Elu à l'unanimité Le Vietnam a un nouveau président 

ATS

21.10.2024 - 15:33

Le Vietnam a un nouveau président, l'ancien général Luong Cuong, désigné à l'unanimité lundi par l'Assemblée nationale, dernier mouvement de la valse des dirigeants qui a recomposé le pouvoir communiste à la tête du pays sur fond de campagne anti-corruption.

Une photo diffusée par l'Agence de presse du Vietnam montre le président nouvellement élu Luong Cuong (C) prêtant serment lors de la 8e session de la 15e législature de l'Assemblée nationale, à Hanoi, au Vietnam, le 21 octobre 2024.
Une photo diffusée par l'Agence de presse du Vietnam montre le président nouvellement élu Luong Cuong (C) prêtant serment lors de la 8e session de la 15e législature de l'Assemblée nationale, à Hanoi, au Vietnam, le 21 octobre 2024.
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Seul candidat, Luong Cuong a été élu par les 440 membres de l'hémicycle, réunis dans la capitale Hanoï, a annoncé la chaîne de télévision d'Etat. Au Vietnam, le président est chef d'Etat mais ses fonctions demeurent principalement protocolaires.

«Je me suis porté volontaire pour rejoindre l'armée en février 1975, avec l'objectif de combattre pour la libération du Sud. A cette époque, je voulais simplement survivre (...) sans aucune ambition pour tel ou tel poste», a affirmé le nouveau chef d'Etat, très «reconnaissant» pour son élection.

La nomination de Luong Cuong, 67 ans, s'inscrit dans une période de changements inhabituelle au sommet du régime communiste, sur fond de luttes intestines et de purge anticorruption.

Ces deux dernières années, deux présidents et un président de l'Assemblée nationale ont quitté leurs fonctions, après des accusations de mauvaises pratiques.

Au même moment, l'ancien ministre de la Sécurité publique To Lam s'est imposé comme personnalité la plus influente du régime: il a pris cet été la tête du parti à la mort de son emblématique secrétaire général, Nguyen Phu Trong.

Avec l'intronisation de Luong Cong, le mécanisme des quatre piliers, supposé garantir un partage du pouvoir entre le secrétaire général du parti, le président, le Premier ministre et le président de l'Assemblée nationale, et éviter les abus, est «restauré», estime Nguyen Khac Giang, chercheur à l'institut d'études d'Asie du sud-est Yusof Ishak (ISEAS) de Singapour.

«Mais il ne créé pas une personnalité politique suffisamment puissante pour défier To Lam» au prochain congrès du parti en 2026, a-t-il poursuivi.

«Brasier ardent»

To Lam, nommé président en mai, puis rapidement promu chef du parti, s'est exprimé en début de journée pour son premier discours devant l'hémicycle depuis sa prise de fonction.

Le dirigeant exhorté a appelé les députés à durcir la discipline «dans le but de combattre les phénomènes négatifs».

Ce n'est pas la première fois qu'il s'engage à poursuivre la campagne anti-corruption d'envergure lancée par son prédécesseur ces dernières années.

Cette opération, surnommée «brasier ardent», a provoqué d'importants bouleversements à l'échelle du pays communiste, plutôt habitué aux tractations en coulisses et donnant ainsi une apparence de stabilité propice pour attirer les investisseurs étrangers cruciaux pour l'économie locale.

Ces mouvements s'inscrivent dans un contexte de querelles internes au parti communiste vietnamien pour le contrôle du pouvoir, selon des analystes.

Au cours de l'année écoulée, plus de 10'000 personnes ont été jugées lors de quelque 4800 procès, dans le cadre de la lutte contre la corruption, a recensé Le Minh Tri, président de la plus haute juridiction du Vietnam.

Cette campagne a fait éclater au grand jour un scandale à plusieurs milliards de dollars, dans lequel des dizaines de milliers d'épargnants ont été lésés, débouchant en avril sur la condamnation à mort de la dirigeante d'un géant de l'immobilier.