Actes «inexcusables» Violences sexuelles en RDC: l'OMS licencie quatre personnes
sn, ats
28.9.2021 - 17:52
L'OMS est en cause après les violences sexuelles présumées perpétrées par des employés en RDC. Des «défaillances structurelles» et des fautes professionnelles sont ciblées par les enquêteurs. L'organisation s'est excusée auprès des victimes et a licencié 4 personnes.
sn, ats
28.09.2021, 17:52
ATS
L'année dernière, The New Humanitarian et la Fondation Thomson Reuters avaient révélé des accusations de violences sexuelles et de harcèlement lancées par des dizaines de femmes contre des travailleurs actifs de 2018 à 2020 sur la réponse à Ebola dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Nombre d'entre elles avaient ciblé des personnes «déclarant être» de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), mais d'autres agences onusiennes ou des ONG comme Médecins Sans Frontières (MSF) étaient aussi en cause.
Dans son rapport publié mardi à Genève, la commission d'enquête indépendante lancée par l'OMS après ces révélations, présidée l'ancienne cheffe de la diplomatie nigérienne Aïchatou Mindaoudou et l'activiste congolaise Julienne Lusenge, a pu établir que 21 auteurs présumés oeuvraient pour l'OMS. Au total, elle a entendu 210 personnes, dont près de 80 victimes présumées, parmi lesquelles plus de 60 femmes, près de 25 employés de l'OMS et des dizaines de collaborateurs d'agences onusiennes et d'ONG.
«Je suis désolé par ce qui vous a été fait», a dit aux victimes devant la presse le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus, dénonçant des actes «inexcusables» et «un jour sombre» pour l'organisation. Il a promis que les responsables seraient punis et a annoncé des investigations et des réformes.
Plusieurs responsables sanctionnés
Quatre licenciements ont été prononcés récemment pour les auteurs présumés toujours sous contrat. Tous les cas seront relayés auprès des autorités judiciaires.
Pour les personnes en cause pour leur inaction, M. Tedros a annoncé une investigation externe et deux personnes ont déjà été mises en congé administratif. A l'avenir, des procédures préliminaires seront ouvertes en cas de soupçons sans attendre des plaintes. Les victimes seront soutenues.
La commission cible encore des «défaillances structurelles évidentes» et un manque de préparation pour faire face à ces situations. «Une plus grande implication du bureau de la représentation de l'OMS en RDC aurait probablement permis de mieux gérer certains risques», «y compris risques d'incidents d'exploitation et d'abus sexuels», a-t-elle également affirmé.
Elle dénonce aussi des «négligences individuelles» qui équivalent à des fautes professionnelles. Notamment de la part du responsable des opérations d'urgence de l'OMS en Afrique Michel Yao, qui n'a pas réagi rapidement aux indications remontées vers lui.
Collaborateurs locaux et internationaux
La commission déplore également que «des auteurs présumés et identifiés ont tout simplement nié les faits, même en présence d’indices concordants» ou se sont réfugiés derrière l'argument de la «relation consensuelle». Du personnel local et international est en cause.
La commission relève la différence entre le nombre de victimes présumées qui se sont présentées au cours des investigations et «l'absence totale de signalement de cas d'exploitation et d'abus sexuels au niveau institutionnel». Les violences étaient perpétrées en échange d'une possibilité d'emploi, souvent pas attribuée ensuite, ou du maintien d'un emploi.
Parmi elles figurent au moins neuf viols. Certaines femmes ont été remerciées pour avoir refusé des prestations sexuelles, a dit à la presse un membre de la commission. Selon la commission, l'OMS s'appuie sur un dispositif juridique «suffisant en matière de prévention et de lutte contre l'exploitation et les abus sexuels». Mais celui-ci doit être appliqué de manière «plus efficace», dit Mme Mindaoudou.
Aussi bien M. Tedros que le chef du programme d'urgence Michael Ryan, tous deux à Genève, et la directrice régionale Matshidiso Moeti, sont hors de cause. Outre l'OMS, des agences onusiennes et des ONG avaient annoncé avoir ouvert une investigation.