AgricultureUn réseau de recherche pour sauver la culture betteravière
uc, ats
20.4.2021 - 16:10
Keystone-SDA, uc, ats
20.04.2021, 16:10
20.04.2021, 16:11
ATS
Un réseau de recherche a été créé afin de sauver la culture betteravière suisse, mise en péril par l'interdiction du pesticide Gaucho. L'an dernier, les betteraves sucrières ont été fortement touchées par la jaunisse virale, avec de grosses pertes de rendement.
Au printemps 2020, deux ans seulement après l’interdiction des néonicotinoïdes en Europe, les champs situés à l’ouest de Soleure étaient affectés par la jaunisse virale et les agriculteurs concernés ont dû éponger d’importantes pertes financières.
En Suisse romande, dans les régions affectées, les pertes de rendement ont pu atteindre entre 30% et 50%. L’explication réside dans l’abandon du traitement des semences avec le Gaucho, un produit contenant des néonicontinoïdes, qui a protégé les betteraves pendant les 25 dernières années.
La démotivation des planteurs est perceptible, d’autant plus que d’autres maladies s’y ajoutent. Pour l’exercice en cours, le recul des champs mis en culture représente 1545 hectares. Sans les programmes d’encouragement des cantons de Vaud, de Fribourg et de Genève visant à stabiliser les surfaces, la production de sucre suisse serait encore plus sous pression en 2021.
Pour lutter contre le puceron vert, considéré comme vecteur principal de la jaunisse virale, l’Office fédéral de l'agriculture (OFAG) a autorisé de façon exceptionnelle et pour une année seulement les deux principes actifs Acétamipride et Spirotetramat pour la pulvérisation des surfaces. Par ailleurs, Agroscope a alloué d’importants fonds à la recherche sur les betteraves pour les huit prochaines années.
Réseau de recherche
Ainsi, le 24 mars dernier, le Centre betteravier, la station fédérale Agroscope, la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires, l’Institut de recherche pour l’agriculture biologique et les services phytosanitaires cantonaux ont fondé un réseau de recherche pour le sauvetage de la culture betteravière en Suisse, indique un communiqué commun publié mardi.
La priorité est accordée aux stratégies de lutte contre le puceron du feuillage, vecteur le plus important de la jaunisse virale et contre la cicadelle qui propage le très redouté syndrome des basses richesses, d’origine bactérienne.
En complément des bases entomologiques, on y développe également des tests diagnostiques pour déterminer et quantifier les divers virus et bactéries impliqués. En outre, il s’agit d’évaluer l’efficacité de méthodes de lutte chimiques et alternatives, par exemple les bandes fleuries, les sous-semis ou la dissémination de prédateurs naturels.
Les maladies fongiques en hausse représentent un autre défi. Des projets de recherche visent également la réduction des herbicides, voire la culture sans herbicides.
Un des objectifs est de trouver la génétique la plus tolérante pour les régions affectées et de la recommander aux planteurs. La sélection d’une variété spécifiquement adaptée au site où elle est cultivée est déterminante pour préserver la récolte en cas de maladie. La mise en place de cette mesure exige cependant du temps.
Autorisations d'urgence
En 2018, l’UE a interdit les néonicotinoïdes pour l’enrobage des semences en plein champ. En Suisse, ces insecticides ont été aussi interdits, en raison de leur lente dégradation dans le sol et de leur toxicité pour les abeilles.
Une dizaine de pays de l'Union européenne, dont la France, ont autorisé l'an dernier en urgence la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes pour sauver la filière de la betterave. La Suisse a choisi une autre voie en autorisant les deux pesticides précités, qui selon l'OFAG sont 100 à 1000 fois moins toxiques pour les abeilles et les organismes aquatiques que le Gaucho.
En outre, leur mode d'utilisation est différent. Ce sont des produits de traitements foliaires qui sont appliqués seulement en cas d'apparition de pucerons.