Les grands cormorans sont les principaux accusés pour expliquer la baisse des populations de poissons dans le lac de Neuchâtel, ici la réserve naturelle du Fanel.
Les prises de poissons par les pêcheurs professionnels ont chuté de 65% entre 2016 et 2018.
Soutien aux pêcheurs professionnels
Les grands cormorans sont les principaux accusés pour expliquer la baisse des populations de poissons dans le lac de Neuchâtel, ici la réserve naturelle du Fanel.
Les prises de poissons par les pêcheurs professionnels ont chuté de 65% entre 2016 et 2018.
Le Grand Conseil fribourgeois vole au secours des pêcheurs professionnels du lac de Neuchâtel. Il a voté mardi une motion demandant, par tous les moyens, la régulation des grands cormorans et la reconstitution de la faune piscicole.
La motion, déposée par le député UDC Jean-Daniel Chardonnens, a été acceptée par 89 voix contre 5 et 6 abstentions. Soutenue par le Conseil d'Etat, elle propose à ce dernier de s'approcher des autorités fédérales et les cantons partenaires, Neuchâtel et Vaud, en vue de trouver une solution. Tous les groupes ont soutenu la motion.
«Les difficultés sur le lac de Neuchâtel sont enfin reconnues», s'est réjoui Jean-Daniel Chardonnens. «Sans une action rapide et efficace, la population des poissons va encore diminuer, avec les conséquences accrues pour les pêcheurs», a précisé le député broyard. «Tous les acteurs concernés doivent donc se concerter.»
L'élu de Fétigny a déploré l'annonce du Conseil d'Etat mardi de fermer la pisciculture d'Estavayer-le-Lac, avec à la clé un montant de près de 2,3 millions de francs dépensés pour rien par l'Etat de Fribourg. L'activité sera concentrée sur le site de Colombier (NE), en partenariat avec les cantons de Neuchâtel et de Vaud.
Chute des effectifs
L'heure est en effet grave pour le secteur, avec un rendement de la pêche professionnelle dans le lac de Neuchâtel qui a chuté de 65% entre 2016 et 2018. «Une situation préoccupante», a dit le conseiller d'Etat Didier Castella, en charge du dossier. La baisse est due avant tout à la diminution des captures de corégones.
La cause n’est pas identifiée formellement du point de vue scientifique. Plusieurs facteurs sont avancés par le gouvernement, comme des conditions de reproduction peu favorables, la pauvreté en nutriments, la hausse de température de l’eau suite aux dernières canicules et de possibles mortalités dans les jeunes classes d’âge.
Reste que la pression de prédation importante par les cormorans est souvent évoquée. C'est pourquoi les tensions se concentrent sur le grand cormoran. Avec plus de 1200 couples nicheurs dans trois colonies distinctes, la région abrite la population la plus importante de ces oiseaux piscivores en Suisse.
Il existe aujourd'hui 30 pêcheurs qui vivent de leur métier, dont six dans le seul canton de Fribourg. Les députés avaient déjà voté une résolution sur le sujet en juin. Le motionnaire, par ailleurs patron d'une entreprise d'autocars, demande encore de «tout mettre en œuvre pour reconstituer la faune piscicole».
Prudence de mise
L'impact des cormorans sur les populations de poissons et la pêche doit être pris au sérieux, a poursuivi Didier Castella. Un projet de modification du concordat concernant la chasse sur le lac de Neuchâtel est en cours de révision par les trois cantons concernés, avec une entrée en vigueur l'an prochain.
Il s'agirait d’ouvrir la chasse au cormoran sur les lacs de Neuchâtel et de Morat. «Même si le tir n'est pas facile», a averti le ministre. De même, il est prévu de créer un permis de chasse spécial pour les pêcheurs professionnels leur donnant la possibilité d’effectuer des tirs de protection à proximité des filets.
Des tirs spéciaux ont déjà été réalisés après le 1er septembre par les garde-faune, dès la fin de la période de protection fédérale du cormoran. Il est question de 3000 à 4000 cormorans vivant dans la région, estimait un pêcheur contacté par Keystone-ATS en septembre.
Impact à définir
Par rapport aux autres espèces de poissons du lac, l’impact exercé par le cormoran sur les populations n’est pas connu. Ainsi, deux expertises vont être réalisées. La première porte sur l’immersion de déchets de poissons dans le lac de Neuchâtel par les pêcheurs professionnels.
L'étude vise à définir si la pratique, autorisée exceptionnellement sur les lacs romands, favorise l'essor des effectifs de cormorans. La seconde devrait permettre d’approfondir les connaissances sur l’importance des dommages causés par le cormoran aux engins de pêche ainsi que sur le régime alimentaire actuel de l’espèce.
A noter finalement que l’effort actuel de repeuplement pour le lac de Neuchâtel, qui est parmi les plus importants de Suisse, n’est pas remis en cause par les trois cantons concordataires.
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