L'arrivée de la Suisse au Conseil de sécurité depuis près de trois semaines l'a fait changer de dimension sur la scène internationale. L'effet sur son attractivité en marge du WEF à Davos (GR) existe, mais il se fait surtout sentir chez les autres membres de l'organe.
Le Forum économique mondial (WEF) est «une très belle occasion, surtout après la pandémie. Il faut dire que pendant deux ans on n'a eu plus vraiment de contacts», a affirmé à Keystone-ATS le président de la Confédération Alain Berset. «Nous sommes faits pour nous rencontrer physiquement».
Mais M. Berset ne voit pas directement une volonté de la part des autres pays de rencontrer les conseillers fédéraux en raison du siège pour deux ans au Conseil. En plus d'autres raisons, cette présence «joue peut-être aussi un rôle, c'est intéressant d'avoir des contacts avec la Suisse», dit-il.
Aussi bien le président de la Confédération que le chef de la diplomatie Ignazio Cassis ont surtout abordé cette question avec les Etats impliqués. Comme l'Equateur, élu en même temps que la Suisse pour un mandat à l'organe le plus élevé du système onusien. Des rencontres avec le président et le chef de la diplomatie de ce pays ont eu lieu pour anticiper des discussions dans les prochains mois à New York.
Dialogues «détaillés»
M. Cassis a toutefois dit à la presse avoir senti que la Suisse avait changé de dimension sur la scène internationale. Avec ses homologues, il a davantage discuté de ce siège au Conseil que son collègue, «de manière détaillée». Mais là encore, l'appétit vient surtout des ministres de pays également membres ou de certains qui l'ont été récemment ou dont le gouvernement souhaiterait le devenir.
Les chefs d'Etat présents à Davos ont une approche variée sur l'arrivée de la Suisse. La Macédoine du Nord salue le rôle que pourra jouer Berne pendant deux ans. «Ils vont faire du bon travail», a estimé son président Stevo Pendarovski.
Parmi ceux qui ont rencontré le président de la Confédération, certains accueilleraient favorablement un soutien de la Suisse sur certaines questions importantes pour eux. Le président lituanien Gitanas Nauseda souhaiterait que Berne appuie la demande d'un tribunal spécial pour juger les atrocités perpétrées dans le cadre du conflit ukrainien.
Discussion avec Guterres
Mais il sait bien qu'il n'aura que peu d'influence sur un tel soutien. «Cela dépendra du gouvernement suisse», admet-il. Il faudra toutefois que l'ONU s'empare de cette revendication du président ukrainien Volodymyr Zelensky et de certains de ses voisins, dont M. Nauseda, pour qu'elle puisse se matérialiser. Or, Moscou opposerait son veto si une initiative était portée pour être discutée.
Un soutien important du Conseil de sécurité, le président colombien Gustavo Petro l'a déjà obtenu pour l'application de l'accord de paix de 2016 avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), massivement appuyée par l'organe onusien. L'aide politique suisse porte plutôt sur l'accompagnement des pourparlers avec l'Armée de libération nationale (ELN), à la demande de Bogota.
Le siège suisse au Conseil de sécurité ne fait qu'étendre l'intérêt de travailler ensemble, dit le président colombien. A Davos, M. Berset a rencontré également le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. Il était accompagné par Viola Amherd qui devrait lui succéder et piloter l'année prochaine, comme lui cette année, des réunions au Conseil de sécurité. M. Berset se rendra notamment en mai à New York pendant la présidence suisse du Conseil de sécurité.