GenèveViolences domestiques : un plan d'action adopté
tb, ats
27.6.2024 - 12:24
A Genève, les infractions pénales pour violences domestiques ont augmenté de 11% en 2023 par rapport à 2022. Un plan d'action, qui passe par la prévention dès le plus jeune âge, a été adopté pour mieux combattre ce type de violence touchant principalement les femmes.
Keystone-SDA, tb, ats
27.06.2024, 12:24
27.06.2024, 14:29
ATS
Au total, 1939 infractions ont été recensées, selon le rapport annuel de l'Observatoire genevois des violences domestiques présenté jeudi. «Il y a une meilleure détection, mais ces chiffres ne représentent que la pointe de l'iceberg», a relevé la présidente du Conseil d'Etat Nathalie Fontanet.
Une vaste enquête va être lancée auprès de la population afin de mieux quantifier le nombre de victimes de violences, y compris celles qui ne font pas appel à la police ou au réseau d'associations. L'enquête sera élargie aux violences sexistes et sexuelles.
Un nombre record de 111 mesures d'éloignement ont été prononcées en 2023 à l'encontre des auteurs de ce type de violence. Les personnes sous le coup d'une mesure d'éloignement doivent participer à un entretien socio-thérapeutique. Mais le taux de participation à cette entrevue a chuté de 94% en 2020 à 67% en 2023. La police de proximité devra intensifier les rappels pour y remédier.
Violences psychologiques
Au total, 80% des victimes sont des femmes, tandis que les auteurs sont principalement des hommes (76%). Cette tendance se retrouve chez les mineurs: 58% des victimes sont des filles et 42% sont des garçons. Les victimes mineures de violences sexuelles sont à 78% des filles.
La grande majorité des violences (83%) est perpétrée par un partenaire ou un ex-partenaire. Il s'agit généralement de violences psychologiques, qui se cumulent avec des violences physiques, économiques et sexuelles. Les treize institutions qui participent à l'Observatoire ont pris en charge 5543 personnes, victimes ou auteurs.
Des insultes
Face à ces chiffres, qui montrent année après année la persistance des violences domestiques, le Conseil d'Etat a adopté un plan d'action qui se déploiera jusqu'en 2028. Parmi les mesures prévues: améliorer la prévention à l'école en renforçant les cours d'éducation sexuelle et affective.
«Ces cours sont parfois l'objet de polémiques ou de contestation, mais ils sont un outil essentiel en matière de prévention des abus», a relevé la conseillère d'Etat. Ils seront renforcés à l'école primaire et au cycle d'orientation. La dimension genrée des violences apparaît dès 13 ans au moment des premières expériences de couple avec déjà une volonté de contrôle et des insultes, a relevé la magistrate.
Subventions en hausse
Les actions passeront aussi par une meilleure protection des victimes. Régulièrement saturé, le réseau d'hébergement destiné à mettre à l'abri les victimes est désormais plus lisible par le biais d'une nouvelle plate-forme qui recense les places vacantes parmi les cent proposées dans différentes structures.
Le plan d'action inclut aussi la prise en charge des auteurs de violences domestiques afin d'éviter les récidives. Le dispositif actuel fait l'objet d'un examen par la Cour des comptes, dont les conclusions sont attendues d'ici la fin de l'année. Le canton travaille aussi sur un projet-pilote de surveillance électronique des auteurs, par le biais d'une montre connectée.
Le canton, qui a fait de la lutte contre les violences domestiques une priorité, a augmenté les subventions pour lutter contre ce fléau. Elles sont passées de 3,5 millions de francs en 2018 à 5,3 millions en 2024. «Même si cette augmentation atteint 53%, ce n'est jamais suffisant», a relevé Mme Fontanet, qui a annoncé une refonte de la loi sur les violences domestiques qui date de 2005.