Difficile à admettre Mangeriez-vous du porc si vous saviez que le cochon est un être sensible?

Relax

24.2.2023 - 13:13

(ETX Daily Up) – De multiples travaux scientifiques attestent du fait que les animaux sont «sentients», c’est-à-dire capables de ressentir du plaisir, de la douleur et des émotions. Mais les consommateurs peinent encore à les voir sous ce prisme, selon une récente étude britannique.

Les consommateurs ont encore du mal à concevoir que des animaux comme les cochons sont des êtres doués de sensi­bilité.
Les consommateurs ont encore du mal à concevoir que des animaux comme les cochons sont des êtres doués de sensi­bilité.
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Des scientifiques de l’université du Kent ont mené plusieurs expériences auprès de 2417 personnes afin de connaître leur point de vue sur la sensibilité des bêtes. Certains des participants de cette étude, dont les conclusions ont été publiées dans la revue Cognition, mangent plus ou moins régulièrement de la viande, tandis que d’autres excluent de leur quotidien tout produit d’origine animale.

Les chercheurs leur ont tous demandé d’attribuer une note, sur une échelle de 0 à 100, à une quinzaine de déclarations sur la sensibilité et les capacités cognitives des cochons. Ils ont voulu déterminer jusqu'à quel point les sondés estiment que ces mammifères omnivores sont des sujets conscients, qui ont leur propre point de vue sur le monde qui les entoure.

Une fois les notes données, l’équipe de recherche a expliqué aux participants de l’étude que la plupart des informations qu’elle leur avait donné sur les cochons étaient vraies. Un tiers étaient toutefois fausses, sans préciser lesquelles. Les chercheurs leur ont demandé d’évaluer à nouveau ces déclarations, afin de voir si leur opinion sur ces animaux à la queue en tire-bouchon avait changé en bien ou en mal.

Un rapport ambigu au vivant

Les scientifiques ont constaté que les sondés étaient capables de changer d’avis sur les capacités cognitives et émotionnelles des cochons, quel que soit leur régime alimentaire. Mais ils étaient plus enclins à croire que les porcs ne sont pas doués d’intelligence. «Ces résultats soutiennent à nouveau l'idée que les gens ont tendance à sous-estimer la probabilité que les animaux ont un esprit», peut-on lire dans l’étude.

En d’autres termes, les consommateurs ont encore du mal à concevoir que les animaux sont des êtres doués de sensi­bilité, comme eux. Le phénomène psychologique derrière cette réticence est connu: il s’agit de la dissonance cognitive, théorisée dans les années 1950 par le psychologue américain Leon Festinger. Cet état se traduit souvent sous la forme d’un inconfort psychologique qui survient lorsque des croyances sont incompatibles avec un comportement, y compris alimentaire. Ainsi, l’écrasante majorité des personnes qui consomment ou ont consommé de la viande– les fameux «carnistes»– le font par goût ou par convention sociale, sans penser à la souffrance que suscite ce choix chez les animaux qui finissent dans leurs assiettes.

Ce phénomène de dissonance cognitive explique aussi pourquoi le grand public conçoit beaucoup plus facilement que le chien est un animal doué de sentience que le cochon, comme l’ont remarqué les chercheurs de l’université de Kent. «Les participants étaient davantage convaincus que les preuves suggérant que les chiens ont un esprit étaient vraies que celles suggérant que les cochons en ont un», notent-ils dans leur étude. Un paradoxe qui montre à quel point notre rapport aux animaux est ambigu.