Santé Diabète: le rôle protecteur des oestrogènes enfin compris

ats

5.4.2018

Les spécialistes savent que les femmes non encore ménopausées ont moins de risques que les hommes de développer un diabète de type 2. (Image symbolique)
Les spécialistes savent que les femmes non encore ménopausées ont moins de risques que les hommes de développer un diabète de type 2. (Image symbolique)
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Les cas de diabète de type 2 explosent chez les femmes après la ménopause. Une étude de chercheurs genevois révèle comment les oestrogènes protègent de la maladie en influant sur la production d’hormones-clés de la régulation du sucre dans le sang.

Les spécialistes savent que les femmes non encore ménopausées ont moins de risques que les hommes de développer un diabète de type 2. Par contre, après la ménopause, la tendance s’inverse très clairement. Ce rôle protecteur des hormones sexuelles féminines et surtout des oestrogènes restait toutefois largement incompris.

"Un certain nombre de scientifiques travaillent sur l’effet des oestrogènes sur les cellules pancréatiques productrices d’insuline", indique Sandra Handgraaf, première auteure de ces travaux, citée jeudi dans un communiqué de l'Université de Genève (UNIGE). Leur effet sur les cellules productrices de glucagon, une autre hormone régulatrice de la glycémie, n’avait en revanche jamais été exploré.

En effet, si le pancréas sécrète de l’insuline, il sécrète aussi du glucagon, une hormone à l’effet opposé: alors que l’insuline capte le sucre, le glucagon le libère. C’est donc un déséquilibre entre ces deux hormones contrôlant le taux de sucre dans le sang qui est à l’origine du diabète.

Hormone intestinale

En administrant des oestrogènes à des souris femelles ménopausées, les scientifiques genevois ont fait un premier constat: elles retrouvaient une tolérance accrue au glucose et présentaient donc moins de risques de diabète.

Si l’effet observé sur l’insuline était attendu, celui sur le glucagon, et surtout sur le GLP1, une hormone intestinale et pancréatique qui permet d’augmenter la production d’insuline, l’était beaucoup moins. Ils ont ainsi pu confirmer la sensibilité aux oestrogènes des cellules alpha pancréatiques, qui sécrètent moins de glucagon mais plus de GLP1 lorsqu’elles y sont exposées.

Libérée aussi par l’intestin lors de l’absorption de nourriture, cette hormone stimule la sécrétion d’insuline, inhibe la sécrétion du glucagon et induit une sensation de satiété. Le manque de GLP1 est donc une pièce essentielle – et jusqu’ici peu connue – pour expliquer la survenue du diabète. Le rôle joué par cette hormone éclaire aussi la protection contre le diabète chez la femme avant la ménopause.

Traitement hormonal ciblé

"Cette première observation était déjà intéressante", explique Sandra Handgraaf. "Mais il existe aussi dans l’intestin des cellules dites L, très similaires aux cellules alpha pancréatiques, dont la principale fonction est justement de produire du GLP1. Et nous avons aussi observé une forte augmentation de la production de cette hormone dans ces cellules intestinales".

Cela prouve le rôle majeur de l’intestin dans la maîtrise de l’équilibre glucidique et l’influence des oestrogènes sur l’ensemble du métabolisme impliqué. Ces résultats, publiés dans la revue JCI Insight, ont par ailleurs été confirmés sur des cellules et des échantillons de tissus humains.

De manière générale, les chercheurs estiment qu'un traitement oestrogénique s’avère très intéressant afin d’éviter l’explosion des cas de diabète féminin à la ménopause. Une femme ménopausée sous traitement hormonal de substitution a jusqu’à 35% de risques en moins de développer la maladie.

Pour les hommes aussi

Toutefois, il existe trois récepteurs aux oestrogènes, dont un seul est principalement impliqué dans cet effet protecteur. Il serait donc possible de développer une molécule n’activant que le récepteur intéressant, avec un effet beaucoup plus ciblé.

"On pourrait ainsi imaginer un traitement qui s’adresserait également aux hommes, car dépourvu des effets secondaires d’une hormonothérapie un peu trop puissante", conclut Mme Handgraaf.

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