Zurich pionnierUn an de service de prévention de la pédosexualité
gf, ats
7.6.2022 - 14:30
Le premier service anonymisé et gratuit de prévention et de traitement de la pédosexualité en Suisse a 1 an. Lancé dans le canton de Zurich, il a été contacté par 50 personnes, dont 48 hommes et deux femmes, de 16 à 69 ans. Il vise à empêcher tout passage à l'acte.
Keystone-SDA, gf, ats
07.06.2022, 14:30
07.06.2022, 14:38
ATS
«Ce service peut aider et a déjà aidé», s'est félicité Natalie Rickli (UDC), ministre zurichoise de la santé, mardi face aux médias. Elle a qualifié la première année de fonctionnement de «succès». Beaucoup de pédophiles souffrent de leur tendance et veulent éviter que des enfants en soient victimes, a-t-elle souligné.
Âge moyen: 38 ans
En moyenne, une personne par semaine prend contact par téléphone ou par courriel avec le service de prévention en raison de ses pulsions pédosexuelles. Son âge moyen est de 38 ans. Un tiers des personnes concernées est domicilié dans un autre canton, constate Fanny de Tribolet, directrice du service.
Dix autres personnes ont contacté le service zurichois en tant que proche d'une personne concernée. Seize appels ou courriels provenaient de prestataires de thérapies.
Un tiers n'est encore jamais passé à l'acte
Sur les 50 pédophiles entrés en contact avec le service, près de deux tiers sont venus à un premier rendez-vous. La plupart de ces personnes ont continué à s'y rendre à des fins thérapeutiques ambulatoires.
Parmi les personnes qui ne se sont finalement pas déplacées, deux tiers étaient sous le coup d'une procédure pénale. Elles ont été mises en contact avec des psychiatres spécialisés dans le domaine judiciaire. Un tiers des pédophiles ont renoncé à venir, car ils habitent dans un autre canton qui ne garantit ni la gratuité ni l'anonymat de la thérapie face aux caisses maladie.
Sur les 50 personnes qui se sont manifestées, 39% ont commis des abus non élucidés dans le passé et 29% ont commis des délits poursuivis il y a longtemps. Elles souhaitent éviter de récidiver à l'avenir. 35% des prises de contact proviennent de pédophiles qui disent n'être jamais passé à l'acte.
Anonymat face aux caisses maladie
Les motivations des pédophiles cherchant de l'aide sont diverses. Certaines personnes ont conscience de leur problème depuis leur jeunesse et souffrent de dépressions et d'isolement. Beaucoup ont besoin d'un échange et de soutien. Dans certains cas, la prise de contact survient sous la pression d'un proche ou lors d'un conflit au sein du couple.
Certains ont de la peine à renoncer à consommer de la pornographie enfantine et souffrent d'une addiction de ce type. D'autres veulent un diagnostic, voire un traitement médicamenteux. 80% souffrent d'un autre trouble psychique, dépression en tête.
L'anonymat face au service est garanti lors de la prise de contact et du premier entretien sur place. Il tombe en général à la fin du premier rendez-vous, les personnes concernées n'ayant alors plus aucune peine à donner leur identité. Il est toutefois d'autant plus important que l'anonymat soit maintenu face aux caisses maladie.
Prise en charge au plus tôt
Le service de prévention et de traitement de la pédosexualité permet, dans un premier temps, de réduire le stress qu'entraîne sa propre pédophilie. Elle vise ensuite à renforcer le contrôle sur son propre comportement afin d'empêcher le passage à l'acte ou la consommation de pornographie enfantine et de protéger les enfants, souligne la psychiatre Nadja Weir, responsable spécialisée du projet.
«La préférence sexuelle pédophile n'est pas un choix, c'est une destinée», insiste la spécialiste. Souvent, les personnes pédophiles s'en rendent déjà compte à l'adolescence. «Il est important de les prendre en charge le plus tôt possible pour empêcher un passage à l'acte», ajoute Mme Weir. La prestation s'adresse donc aussi aux ados.
Le site du service de prévention www.kein-taeter-werden.ch a déjà enregistré 26'000 clics. Il contient des informations pour les personnes concernées, pour leurs proches, pour leurs spécialistes traitants et pour les journalistes. Une nouvelle campagne lancée début juin doit permettre de faire connaitre davantage le service à travers des spots TV et sur les réseaux sociaux, notamment.