BirmanieTirs à balles réelles contre les manifestants en Birmanie
vey
2.3.2021 - 16:38
Les tensions sont restées vives mardi en Birmanie avec trois manifestants pro-démocratie dans un état critique. Des journalistes ont été clairement ciblés par les autorités, qui font fi des condamnations internationales.
Keystone-SDA, vey
02.03.2021, 16:38
ATS
A Kale (nord-ouest), «une vingtaine de personnes ont été blessées» par la police et l'armée venues disperser un rassemblement, a indiqué à l'AFP un secouriste.
«Trois, touchées par des tirs à balles réelles, sont dans un état critique», a précisé un médecin. La télévision d'Etat MRTV a fait pour sa part état de quatre policiers blessés.
Journaliste arrêté
Quelques heures plus tôt, un journaliste, Kaung Myat Hlaing, a été arrêté à son domicile lors d'une opération musclée des forces de sécurité, selon son employeur Democratic Voice of Burma (DVB).
Des tirs ont été entendus lors de l'arrestation que le journaliste a lui-même filmée en direct et dont les images ont été retransmises sur les réseaux sociaux. Ces nouvelles tensions interviennent après une journée de répression meurtrière dimanche avec au moins 18 manifestants tués, selon l'ONU.
Par crainte des représailles, les contestataires ont été moins nombreux mardi dans les rues. A Rangoun, la capitale économique, de petits groupes se sont formés, certains se protégeant derrière des barricades de fortune érigées avec des pneus, des panneaux de bois et des barres de métal.
Forces de sécurité en nombre
Face à eux, les forces de sécurité ont été déployées en nombre. A Sanchaung, dans le Nord de la ville, leur objectif était clairement de «nettoyer le quartier», a relevé un habitant, un autre faisant état de tirs de gaz lacrymogènes, de munitions en caoutchouc ou de grenades assourdissantes contre les manifestants.
Les vagues d'arrestations se poursuivent. Quelque 1300 personnes ont été interpellées lors de la seule journée de dimanche, selon MRTV. Plus de 500 prisonniers ont été relâchés, a ajouté la chaîne, sans préciser s'il s'agissait de détenus de droit commun emprisonnés avant le putsch du 1er février ou de prisonniers politiques interpellés depuis.
Les journalistes ont de plus en plus de mal à exercer leur métier. 26 ont été arrêtés depuis le coup d'Etat, selon Reporters Sans Frontières, dont 10 sont toujours en détention. D'autres ont été ciblés par des tirs de balles en caoutchouc, notamment deux employés de l'agence chinoise Xinhua.
Aung San Suu Kyi toujours tenue au secret
Coupures d'internet, renforcement de l'arsenal législatif, interpellations, recours à la force létale: la junte n'a cessé d'accroître sa répression depuis le coup d'Etat qui a renversé le gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi.
Toujours tenue au secret dans la capitale Naypyidaw, l'ex-dirigeante de 75 ans est désormais inculpée de quatre chefs: importation illégale de talkies-walkies, non respect des restrictions liées au coronavirus, violation d'une loi sur les télécommunications et incitation aux troubles publics.
Elle est apparue «en bonne santé» lors d'une audience en vidéoconférence qui s'est tenue lundi, d'après son avocat qui n'a toujours pas été autorisé à la rencontrer.
«Pas de pardon»
Mardi, des centaines de personnes se sont rassemblées dans un cimetière de Rangoun pour les funérailles d'une des victimes de dimanche, Nyi Nyi Aung Htet Naing, tué par un tir des forces de sécurité.
«Il n'y aura pas de pardon pour vous jusqu'à la fin du monde», a chanté la foule, réunie devant le cercueil couvert de fleurs de l'étudiant de 23 ans. Ce dernier avait posté quelques heures avant son décès un dernier message sur les réseaux sociaux: «De combien de cadavres l'ONU a-t-elle besoin pour agir?».
Larges condamnations
Les violences suscitent un concert de condamnations internationales. L'ambassadeur birman aux Nations unies, Kyaw Moe Tun, a lui-même rompu de manière spectaculaire avec les généraux putschistes la semaine dernière en appelant à «mettre fin au coup d'Etat». Il a été démis de ses fonctions par la junte.
Et Singapour, premier investisseur en Birmanie a haussé le ton. Le ministre des affaires étrangères de la cité-Etat s'est entretenu ce mardi en ligne avec ses homologues de l'Asean. Mais le bloc régional, qui a fait de la non-ingérence dans les affaires internes d'un Etat membre une de ses règles d'or, n'est pas parvenu à un consensus.
Pékin et Moscou, alliés traditionnels de l'armée birmane, considèrent aussi cette crise comme une «affaire intérieure» à la Birmanie.
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