Le secteur international ou non lié à l'armée de l'entreprise d'armement RUAG ne sera à terme plus en mains fédérales. Un groupe aérospatial sera créé et privatisé. Le reste sera vendu. La Confédération ne possédera plus que le domaine travaillant pour le DPPS.
La ministre de la défense Viola Amherd a communiqué lundi la stratégie du Conseil fédéral pour l'avenir de l'entreprise. La situation a fondamentalement changé ces vingt dernières années. RUAG a doublé son chiffre d'affaires, d'un à deux milliards de francs.
Et, comme l'a souligné le président de son conseil d'administration Remo Lütolf, «ce n'est plus le forgeron d'armes de la Confédération». Les prestations nécessaires au fonctionnement de l'armée ne représentent plus que 30% du chiffre d'affaires. Depuis 2017, plus de 50% des employés sont en outre situés à l'étranger.
Selon Viola Amherd, il est nécessaire de dissocier complètement les activités de base du reste. Dès janvier 2020, RUAG Holding deviendra une société de participation scindée en deux groupes dirigés séparément.
MRO CH (environ 2500 collaborateurs, sites de production en Suisse) travaillera pour l’armée. RUAG International (environ 6500 collaborateurs, dont deux tiers à l’étranger) sera composé des autres secteurs d’activité. Il n'y aura pas de financement croisé.
Lié à l'armée
MRO CH proposera en premier lieu au Département fédéral de la défense (DDPS) des tâches d’entretien, de réparation et de révision ainsi que de prestations de maintenance des systèmes importants pour l’engagement comme les avions de combat. Elle reprendra aussi l'immobilier de RUAG, qui restera en mains fédérales à l'exception du site de Zurich Seebach. Il faudra encore définir quels sites seront maintenus ou non.
Mecanex (Etats-Unis) et Glückauf (Allemagne) rejoindront MRO CH, mais avec un système informatique séparé. Le système informatique de MRO CH sera dissocié du reste de RUAG et intégré dans le périmètre de sécurité du DDPS. But: renforcer encore la sécurité informatique notamment suite à la cyberattaque de 2016.
Dans une certaine mesure, MRO CH pourra aussi exécuter des mandats pour des tiers. Mais seulement depuis la Suisse et uniquement en présence de synergies avec les activités de l’armée, par exemple dans le cadre de la maintenance d’hélicoptères. La création d’une coentreprise est envisagée pour le domaine «Simulation and Training».
Ventes
Les autres secteurs seront placés provisoirement sous la houlette de RUAG International. Une bonne partie sera vendue, pour une valeur globale estimée à 500 millions de francs. Ce sera le cas des domaines Cyber ou MRO International. RUAG Ammotec, qui s'occupe des munitions de petit calibre, sera aussi vendue.
Mais plusieurs conditions seront posées comme le maintien des emplois et du site de Thoune. Même si l'on ne peut pas obtenir des garanties éternelles, le nouveau propriétaire n'aurait aucun intérêt à supprimer une bonne infrastructure, selon la ministre de la défense.
RUAG Ammotec emploie quelque 2000 personnes dont 300 en Suisse. L'approvisionnement de l'armée sera assuré, a souligné Viola Amherd. Aujourd’hui déjà, les sites de production en Suisse dépendent de composants (poudre, éléments d'allumage) venant de l’étranger.
Aérospatial
Une partie de l'argent issu des ventes sera réinvestie dans un nouveau groupe aérospatial, qui devrait être privatisé à terme. La valeur de l'entreprise, qui est appelée à fortement se profiler, est estimée entre 500 et 700 millions de francs. Selon Remo Lütolf, la Suisse deviendra le «vaisseau amiral de l'aérospatiale».
La Confédération pourrait en tirer un bon prix. Faute de base légale, elle ne peut pas détenir durablement de participation dans un groupe technologique de ce type. Le Conseil fédéral n’y voit en outre aucun intérêt public. Mais il veut absolument que le savoir-faire et les emplois restent en Suisse, a dit Viola Amherd.
Le groupe Aerospace gérera un domaine en principe civil. L'idée de se concentrer uniquement sur le spatial (trop concentré aux Etats-Unis) ou l'aéronautique (trop dépendant d'Airbus) a été écartée pour le moment. RUAG soumettra cette année un plan de mise en oeuvre.
La privatisation, qui pourrait intervenir dans les années qui suivent 2021, devrait se faire via une entrée en bourse. Les décisions seront prises «en temps voulu», selon la ministre de la défense. Si cette stratégie ne marche pas, une vente complète de tous les domaines de RUAG international pourrait être envisagée.
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