilées artificiellement», a-t-il souligné lors d'un point de presse à Berne. Et ce ne sont pas que des personnes à risque. Des individus jeunes et sans maladie préexistante sont également en difficulté.

L'épidémie continue de ralentir en Suisse avec 346 nouvelles contaminations enregistrés vendredi, selon les chiffres de l'OFSP, mais la Suisse romande souffre.

Vaud est désormais le canton qui compte le plus de décès liés au Covid-19: il en déplorai vendredi 279 depuis le début de la crise, soit 13 de plus en 24 heures, dépassant ainsi le Tessin (270, +1). Au total, 1019 personnes en Suisse ont perdu la vie depuis le début de l'épidémie, selon l'OFSP, et 1306 selon un décompte des cantons.

Traçage et masques: rien de neuf

Interrogé sur une application de traçage qui pourrait avertir les personnes qui ont été proches d'un individu contaminé, Daniel Koch a indiqué que rien n'était prévu pour le 27 avril, date de la première étape de sortie de crise du Covid-19. Celle-ci concerne les coiffeurs, les physiothérapeutes, les jardineries et les médecins.

Le recours aux masques reste aussi en main des individus et des entreprises. La Confédération dispose actuellement de 20 millions de pièces, et en aurait 100 millions d'ici la fin avril. Berne n'en fournira que «de façon subsidiaire».

Les branches et secteurs concernés doivent d'abord faire en sorte de s'en procurer. Il n'est pas prévu non plus que la Confédération en fournisse à toute la population. Un film précisant la bonne façon de manipuler les masques sera présenté «lundi ou mardi».

Les cantons demandent des précisions

Le Conseil d'Etat fribourgeois attend lui aussi un certain nombre de précisions de la Confédération, notamment s'agissant du port des masques. Plus globalement, les gouvernements jurassien et fribourgeois estiment qu'il subsiste des interrogations concernant l'application de l'ordonnance d'assouplissement du Conseil fédéral.

Du côté des enseignants, les questions restent nombreuses. Le syndicat des enseignants romands dit ressentir une «incohérence» entre la fermeture «abrupte» des écoles le 13 mars et la décision de les rouvrir, «sans que les éléments scientifiques aient réellement changé».

«On écoute les conférences de presse de la Confédération et de Daniel Koch, a dit Cesla Amarelle, conseillère d'Etat vaudoise à la tête de la formation sur la RTS. Mais on n'arrive pas à ce stade à clarifier ce cadre de sécurité sanitaire pour une reprise des écoles». Et de rappeler que la décision a été prise jeudi par le Conseil fédéral, «qui laisse très peu de marge aux cantons».

Le mécontement est aussi fort du côté des psychologues, qui demandent que les thérapies en ligne soient prises en charge durant la crise, comme c'est le cas pour les psychiatres. C'est ce que revendique une pétition avec plus de 15'000 signatures remise au conseiller fédéral Alain Berset.

Pourtant une étude montre que la crise du coronavirus pèse sur l'esprit de nombreux Suisse. Plus d'un tiers des personnes interrogées dans le cadre d'une étude zurichoise ont déclaré que leur qualité de vie s'est détériorée: ils dorment moins bien et angoissent davantage. Mais 9% affirment à l'inverse qu'ils se portent mieux.

Médicaments testés

La Suisse est sur le point de mener ses premiers tests de médicaments dans le cadre d'une étude internationale lancée par l'OMS. L'objectif est d'évaluer l'efficacité de tel ou tel traitement contre le Covid-19.

Plusieurs dizaines de pays participent à cette étude, précise Oriol Manuel, docteur au CHUV. Les premiers résultats seront dévoilés par l'OMS. «Nous ne savons pas encore quand, mais cela pourrait se faire en peu de semaines», relève le Dr Manuel. Concernant les médicaments, il s'agira notamment d'évaluer l'efficacité de l'hydroxychloroquine.

A son niveau, le canton de Vaud va chapeauter des études populationnelles pour suivre et contrôler le comportement de l'épidémie pendant la phase de déconfinement. Elles donneront des indications sur l'évolution de l'immunité dans la population face au Covid-19.

Chômage en hausse

Du point de vue économique, les nouvelles sont moins réjouissantes. A ce jour, plus de 167'200 entreprises ont déposé une demande de chômage partiel pour 1,76 million de travailleurs, soit un tiers des employés en Suisse. Le nombre des chômeurs a également fortement augmenté: le 15 mars, on en dénombrait 118'000 contre 151'000 actuellement.

Revenant sur le mécontentement de la branche de la restauration laissée sans feuille de route, Daniel Koch a déclaré: «Nous regardons ce qui est possible, mais c'est très difficile». Il est en effet compliqué de maintenir la distance de sécurité dans un restaurant.

S'agissant de protéger la santé des employés et des clients, le Seco et l'OFSP sont en train d'établir des lignes directrices pour les différents secteurs d'activité. Il reviendra ensuite à chaque branche d'élaborer un concept détaillé, qui devra être mis en oeuvre par les entreprises. Il reviendra aux cantons de procéder à des contrôles.

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