Canton de Vaud Un observatoire des précarités créé dans le canton de Vaud

mabr, ats

11.3.2022 - 19:23

En Suisse, une personne sur six vit dans la pauvreté. Forte de ce constat, la Haute école de travail social et de la santé Lausanne (HETSL) a annoncé vendredi la création d'un Observatoire des précarités. En fonction dès le mois de mai, il aura pour objectif de documenter le phénomène, de créer un dialogue entre ses divers acteurs et d'améliorer la réponse sur le terrain.

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KEYSTONE/Martial Trezzini

Keystone-SDA, mabr, ats

«Déjà avant la pandémie, une personne sur six vivait dans la pauvreté en Suisse, mais la crise sanitaire due au Covid-19 a créé un point de bascule, non seulement en rendant visible ce phénomène, mais aussi en renforçant les précarités et en creusant les inégalités», a indiqué Alessandro Pelizzari, Directeur de la HETSL vendredi devant la presse.

Les images de personnes faisant la file pour recevoir de la nourriture dans le canton de Genève lors de la première vague de Covid-19 ont marqué les esprits. Des indépendants sans couverture perte de gains, des étudiants ayant perdu leur travail d'appoint, des migrants craignant pour le renouvellement de leur permis, ainsi que des personnes n'ayant pas fait valoir leur droit aux prestations sociales constituent entre autres ces personnes précaires jusque-là invisibles.

«Lors de la pandémie, des accueils de nuit ont soudain vu arriver des personnes salariées, qui n'étaient jamais venues jusque-là», a relevé de son côté Caroline Regamey, responsable de l'action sociale au Centre social protestant (CSP) Vaud.

Documenter, dialoguer et accompagner

Si le phénomène n'était pas inconnu, la pandémie a permis de «prendre conscience de son ampleur», a déclaré la conseillère d'Etat Rebecca Ruiz, en charge du Département de la santé et de l'action sociale. L'heure est désormais à l'action. «Pour combattre la précarité, il faut d'abord la nommer, puis comprendre les enjeux collectifs et sociaux dont elle résulte».

C'est l'objectif de l'Observatoire des précarités, mis sur pied en l'espace d'une année par la HETSL, avec l'appui des autorités sanitaires et politiques cantonales.

Sa responsable, Emilie Rosenstein, explique que celui-ci aura trois missions. «Il s'agira tout d'abord de documenter le phénomène; de dialoguer avec les différents acteurs pour pérenniser l'esprit de rencontre et de mise en commun des compétences qui a permis de rapidement trouver des solutions lors de l'urgence de la pandémie; et enfin d'accompagner sur le terrain les étudiants et les travailleurs sociaux face aux phénomènes émergents apparus avec la pandémie».

Les personnes en situation de précarité, «premières expertes» du phénomène auront voix au chapitre par le biais de méthodes participatives, pointe Emilie Rosenstein. Leur expérience de vie viendra enrichir les compétences académiques issues de la HETSL et celles de la vingtaine de partenaires sur le terrain.

Mieux réagir en temps de crise

«Les recherches issues de l'Observatoire des précarités pourront alimenter les réflexions et les analyses socio-politiques, et nous permettront de réagir mieux et plus vite en temps de crise», se réjouit Caroline Regamey.

Selon la conseillère d'Etat en charge de la formation, de la jeunesse et de la culture Cesla Amarelle, la mission de l'Observatoire est primordiale. «Une meilleure compréhension des précarités nous permettra d'optimiser nos actions en vue d'offrir l'égalité des chances à chaque élève».

Le lancement officiel de l'Observatoire aura lieu en mai. Des mini conférences ainsi qu'une table ronde destinée aux professionnels, aux étudiants, ainsi qu'à toute personne intéressée auront lieu à cette occasion.