Revue de presse «Ueli Maurer: le maître de la provocation s'en va»

sj, ats

1.10.2022 - 09:27

Les éditoriaux publiés après l'annonce de la démission d'Ueli Maurer saluent volontiers sa longévité au Conseil fédéral, là où un autre UDC, Christoph Blocher, n'a tenu que quatre ans. Sa stature de ministre respectant les institutions est autant reconnue que son côté provocateur à l'esprit libre.

Ueli Maurer a annoncé vendredi 30 septembre sa démission du Conseil fédéral.
Ueli Maurer a annoncé vendredi 30 septembre sa démission du Conseil fédéral.
KEYSTONE

1.10.2022 - 09:27

«Ueli Maurer a souvent joué avec les limites de la collégialité, mais a tout de même respecté les institutions, contrairement à Christoph Blocher», résume Le Temps. «Sacré destin pour le Zurichois. En 40 ans de carrière, il est devenu l'une des figures politiques les plus connues du pays. En Suisse alémanique, c'est une véritable star».

«Sous ses airs bonhommes, c'est un as de la communication politique. Pour lui et pour son parti. Sans Ueli Maurer, l'UDC ne serait jamais devenue la première force politique du pays», estime le journal.

«Christoph Blocher a bien sûr joué un rôle déterminant sur le plan idéologique, mais c’est bien lui qui a arpenté toute la Suisse pour porter la nouvelle conservatrice. Malgré son français très fédéral, il a aussi été fort présent en Suisse romande pour créer de nouvelles sections», ajoute Le Temps.

La Liberté est plus sévère: «N'aimant guère s'exprimer en français, Ueli Maurer aura eu des contacts réduits avec la Suisse romande». A voir si son successeur saura mieux que lui tisser des ponts entre les deux rives de la Sarine, écrit le quotidien fribourgeois.

«Double rôle»

S'agissant de la collégialité, watson.ch y va aussi plus fort. «Ueli Maurer: le maître de la provocation s'en va», titre le portail en ligne. Il souligne que le ministre UDC des finances «a toujours eu un double rôle» au sein du Conseil fédéral: «souvent, il semblait moins engagé envers le gouvernement qu'envers son parti».

Watson souligne que le Zurichois «a réussi son plus grand coup vers la fin de son mandat – en tant que ministre des Finances lors de la crise du Covid». Mais dernièrement, il n'était pas d'accord avec l'ensemble du Conseil fédéral sur «plusieurs dossiers centraux pour l'UDC». Ce départ «rend service» au parti en lui donnant une grande visibilité une année avant les élections fédérales.

«Alors que le gouvernement est en gestion multicrises, le départ d'Ueli Maurer a de quoi déstabiliser au seuil d'un hiver qui s'annonce passablement chahuté. Notamment sur le plan des finances, estime 24 Heures. Mais le quotidien vaudois sait aussi reconnaître un sens du devoir au ministre UDC.

Au Conseil fédéral, il y a probablement eu deux Ueli Maurer, écrit aussi le rédacteur en chef. «Le ministre de l'Armée, rabougri, maladroit, casque à boulons et peu à l'aise, comme d'autres avant et après lui, dans ce département qui ne lui plaisait pas».

«Aux Finances, il s'est libéré, épanoui, réalisant un score quasi-soviétique à sa dernière élection à la présidence de la Confédération. Sa liberté de ton – fissurant souvent la collégialité – était aussi exaspérante que contrastante avec la langue de bois de ses collègues», juge-t-il.

Bilan de maigre à contrasté

A l'heure du bilan, Le Temps se montre sévère. «Son bilan politique demeure assez maigre. Alors à la tête de l'armée, il avait échoué, au terme d'une campagne catastrophique, à convaincre les Suisses d'acheter les Gripen. Et tout récemment, il a raté ses réformes fiscales, ni le droit de timbre ni l’impôt anticipé n'ont été supprimés», juge son éditorialiste.

La version alémanique de watson.ch souligne elle que M. Maurer a «tenté de faire le grand écart entre père de la patrie et soldat de son parti. Il n'y est pas toujours arrivé», ce qui rend son bilan contrasté. Mais au-delà des critiques, il «est resté quelqu'un qui a les pieds sur terre (...) et qui était aussi ou surtout à l'écoute des gens simples».

Toujours outre-Sarine, le Tages-Anzeiger écrit dans son édition en ligne que le ministre zurichois «était un des politiciens suisses les plus versatiles des dernières décennies, imprévisible et agile, représentant essentiellement une droite dure. Son départ achève le changement de génération à l'UDC».

Le journal souligne aussi le «cadeau» qu'il fait à son parti en quittant le Conseil fédéral un an avant les élections fédérales. L'UDC a ainsi l'occasion de «faire défiler son personnel de haut niveau».

sj, ats