72% des Suisses agacés par la lettre Triomphe de la 13e rente dans les urnes: «Merci» Adolf Ogi?

Alex Rudolf/trad

4.3.2024

L'ancien conseiller fédéral Adolf Ogi a présenté ses excuses pour sa prise de position contre la 13e rente AVS. Deux politologues s'interrogent sur le lien entre la lettre adressée à la population par les anciens conseillers fédéraux et le triomphe obtenu par la 13e rente le dimanche 3 mars.

«Avec le recul, on peut dire que la lettre adressée était une erreur, je suis désolé!», a déclaré l'ancien conseiller fédéral Adolf Ogi à la «Berner Zeitung». (Image d'archives)
«Avec le recul, on peut dire que la lettre adressée était une erreur, je suis désolé!», a déclaré l'ancien conseiller fédéral Adolf Ogi à la «Berner Zeitung». (Image d'archives)
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4.3.2024

«Avec le recul, on peut dire que la lettre adressée était une erreur, je suis désolé!», a déclaré l'ancien conseiller fédéral Adolf Ogi à la «Berner Zeitung». Aux côtés des anciens conseillers fédéraux Doris Leuthard et Johann Schneider-Ammann, Adolf Ogi s'était adressé dans une lettre à la population âgée, qualifiant la 13e rente AVS de «périlleuse».

On ne sait pas exactement dans quelle mesure la lettre des anciens conseillers fédéraux a conduit à l'acceptation massive de la 13e rente AVS . Un sondage post-votation réalisé par «20 Minutes» et «Tages-Anzeiger» révèle tout de même que 72% des personnes interrogées ont trouvé la lettre des anciens conseillers fédéraux inappropriée.

Marc Bühlmann, politologue à l'Université de Berne et directeur d'Année politique Suisse, estime que la combinaison «anciens conseillers fédéraux» et «rentes AVS» n'a pas été appréciée. «On a beaucoup plus tendance à évaluer négativement le contenu de la lettre que l'expéditeur ou l'expéditrice», dit-il à blue News.

Mauvais timing

«Que quelqu'un ait pu penser que c'était une bonne idée reste un mystère», déclare Sarah Bütikofer, politologue à l'Université de Zurich. Le timing était également complètement raté: «Cela ressemblait à une réaction de panique, comme si on avait vu le vote nous échapper juste avant le scrutin.»

Marc Bühlmann
Marc Bühlmann, politologue à l'Université de Berne et directeur de l'Année Politique Suisse.
zVg

Marc Bühlmann, politologue à l'Université de Berne et directeur de l'Année politique Suisse.

De temps en temps, d'anciens conseillers fédéraux s'immiscent dans les campagnes de votation. La dernière fois que cela a été particulièrement remarqué, c'est lorsque l'ancienne conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf s'est engagée dans la campagne de votation sur la réforme de l'imposition des entreprises III, explique Bühlmann. «A l'époque, l'opinion publique s'était fortement interrogée sur le droit des anciens conseillers fédéraux à le faire».

Ce sont principalement les personnes âgées qui ont trouvé l'action inappropriée, comme le révèle le sondage. Y'aurait-t-il une rupture entre les seniors et l'establishment? Marc Bühlmann n'est pas de cet avis: «Au contraire. Si l’on examine les enquêtes à long terme, on constate que la confiance dans l’institution du Conseil fédéral est assez élevée parmi les personnes âgées.»

«Cela peut stimuler l'intérêt politique»

Sarah Bütikofer déclare également: «Les anciens conseillers fédéraux jouissent d’une grande réputation et d’une grande crédibilité lorsqu’ils commentent les événements politiques.» Mais ce sont aussi des retraités aisés qui bénéficient d’une généreuse pension de l’État. «Beaucoup de gens, surtout ceux dont la situation n'est pas aussi bonne, auraient sans doute attendu un peu plus d'humilité.»

Les anciens conseillers fédéraux seront-ils plus prudents à l'avenir? Il n'existe certes pas de règles ou de lois limitant leur liberté d'expression. «La seule chose à faire est de faire preuve de prudence lorsque l'on accepte un nouveau poste où un conflit d'intérêts pourrait survenir avec votre ancienne activité gouvernementale», ajoute-t-elle.

On peut également dire qu’il est bon pour un débat démocratique que le plus grand nombre possible d’opinions soient rendues publiques. «Comme les opinions des anciens conseillers fédéraux génèrent également une présence médiatique, il est avantageux qu'ils commentent les propositions – cela peut également stimuler l'intérêt politique», explique le directeur de l'Année politique Suisse.

Sarah Bütikofer pense que les anciens conseillers fédéraux ont tiré les leçons de cette affaire. «On peut supposer qu'à l'avenir, les anciens conseillers fédéraux se limiteront, comme par le passé, à des interviews ponctuelles et à des apparitions publiques soigneusement choisies, et qu'ils ne se laisseront plus impliquer directement dans une campagne de votation.»

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