Lifestyle Excision : pour Keira Chaplin, la lutte contre ce fléau passe par l'éducation

Relaxnews

6.2.2020 - 17:17

Keira Chaplin, présidente de la Fondation Fleur du Désert France, à la Kiera Chaplin Desert Flower School en Sierra Leone.
Keira Chaplin, présidente de la Fondation Fleur du Désert France, à la Kiera Chaplin Desert Flower School en Sierra Leone.
Source: Relaxnews

La date du 6 février est consacrée à la Journée internationale de tolérance zéro à l'égard des mutilations génitales féminines (MGF). Instaurée en 2012 par l'Assemblée générale des Nations Unies, cette journée vise à éradiquer les MGF dont sont victimes plus de 200 millions de filles et de femmes à travers le monde. Keira Chaplin, présidente de la Fondation Fleur du Désert, lutte activement contre ce fléau et mise tout sur l'éducation. Elle a fondé une école qui a récemment ouvert ses portes en Sierra Leone. 

Les Mutilations génitales féminines (MGF) désignent l'ablation totale ou partielle du clitoris, généralement imposées aux jeunes filles âgées de moins de 15 ans, à des fins non médicales. Pratiquées au sein des familles de confession musulmane au nom d'une tradition «religieuse», les MGF symbolisent en réalité une domination patriarcale visant à retirer tout plaisir sexuel aux jeunes filles.

Souvent pratiquées dans des conditions insalubres avec une lame non stérilisée, les MGF mettent la santé des filles victimes en danger. Fin janvier, une petite Egyptienne de 12 ans est décédée à la suite d'une excision. 

«Bien que principalement concentrée dans 30 pays d'Afrique et du Moyen-Orient, la pratique des mutilations génitales féminines (MGF) sévit également dans certains pays d'Asie et d'Amérique latine, ainsi que parmi les populations immigrées vivant en Europe occidentale, en Amérique du Nord, en Australie et en Nouvelle-Zélande», précisent les Nations Unies, qui prévoient d'éradiquer ce fléau d'ici 2030.

Ouverture d'une école en Sierra Leone, l'un des pays d'Afrique les plus touchés par les MGFPour Keira Chaplin, présidente de la section française de la Fondation Fleur du Désert, la clé de ce combat réside dans l'éducation. Fortement engagée dans la lutte contre l'excision des jeunes filles, la Fondation Fleur du Désert créée en 2015 par l'actrice Waris Dirie sous l'égide de la Fondation de France, axe ses actions à travers des soins médicaux et l'accès à l'éducation. La Fondation a pour objectif de construire 100 écoles en Afrique au cours des cinq prochaines années. La première d'entre elles, baptisée Kiera Chaplin Desert Flower School, vient d'ouvrir ses portes au sud de Freetown (capitale de la Sierra Leone) et compte 400 élèves. 

L'éducation représente un enjeu crucial dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, qui reste l'un des pays les plus touchés par le fléau de l'excision et où 70% des enfants ne vont pas à l'école. Au sein des programmes éducatifs dispensés à la Kiera Chaplin Desert Flower School, les enfants et les parents sont sensibilisés aux dangers de l'excision.

«Discuter aide les parents à ouvrir les yeux. Certains ne réalisent pas à quel point l'excision est dangereuse. On leur explique que les MGF ne sont pas mentionnées dans le Coran, qu'elles n'ont rien à voir avec une tradition religieuse. Dans le même temps, les jeunes générations commencent à prendre conscience du problème. Grâce à internet, ils réfléchissent par eux-mêmes et posent des questions. Leur donner l'opportunité d'apprendre à lire et écrire à travers notre école leur permet d'accéder à cette information», explique à Relaxnews Keira Chaplin. 

Chirurgie reconstructrice pour les victimes d'excision en FrancePour dissuader les parents de faire subir une excision, la Kiera Chaplin Desert Flower School a mis en place un système de parrainage intitulé »Sauvez une petite Fleur du Désert«. «On donne 30 euros par mois à leurs parents, à condition qu'ils s'engagent à ne pas mutiler leur enfant. Si on réalise qu'une jeune fille a quand même été coupée, on arrête de donner de l'argent aux parents. Mais bien sûr, on ne déscolarise pas les jeunes filles. Ce n'est absolument pas de leur faute, ce sont elles les victimes», précise la présidente de la Fondation Fleur du Désert. 

La Fondation Fleur du Désert protège également les jeunes filles d'origine africaine qui résident en France. Chaque été, les parents résidant en France originaires d'Afrique «profitent» des vacances pour ramener leur fille au pays, dans le but de procéder à son excision. Une expédition qui fait froid dans le dos et contre laquelle il est difficile de lutter. Bien qu'interdite en France, on estime à au moins 60.000 le nombre de femmes adultes victimes de MGF vivant dans l'Hexagone. Pour venir en aide à ces femmes, la Fondation Fleur du Désert dispose d'un réseau de médecins en France à l'Hôpital de la Fontaine (Saint-Denis), où elles peuvent bénéficier d'une chirurgie reconstructrice et de soins psychologiques. Ce service est également proposé en Suède et aux Pays-Bas. L'instaurer en Sierra Leone fait partie des projets de la Fondation Fleur du Désert. Pour Keira Chaplin, petite fille de Charlie Chaplin et actrice de profession, la prévention passe aussi par l'art. C'est dans cette optique que la Fondation Fleur du Désert produit la pièce de théâtre music-hall «Wustenblume», adaptée du livre «Fleur du désert» de Waris Dirie, elle-même confrontée à l'excision pendant son enfance. La représentation aura lieu au théâtre de Saint-Gall en Suisse le 22 février prochain. «Et peut-être bientôt en France», espère Keira Chaplin.

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