Effet collatéral Vidés par la pandémie, les EMS doivent s'adapter 

La Rédaction de Blue News

21.5.2021

À cause du Covid-19, les maisons de retraite vaudoises sont frappées par une «sous-occupation extraordinaire», rapportait le 24 Heures du 18 mai. Une situation qui touche également les EMS des autres cantons romands. La réflexion est en cours pour gérer cette nouvelle donne, vraisemblablement temporaire. Tour d'horizon. 

La Rédaction de Blue News

Après le passage du coronavirus, les EMS ne sont plus occupés à leur pleine capacité comme ils l'étaient auparavant.  (image d'illustration)
Après le passage du coronavirus, les EMS ne sont plus occupés à leur pleine capacité comme ils l'étaient auparavant.  (image d'illustration)
Universal Images Group via Getty Images

Pour les EMS, il y a eu un avant pandémie, où les établissements étaient saturés, les personnes désirant s'y établir devant souvent s'inscrire sur une liste d'attente. À cause de la surmortalité entrainée par le coronavirus, il y a désormais un après, où les lits vides sont nombreux. 

Sur Vaud, relate le 24 Heures, c'est surtout l'Est du canton qui est touché par cette situation inédite. La deuxième vague y a été particulièrement virulente. Pour pallier aux pertes induites, les différents établissements interrogés par le média vaudois évoquent différentes solutions. Comme des fermetures de lits, le report d'ouverture de lits prévues, des réductions de personnel -sans licenciements toutefois- ou le bannissement des chambres multiples au profit de chambres individuelles. 

Phénomène observé dans d'autres cantons romands 

Le taux d'occupation des EMS a également baissé ailleurs en Romandie. À Neuchâtel par exemple, il se situe environ à 95%, contre 98% habituellement. Dans le canton de Genève, les mêmes proportions sont constatées, relate Florian Erard, de la fédération genevoise des établissements médico-sociaux (Fegems): «Nous avons observé une diminution du taux d’occupation depuis le mois de novembre 2020. Il remonte petit à petit. Pour le mois d’avril, celui-ci (44 EMS membres de la Fegems sur 54) est de 95,18% comparé aux 98% demandés par l’État et servant de référence à déterminer le financement», précise-t-il.

À Fribourg, le taux d’occupation à ce jour est d’environ 94%, pour ce qui est des lits ouverts, car environ 45 lits sont provisoirement fermés. Le taux d’occupation moyen en EMS en 2019 à la même période y était de 96%

Le nombre de lits vides actuellement

  • 300 environ dans le canton de Vaud
  • 200 environ en Valais
  • 70 à 80 dans le canton de Neuchâtel
  • 74 à Genève (pour les 44 EMS faisant partie de la Fegems)
  • 160 environ à Fribourg

En Valais, le taux était descendu à 85% en février. Il est désormais remonté à 93%, l'occupation normale étant de 99%. Arnaud Schaller, directeur de l'Association valaisanne des EMS (AVALEMS) ajoute: «Les entrées sont également moins nombreuses qu’auparavant. Il s’agit en fait plus précisément d’un décalage dans le temps du placement en EMS en raison des inconnues liés à la pandémie, plus particulièrement les mesures actuellement encore en vigueur et la crainte de voir les portes se refermer. Cependant, il faut relativiser et dire que la situation s’améliore lentement depuis la vaccination complète, effective en février en Valais pour les résidents.»

À terme, Arnaud Schaller considère qu'il s’agira probablement d’un «épiphénomène», en regard des projections démographiques et du besoin en soins de longue durée induit. Dans le 24 Heures, Vincent Matthys, à la tête du Réseau Santé Haut-Léman, relativise lui aussi: «La situation devrait redevenir normale d’ici à la fin de l’année», estime-t-il. Du côté du canton de Fribourg, la secrétaire générale de l'Association fribourgeoise des institutions pour personnes âgées, Claude Bertelletto Küng, indique: «Nous constatons une amélioration progressive de la situation et de nombreuses entrées en EMS ont lieu à nouveau.»

Des adaptations, mais pas de révolution

À l'instar de ceux du canton de Vaud, les autres EMS romands s'adaptent comme ils le peuvent à la situation actuelle. L'abolition des chambres doubles, par exemple, est aussi à l'ordre du jour à Neuchâtel, mais pas uniquement, selon Yves Grosclaude, chef d'office du maintien à domicile et de l'hébergement: «Cette mesure est mise en œuvre depuis quelques années dans le cadre de la planification médico-sociale et s’est poursuivie ces derniers temps ; pour pallier à l’inoccupation, les EMS peuvent adapter leurs effectifs en personnel, faire appel aux RHT ou solliciter des aides cantonales.»

À Genève, «c’est plutôt au niveau du personnel que des mesures sont prises, à savoir moins d’intérim, pas de remplacement des départs à la retraite, pas de prolongation des CDD en CDI», énumère Florian Erard.

Pour ce qui est de Fribourg, Claude Bertelletto Küng note :«La situation étant très différente d’un EMS à l’autre, ceux-ci recherchent de manière individuelle avec le canton des solutions adéquates, en fonction de leurs particularités.»

Certains EMS fribourgeois ont ainsi choisi de provisoirement fermer des lits dans les chambres doubles ou des unités entières. «Plusieurs solutions ont été proposées par le canton aux EMS, ajoute-t-elle, notamment la possibilité de recevoir plus de résidants pour des courts séjours et, au niveau du personnel, un rattrapage des vacances, respectivement des heures supplémentaires pour le personnel, une flexibilité dans l’échange de dotation entre les EMS au sein du district et sur l’ensemble du canton, ainsi qu’avec l’aide et soins à domicile.»

En outre, certains EMS recrutent à nouveau du personnel afin d’accueillir en pleine capacité les nouveaux résidents. «Ils rencontrent de grosses difficultés dans la recherche de personnel soignant diplômé, en particulier infirmier», précise Claude Bertelletto Küng.



En Valais aussi, les solutions sont appliquées au cas par cas, les différentes régions ne se trouvant pas toutes dans la même situation. Arnaud Schaller relève: «La région de Sierre est beaucoup plus touchée que d’autres. Donc ce sont des mesures appliquées de manière précise selon la situation régionale. Globalement, la fermeture de chambre à deux lits fait écho des nouveaux besoins et standards. C’est donc un accélérateur de tendance et non un chamboulement complet.»