Coronavirus USS: pouvoir d'achat et emplois

ATS

15.4.2020 - 17:53

L'USS a donné une conférence de presse mercredi à Berne transmise en livestream auprès des journalistes.
L'USS a donné une conférence de presse mercredi à Berne transmise en livestream auprès des journalistes.
Source: KEYSTONE/PETER KLAUNZER

Pour éviter les problèmes sociaux et des dégâts économiques trop importants, les salaires doivent être garantis et les licenciements évités, plaide l'Union syndicale suisse. Cela représente le meilleur programme conjoncturel pour toute stratégie de sortie de crise.

L'USS comme le reste de la Suisse attend les stratégies de sortie de crise que devrait annoncer le Conseil fédéral jeudi. L'USS regrette à ce stade un manque de cohérence.

Il s'agit de trouver une solution pour les salariés particulièrement vulnérables face au virus, a plaidé Pierre-Yves Maillard, le président de l'USS mercredi à Berne en livestream avec la presse. Alors que l'Office fédéral de la santé publique les invite «à tout prix» à rester à la maison, ces personnes sont contraintes de continuer à travailler.

Le coronavirus va représenter une menace pendant un certain temps encore. «Il n'est pas acceptable que les mesures de lutte contre la contagion ne soient appliquées qu'insuffisamment sur les lieux de travail. C'est un obstacle pour la reprise à plein de l'activité économique», estime l'USS, qui est ouverte à une définition plus précise des critères de vulnérabilité.

«Nous aimerions que les épidémiologues s'occupent aussi du monde du travail, a poursuivi le Vaudois. Il faut que les cantons et la Confédération engagent des moyens pour assurer que les mesures de distance et de protection soient garanties.»

Il décèle un décalage entre les moyens mis à disposition pour la répression et le contrôle dans le monde du travail: «On voit des forces de police qui mettent des amendes à des jeunes: cela représente beaucoup de forces engagées ici pour contrôler l'épidémie.»

Licenciements

Revenant à la situation économique dans son ensemble, l'économiste Daniel Lampart s'inquiète. «Entre fin mars et le 9 avril, 10'000 personnes de plus se sont retrouvées au chômage. Lors des récessions précédentes, nous avions connu des hausses mensuelles de 4000 personnes». Et un récent sondage d’economiesuisse révèle que 30% des entreprises ont l’intention de licencier des employés au cours des deux mois à venir.

Plusieurs sources d'informations semblent indiquer que l'économie suisse ne tourne plus qu'à 75%, poursuit-il. L’effondrement de l'économie mondiale et la réduction drastique des déplacements et des voyages mettent à mal le tourisme, l'industrie d’exportation et le trafic aérien. La fermeture de pans entiers de l'économie suisse a occasionné des pertes colossales, surtout dans le secteur des services.

Record de chômage partiel

Le nombre de salariés au chômage partiel a atteint en peu de temps un record absolu de 1,5 million de personnes, ce qui correspond à environ 25% des ayants droit, souligne Daniel Lampart. Il s’agit là toutefois d’une estimation, puisque de nombreuses demandes n’ont pas encore été traitées dans les cantons. À ce rythme, les six milliards de francs alloués par la Confédération à l’assurance-chômage devraient être épuisés en avril déjà, estime-t-il.

Pour les salariés à revenus faibles ou moyens, l'USS plaide pour de nouvelles mesures comme une garantie de paiement de leur salaire à 100% ou une réduction des primes d'assurance maladie, financée par la Confédération. Parallèlement, les entreprises qui recourent au chômage partiel doivent s'abstenir de licencier ou de payer des dividendes. Les travailleurs proches de l'âge de la retraite devraient bénéficier d'une protection accrue contre le chômage.

Pouvoir d'achat

«La préservation du pouvoir d'achat pour les revenus bas et moyens doit être la première priorité dans la lutte contre la crise», a dit Pierre-Yves Maillard. La présidente d'Unia et vice-présidente de l'USS, Vania Alleva ajoute: «Il faut à la fois contrôler la pandémie et lutter contre les injustices sociales. Aujourd'hui, les filets de sécurité ne protègent pas encore tout le monde».

L'USS demande encore au Conseil fédéral de présenter une solution pour le financement de l'accueil de jour des enfants. En ce moment, environ la moitié des personnes professionnellement actives font du télétravail – 32% exclusivement et 19% partiellement, a encore relevé Daniel Lampart.

Pour beaucoup d’entre eux, le télétravail se cumule avec la garde des enfants, soit une double charge «presque impossible à gérer au quotidien».

L'absence durable des personnes âgées pour assurer ces tâches doit aussi être compensée par la création de places, – pas moins de 50'000 places en structures d’accueil, selon certaines estimations -, et la poursuite de l'allocation perte de gains pour les parents, demande encore l'USS.

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