Vives réactionsTamedia : une réorganisation qui a de lourdes conséquences !
sifr, ats
27.8.2024 - 04:25
Fermeture de deux centres d'impressions à Bussigny (VD) et à Zurich ainsi qu'une taille dans les effectifs des rédactions: Tamedia a annoncé mardi supprimer au total 290 postes, dont 90 au sein de ses journaux. Aucun titre ne disparaîtra, mais le groupe va miser prioritairement sur le 24 Heures en Suisse romande. Les syndicats critiquent sévèrement ces «licenciements collectifs».
Keystone-SDA, sifr, ats
27.08.2024, 04:25
27.08.2024, 13:34
ATS
Filiale de TX Group, Tamedia a fait ces douloureuses annonces en deux temps tôt mardi matin, via un communiqué d'abord puis par une conférence de presse à Zurich, en présence de la directrice générale Jessica Peppel-Schulz et le directeur éditorial Simon Bärtschi. En poste depuis dix mois, la CEO allemande a indiqué avoir «passé toute l'entreprise au peigne fin pour construire un nouveau Tamedia, l'adapter au futur et gagner en efficience sur le long terme».
A terme, le groupe devrait employer quelque 1200 personnes contre 1400 actuellement. Dans cette restructuration et nouvelle stratégie, le gros des suppressions d'emplois se fera avec la fermeture des deux imprimeries, soit 200 postes.
Le centre d'impression de Lausanne à Bussigny, qui existe depuis 1989, devrait fermer ses portes fin mars 2025. Celui de Zurich suivra en 2026. Tamedia a justifié son choix par des «situations de surcapacité depuis plusieurs années». Ils ont aujourd'hui un taux d'occupation compris entre 30 et plus de 50%, selon le groupe.
Mme Peppel-Schulz a indiqué que Tamedia allait désormais se concentrer sur sa seule imprimerie de Berne, qui sera agrandie. Ce centre aura suffisamment de capacité pour imprimer les titres du groupe et répondre aux demandes des clients externes. Le choix s'est aussi porté sur Berne en raison de sa position centrale en Suisse, a relevé la dirigeante.
Quatre marques numériques
Au niveau de ses titres, le plus grand groupe de médias privé de Suisse indique qu'il va miser sur «quatre marques fortes» ("Future Brand") pour «réaliser sa croissance digitale»: 24 Heures, Tages-Anzeiger, BZ Berner Zeitung et Basler Zeitung.
La Tribune de Genève (TdG) et le Bund sont en quelque sorte relégués au second plan, mais ne seront ni supprimés sur papier ni sur internet, assure-t-on. La TdG «continuera à mettre à la disposition de ses utilisateurs une offre d'information complète et de grande qualité», souligne le groupe.
«Nous n'avons pas encore défini le plan exact», a affirmé Mme Peppel-Schulz, ajoutant qu'une phase de consultation devait d'abord être menée dans les différentes rédactions. Interrogé, un porte-parole de Tamedia a précisé qu'elle «sera probablement lancée dès la 2e moitié du mois de septembre, durant environ trois semaines. La communication relative aux licenciements interviendra durant le mois d'octobre 2024».
Seule certitude donc à ce stade pour la Suisse romande: le 24 Heures deviendra le titre phare de l'Arc lémanique. «A ce jour, nous ne savons pas encore s'il y aura, par exemple, une seule ou deux rédactions entre Lausanne et Genève», a dit M. Bärtschi. Toutes les marques «print» de Tamedia continueront d'ailleurs d'exister, ont insisté les deux dirigeants. Le Matin Dimanche, également en main de Tamedia, subsiste donc aussi.
Plans sociaux
Des restructurations sont toutefois prévues au sein de ces différentes rédactions, et non des moindres. Tamedia supprimera «probablement» 90 postes. Là encore, ses dirigeants n'ont pas donné davantage d'informations, ne précisant pas où, quand et comment ces postes seront biffés.
Pour les postes supprimés dans les imprimeries et les rédactions, des plans sociaux avec des possibilités de retraite anticipée vont être appliqués. Tamedia va aussi proposer «un accompagnement et des conseils personnalisés», ainsi qu'un soutien financier «pour des programmes de développement et de reconversion». Le coût total de la restructuration est chiffré à 29,9 millions de francs.
Vives réactions
Du côté des syndicats, les réactions n'ont pas tardé. Syndicom a «sévèrement critiqué le licenciement collectif» et la fermeture des deux centres d'impression. «Une fois de plus, l'entreprise de presse se concentre sur la maximisation des profits au lieu d’assumer sa responsabilité sociale et d'investir dans le journalisme», déplore-t-il dans un communiqué.
Impressum dénonce une décision «catastrophique et démesurée», alors que les titres du groupe sont globalement rentables. Il demande un moratoire sur les licenciements pendant plusieurs années.
Le Conseil d'Etat vaudois a pour sa part exprimé «sa vive inquiétude» et va solliciter une rencontre avec les dirigeants du groupe zurichois. Il regrette «ce nouvel appauvrissement de la presse romande, craignant "un affaiblissement majeur» de la couverture de l'actualité en Suisse romande.