Quand la réalité dépasse la fictionLes prémonitions de l'écrivain Deon Meyer
AFP
30.4.2020 - 14:00
Deon Meyer aurait préféré que «L'Année du Lion» reste du strict ressort de la fiction. Mais voilà, l'actuelle pandémie de coronavirus a fait du roman de l'écrivain sud-africain un livre d'anticipation d'une inquiétante actualité.
«Je n'y trouve aucune satisfaction», s'empresse de dire l'auteur de polars à succès. «Je ne peux m'empêcher de penser à la tristesse de ces milliers de gens qui ont perdu des proches ou un emploi, et vivent dans la peur».
«L'Année du Lion» – «Fever» en anglais – raconte le combat pour la survie d'un père et de son fils dans un monde vidé de la quasi-totalité de sa population par une épidémie.
Quatre ans après la sortie du livre en Afrique du Sud, se replonger dans les détails de son scénario fait froid dans le dos.
Un coronavirus animal qui se transmet à l'homme et se propage à l'ensemble de la planète à la vitesse des avions de ligne. Les frontières qui se referment. Et la peur permanente de l'autre, forcément vecteur de la maladie, qui s'installe en règle absolue de survie. Prémonitoire?
«Fever est l'aboutissement d'émotions, de préoccupations et de beaucoup de lectures», se souvient pour l'AFP Deon Meyer, depuis son confinement des environs du Cap (sud-ouest).
«J'ai toujours aimé les fictions de fin du monde, j'en ai lues énormément quand j'avais 20, 30 ans. A mesure que je prenais conscience du réchauffement climatique, d'Ebola (...) ou du virus H1N1, je n'ai pu m'empêcher de penser que nous vivions dans un monde où l'apocalypse était possible».
L'inquiétude du citoyen rejoint l'inspiration de l'écrivain en 2012.
«Le virus, arme idéale»
«Un jour, avant de prendre un avion à New York, j'ai acheté un recueil de nouvelles à lire dans l'avion. L'une d'entre elles (...) était post-apocalyptique», poursuit l'écrivain aujourd'hui âgé de 61 ans, «quand je suis arrivé au Cap, j'avais la trame de Fever en tête».
Pendant les trois ans qui suivent, l'ancien journaliste mène une enquête approfondie pour habiller le décor de son roman du meilleur vernis scientifique possible.
«Pour le monde que je voulais décrire, j'avais besoin de tuer 95% de la population mondiale en gardant les infrastructures intactes. Un virus m'a semblé l'arme idéale».
Suivent alors de longues consultations avec une paire de virologues de renom pour identifier le plus meurtrier. Le verdict du Pr Wolfgang Preiser, de l'université sud-africaine de Stellenbosch, et de son collègue Richard Tedder, du University College de Londres, tombe enfin. Un coronavirus.
Le scénario fictif de la transmission de l'épidémie qu'ils ébauchent inspire largement «L'Année du Lion».
«Un homme quelque part en Afrique tropicale, couché sous un manguier...«, écrit Deon Meyer dans son chapitre 4. Séropositif, système immunitaire affaibli, il héberge un coronavirus transmis par une fiente de chauve-souris. Le germe mute en un tueur redoutable, qui infeste le monde entier. Prémonitoire, encore.
«Les Pr Preiser et Tedder sont les vrais visionnaires», insiste l'écrivain sud-africain, «pas moi».
Quand il a entendu parler en janvier des premiers cas de nouveau coronavirus rapportés à Wuhan (Chine), Deon Meyer confie s'être replongé aussitôt dans ses notes. Et c'est avec effroi qu'il observe désormais la réalité de la propagation du Covid-19 copier, parfois, celle de sa «Fièvre».
«Même les pays développés avaient conçu des plans approfondis contre (l'épidémie)«, lit-on dans «L'Année du Lion». «En théorie, ils auraient dû marcher. Mais la nature ne tient pas compte des théories. Ni des erreurs humaines».
«Intérêt supérieur»
«La plupart des gouvernements réagissent sur la base de bons conseils scientifiques pour essayer d'endiguer la propagation. Jusque-là, c'est plutôt bien», constate Deon Meyer.
«Il y a bien sûr quelques exceptions», glisse-t-il malicieusement en référence au président américain Donald Trump.
«La grande question maintenant, si ça ne marche pas et que les confinements durent trois ou quatre mois, c'est de savoir quelles seront leurs conséquences», s'inquiète-t-il, «combien de temps les gens vont considérer que l'intérêt (sanitaire) supérieur s'impose à celui de la survie de leurs familles ?».
Les autorités de nombreux pays pauvres ou aux inégalités sociales très marquées, comme l'Afrique du Sud, peinent à maintenir chez elles des populations dont la survie quotidienne dépend du commerce informel.
Dans «L'Année du Lion», ce combat entre rescapés passe par les armes, sous l'oeil du groupe d'humains «élus» qui ont fabriqué le virus qui a causé l'épidémie.
La thèse d'une origine humaine de la propagation du Covid-19 fait depuis des semaines les beaux jours des conspirationnistes de tous poils. Certains dirigeants de la planète s'interrogent eux aussi eux aussi sur une possible fuite du virus d'un laboratoire chinois.
Deon Meyer veut croire que le scénario de son livre n'a pas nourri d'élucubrations infondées. «J'ai tendance à penser que l'audience de ces théories du complot ne dépasse pas quelques sites internet tenus par des cinglés», dit-il.
Juste avant l'éclosion de la pandémie qui fait rage aux quatre coins de la planète, l'écrivain avait confié à l'AFP son désir de rempiler dans la veine du roman catastrophe.
«Je n'en suis plus sûr», dit-il aujourd'hui. «Mais ce qui est par contre certain, c'est que je vais écrire un polar qui se passe pendant le confinement !«.
Tout ce qu’il faut savoir sur les théories du complot
Tout ce qu’il faut savoir sur les théories du complot
Fjord Drygalski, centre de la Nouvelle-Souabe, Antarctique Est. Les théoriciens du complot en sont convaincus: quelque part dans ces glaces éternelles, se cache une forteresse nazie dans laquelle Adolf Hitler lui-même aurait trouvé refuge à la fin de la guerre. Dans les faits, suite à une expédition allemande menée en Antarctique en 1938/39, un drapeau allemand y a été placé pour prendre possession de la zone. Le nom de la région est tiré du nom du bateau de cette expédition, le Schwabenland (Souabe). Mais l’Antarctique ne serait pas la seule région à dissimuler des secrets: dans ce diaporama, nous vous présentons certaines des théories du complot les plus populaires et d’autres moins connues.
Photo: Wilfried Bauer
Des débris de l’Airbus A321-231 du vol 9268 de la compagnie Kogalymavia à proximité d’Hasana: selon les États-Unis et le Royaume-Uni, le crash aurait pu être provoqué par une bombe, tandis que les médias égyptiens crient au complot occidental.
Photo: Keystone
Selon certains faiseurs d’opinion égyptiens, l’Occident souhaiterait ainsi ébranler le pays pour l'empêcher de devenir trop puissant. À l’image: le Premier ministre égyptien Chérif Ismaïl (à droite) se rend sur les lieux de découverte de l’épave de l’avion.
Photo: Keystone
Le spectre des réfugiés: certains théoriciens du complot pensent que la crise des réfugiés que traverse l’Europe serait «une nouvelle stratégie américaine créée afin d’éliminer complètement le peuple allemand». À l’image: le 29 octobre 2010, à proximité de Wegscheid, à la frontière austro-allemande, des personnes attendent de pouvoir entrer en Allemagne.
Photo: Keystone
De nouveau, tout semble tourner autour de la saucisse (à l’image: des réfugiés s’approchent de la «dernière saucisse avant la frontière»): la gastronomie n’est pas le seul point de discorde, et de nombreux conspirationnistes craignent «une dissolution des nations par la déstabilisation et la guerre».
Photo: Keystone
Selon le théoricien autrichien Dr. Eichelburg, les États-membres de la zone euro auraient déjà dû exploser à l’hiver 2014/2015, mais cela ne s’est pas produit. Le Dr Eichelburg affirme cependant que ce n’est qu’une question de temps et qu’à ce moment-là, les structures étatiques telles que nous les connaissons disparaîtront totalement. Un empereur régnera sur l’Europe, probablement Charles, héritier de la famille Habsbourg-Lorraine né en 1961. Ce vitrail du cloître Muri présente les armoiries de son prédécesseur, le Kaiser Ferdinand Ier.
Photo: Keystone
Quel est le véritable objectif de «la guerre contre la terreur»? Selon certaines théories du complot en vogue, il s’agirait du pétrole. L’invasion de l’Irak en 2003 aurait permis aux États-Unis de s’assurer l’accès à une zone clé de développement pour longtemps. Et cette invasion aurait été impossible à justifier sans les attentats du World Trade Center.
Photo: Keystone
Qu’une poignée de terroristes puissent anéantir les deux tours du World Trade Center de New York ainsi qu’un autre bâtiment avec deux avions – pour certains observateurs, tout cela est peu crédible. La question est donc: qui se cache réellement derrière les attentats terroristes du 11 septembre 2001? Les réponses sont multiples, mais elles mènent généralement à une seconde question: à qui ont-ils profité? Et là, la réponse fait l’unanimité: c’est le gouvernement américain, et probablement également Israël, qui auraient tiré les ficelles de l'attentat. En effet, le 11 septembre marque le début de la «guerre internationale contre la terreur».
Photo: Keystone
Dans le milieu des complotistes, on pense d’ailleurs que le gouvernement américain a déjà montré de quelles ignominies il était capable en 1993, à Waco, Texas, lorsque des agents du FBI ont assiégé le quartier général d’une secte, les «Branch Davidians». 87 membres de la communauté sont morts lors de la fusillade puis de l’incendie qui s’en est suivi.
Photo: Getty Images
La méfiance envers le gouvernement américain est considérable – et pas uniquement parmi les «patriotes épris de liberté» qui voient menacé leur droit à porter une arme, garantie par la Constitution. Il est une affaire qui réunit des sceptiques du monde entier: la mission sur la Lune. Selon la théorie, personne n’aurait jamais posé le pied sur la Lune. Les photos d’Apollo 11 et des missions suivantes auraient été mises en scène en studio – ni plus ni moins que par Stanley Kubrick, créateur de l’épopée spatiale «2001 – l’Odyssée de l’espace».
Photo: Getty Images
De la mission sur la Lune à John F. Kennedy, il n’y a qu’un pas: c’est en effet ce président, assassiné à Dallas en 1963, qui avait initié le programme. Avec la «prétendue» mission sur la Lune, les spéculations sans fin sur sa mort constituent les théories du complot les plus célèbres.
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Impossible de croire en effet que l’attentat de Dallas, Texas, n’ait été l’œuvre que d’un seul homme – un loup solitaire qui plus est réduit au silence peu après les faits. Lee Harvey Oswald (1939 - 1963) aurait agi sous la direction d’hommes de l'ombre – la théorie la plus fréquente étant celle de la mafia.
Photo: Getty Images
John F. Kennedy éliminé par le crime organisé? Cela peut sembler plausible – mais est-ce pour autant la vérité? Et si Kennedy en savait trop sur les manigances des extraterrestres, et avait été assassiné avant de révéler tout ce qu’il savait aux citoyens de son pays et à toute l’humanité?
Photo: Keystone
Ces spéculations nous mènent à la troisième théorie du complot la plus connue du monde: les aliens de Roswell. En 1947, un OVNI se serait écrasé sur les terres d’un ranch de l’État américain du Nouveau-Mexique. Des extraterrestres survivants auraient été retrouvés parmi les décombres. Ils auraient survécu un certain temps dans un laboratoire ultra-secret du gouvernement américain avant de mourir. Il y aurait des photos des restes d’un extraterrestre.
Photo: AFP
Adolf Hitler s’est donné la mort fin avril 1945 – et si ce n’était pas vrai? Son bras droit, Martin Bormann, a disparu peu après la mort du «Führer» - et a continué de nous hanter pendant des décennies avec toutes sortes d’histoires sur un complot nazi mondial. Officiellement pourtant, un squelette a été identifié en 1972 comme celui de Bormann, mais cela n’empêche pas les complotistes de le faire revivre. L’une des théories les plus absurdes concernant la survie de Bormann et d’autres grandes figures du nazisme affirme que des scientifiques nazis auraient fabriqué une soucoupe volante avant la fin de la guerre pour les envoyer sur la Lune. Une base se trouverait même encore sur la Lune, bien dissimulée, depuis laquelle les descendants des anciens nazis tenteraient de conquérir la Terre.
Photo: Getty Images
C’est en 1903 qu’apparaît en Russie un pamphlet intitulé «Les Protocoles des Sages de Sion». Il se diffuse rapidement et est traduit en plusieurs langues. Il traite d’un prétendu «plan de conquête du monde établi par les juifs» et justifie l’une des théories du complot les plus malveillantes et aux conséquences les plus lourdes que l’humanité ait jamais connues.
Photo: Deutsches Historisches Museum
En Allemagne, l’écrivain antisémite Alfred Rosenberg (1893 - 1946) publie en 1923 un commentaire sur les «Protocoles», renforçant la popularité de cet ouvrage. Les idées qui y étaient diffusées correspondaient à la pensée d'Adolf Hitler, qui fait également référence aux «Protocoles» dans son livre «Mein Kampf». À tel point qu’il investit Rosenberg de hautes fonctions dès 1933.
Photo: Deutsches Bundesarchiv
Rosenberg a gravi les échelons jusqu’à devenir «Ministre du Reich aux Territoires occupés de l’Est». Il était notamment en charge du camp d’extermination d’Auschwitz. C’est dans ce camp, et dans les nombreux autres camps de la mort, que la semence plantée avec les «Protocoles des Sages de Sion» a porté ses fruits les plus abominables.
Photo: Getty Images
C’est commettre une erreur que de penser que la fin du national-socialisme en Allemagne aurait enterré pour toujours la théorie du complot des «Protocoles des Sages de Sion». Dans de nombreuses régions du monde, et notamment dans le monde arabe, elle compte toujours de nombreux adeptes. Le Hamas, l’organisation palestinienne islamiste, fait même expressément référence à cet ouvrage dans son programme fondateur de 1988.
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