Lifestyle Crise des opioïdes: la prescription en chirurgie pointée du doigt (étude)

Relaxnews

12.4.2019 - 07:18

La crise des médicaments opioïdes qui ravage l'Amérique du Nord s'explique en partie par le fait que ces antidouleurs puissants et addictifs sont trop prescrits après des opérations chirurgicales.
La crise des médicaments opioïdes qui ravage l'Amérique du Nord s'explique en partie par le fait que ces antidouleurs puissants et addictifs sont trop prescrits après des opérations chirurgicales.
Source: Relaxnews

La crise des médicaments opioïdes qui ravage l'Amérique du Nord s'explique en partie par le fait que ces antidouleurs puissants et addictifs sont trop prescrits après des opérations chirurgicales, selon des travaux publiés vendredi.

On sait déjà que la surprescription globale de ces opioïdes par des médecins est l'une des raisons de l'épidémie qui a fait des dizaines de milliers de morts par surdose ces dernières années aux Etats-Unis et au Canada.

Mais les travaux publiés par The Lancet dans trois articles distincts mettent un coup de projecteur sur la chirurgie.

«La prescription d'opioïdes après une opération chirurgicale peut prédisposer le patient à une prise de ces médicaments à long terme et à un mésusage, et doit donc être envisagée avec prudence», estiment les auteurs de ces travaux.

«Selon plusieurs études, la prescription d'opioïdes à des patients américains opérés est souvent excessive par rapport à leur douleur», notent-ils.

Ils citent une étude américaine portant sur 155.000 patients ayant subi un acte de chirurgie comportant peu de risques (opération du canal carpien, arthroscopie du genou, ablation de la vésicule biliaire, opération d'une hernie inguinale).

Pour chacun de ces actes, le nombre de patients à qui on a prescrit des opioïdes après l'opération a augmenté entre 2004 et 2012.

De même, la dose moyenne quotidienne d'opioïdes prescrite aux patients pour des douleurs post-opératoires a augmenté de 13% en moyenne sur l'ensemble de ces quatre actes (et jusqu'à 18% dans le cas de l'arthroscopie du genou).

Une autre étude de 2009 comparait les Etats-Unis et les Pays-Bas. Elle montrait que 77% des patients opérés d'une fracture de la hanche aux Etats-Unis se voyaient ensuite prescrire des opioïdes, alors que cette proportion était nulle aux Pays-Bas.

Pour autant, des données plus récentes «montrent une diminution des opioïdes dispensés par habitant aux Etats-Unis entre 2010 et 2015», nuancent-ils. Cela pourrait présager d'un «renversement de la tendance à la hausse des prescriptions d'opioïdes après une opération chirurgicale».

Pour autant, les auteurs ne jettent pas le bébé avec l'eau du bain: «L'administration d'opioïdes avant une opération réduit la dose de produits nécessaires à l'anesthésie générale, et une utilisation appropriée après l'opération peut améliorer le bien-être du patient».

C'est d'ailleurs le souci de mieux traiter la douleur qui a conduit à prescrire davantage d'opioïdes (de 3 à 7,3 milliards de doses quotidiennes dans le monde entre 2001 et 2013), ce qui a paradoxalement provoqué une crise sanitaire inédite dans certains pays.

C'est pourquoi les auteurs demandent aux autorités des recommandations précises.

«Par exemple, il n'existe actuellement aucune instruction sur la durée pendant laquelle des patients peuvent rester sous opioïdes après une opération», note la revue Lancet au sujet de ces travaux d'auteurs australiens, américains et britanniques et canadiens.

«La douleur chronique post-opératoire est un problème grandissant puisque la population vieillit et que le nombre d'opérations augmente», préviennent-ils.

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