Société Des culottes menstruelles valaisannes s'attaquent au marché suisse

zd, ats

15.1.2021 - 13:15

Deux marques valaisannes se sont lancées sur le marché des culottes menstruelles encore peu développé en Suisse. Passionnées et engagées, leurs fondatrices veulent proposer une alternative «efficace, confortable et écologique» aux protections hygiéniques classiques.

Créatrice textile dont l'atelier est situé à Veysonnaz (VS), Stélina Lorieux a ouvert le feu avec Oûna, Lune en nendard, explique-t-elle en tirant d'une étagère un dictionnaire de patois local qu'elle a emprunté au bistrot du coin. Au début de l'automne, sa campagne de financement participatif a dépassé ses espérances: 1074 précommandes en un mois. «Un succès incroyable», affirme la Normande.

Chloé Bazzi de Vétroz et Elodie Schenk de Sion sont aux manettes de la seconde start-up, Gaya, du nom de la mère de toutes les divinités grecques, la Terre-Mère à l'origine du monde. Leur campagne de financement participatif court jusqu'au 23 janvier, mais elles ont déjà largement dépassé l'objectif fixé à 60'000 francs qui leur permet de se lancer dans l'aventure.

Ayant toutes deux travaillé dans un magasin zéro déchet, elles connaissaient l'intérêt de la clientèle pour ce genre de produits, mais ne s'attendaient pas à un tel engouement. Jusqu'ici, les intéressées se tournaient vers le marché français, qui compte près de quarante marques développées ces dernières années.

«On l'oublie quand on la porte»

En Suisse, selon les trois femmes, quatre jeunes pousses se sont lancées. Mais «la concurrence va certainement se renforcer», analyse Elodie Schenk, qui dit avoir déjà repéré quelques modèles dans de grandes surfaces à moindre prix «mais dont la traçabilité des tissus n'est pas garantie et le choix des matières pas terrible».

Oûna et Gaya disent justement se distinguer par le soin apporté au choix des matières écoresponsables qui viennent de pays européens (France, Italie, Portugal). De quoi proposer une «lingerie saine et durable» qui privilégie «une expérience confortable».

«Nous voulons sensibiliser les femmes à la pollution qu'engendre l'industrie des serviettes jetables ainsi qu'à la toxicité de ces produits» peu clairs sur leurs composants, racontent les fondatrices de Gaya. A l'échelle mondiale, 1447 serviettes hygiéniques sont utilisées chaque seconde, soit 45 milliards par an, selon planetoscope, un site français qui collecte des données statistiques autour du développement durable.

La culotte menstruelle permet aussi de se reconnecter à son cycle, ajoute Stélina Lorieux, qui estime qu'il faut briser le tabou des règles afin de les vivre sans soucis. Son avantage «c'est sa praticité, son confort. On l'oublie quand on la porte. Je ne connais personne qui est revenu à du jetable une fois la lingerie menstruelle testée».

Produites en France

Si les deux marques lancent des collections aux designs très différents, la technique reste la même pour toutes les culottes menstruelles. Le noyau de la lingerie est constitué d'un tissu absorbant pour recueillir le sang, doublé d'une membrane imperméable pour éviter les fuites. La troisième couche respirante, en bambou ou en coton, laisse passer le sang pour permettre un maintien au sec. «Pas d'odeur, ni d'effet couche», promet Chloé Bazzi.

Une fois rincées à l’eau froide, les culottes renforcées peuvent passer à la machine à laver à 30 ou 40°C avec leurs petites copines avant de sécher à l'air libre. Bien entretenus, les dessous peuvent durer entre trois et sept ans. Ils sont vendus une soixantaine de francs l'unité.

Ces culottes «suisses» sont produites en France, car, selon les trois entrepreneuses, sur le territoire helvétique, il n’y a plus d’industrie capable de produire de la lingerie menstruelle à un prix abordable pour de petites start-ups. Des dessous cousus au pays d'Albert Kriemler coûteraient jusqu'à trois fois plus chers. Et ce n'est pas le but.

«Le coût freine»

Si le budget de départ peut paraitre élevé, sur le long terme, ces culottes sont bien plus économiques. Ces dessous pourraient-ils dans le futur aider à lutter contre la précarité menstruelle? «Pour l'instant, le coût freine, mais cette solution serait idéale, avec une éventuelle prise en charge partielle ou totale par les assurances par exemple», explique la Lausannoise Elise Dottrens, co-présidente de l'Association de sensibilisation aux comportements égalitaires.

«Les personnes en difficulté financière ont besoin de protections gratuites et rapidement», ajoute-t-elle. Mais consciente du besoin d'alternative durable, l'ASCE organise des ateliers qui permettent notamment aux participantes de se confectionner des serviettes lavables. «Un premier pas», résume Elise Dottrens.

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