En Suisse Faut-il s'inquiéter de la hausse des cas de «ténia du renard»?

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18.4.2019

Les scientifiques observent une recrudescence de cas d’échinococcose chez les renards des villes.
Les scientifiques observent une recrudescence de cas d’échinococcose chez les renards des villes.
Keystone

Les scientifiques observent une recrudescence de cas d’échinococcose chez les renards qui s'approchent des villes: une forme de ténia attaquant le foie et pouvant le détruire en une dizaine d’années, mortelle pour l’homme. Il semblerait que cette maladie soit aujourd’hui en forte hausse dans le pays.

Sans être trop alarmistes, les chercheurs de l’Université de Zurich ont livré le fruit de leurs observations sur la multiplication des cas d’échinococcose, dénommée en langage courant «ténia du renard».

Dans les intestins des animaux… et le foie des humains

De quoi s’agit-il? Le parasite va voyager d’un intestin à l’autre, des petits rongeurs ingurgités par les renards, des excréments des renards sur les fruits des bois, notamment en forêt, jusqu’au foie de l’homme qui va consommer ces baies… Tel est le voyage de la larve qui a la capacité de passer de l’estomac au foie en traversant la muqueuse par le biais de la circulation sanguine avant de se développer, à l’instar d’un cancer invasif. S’il y parvient, le parasite peut s’étendre aux poumons ou au cerveau, ou bien s’arrêter au foie.

Une propagation en hausse

Comme le rapporte «Le Matin», des chercheurs de l’Université de Zurich ont observé que les cas d’échinococcose, maladie de l’hémisphère Nord, ont plus que doublé en Suisse depuis le début du millénaire. Ces scientifiques se sont penchés sur les données entre 1956 et 2005, qu’ils ont analysées pour la revue spécialisée «Emerging Infectious Diseases». Ils estiment que sur cette période, entre 50 et 100 nouveaux cas sont enregistrés chaque année en Suisse.

«A l’hôpital de l’Île à Berne, on diagnostique même près de 10 fois plus de cas aujourd’hui qu’à la fin des années 90», rapporte encore «Le Matin». Dans un reportage de la RTS, réalisé le 5 mars 2019, la contamination était estimée à dix à vingt cas par an en Suisse en moyenne. Interrogé, François Chappuis, Médecin-chef du service de médecine tropicale et humanitaire des Hôpitaux universitaires de Genève, a rappelé que «la maladie est grave mais heureusement assez rare, mais c’est vrai que c’est une des infections parasitaires les plus graves, endémique chez nous en Suisse.» Il a ajouté que compte tenu de l’immunité des humains, qui ne sont pas dans le circuit naturel du parasite, celui-ci ne s’y installe généralement pas. «Une petite proportion est susceptible d’être moins résistante et d’être infectée», a-t-il précisé.

Un traitement existe, même s’il est lourd

Tomi Tomek, très connue pour son engagement auprès des félins, a déclaré avoir été touchée par cette maladie, au micro de la RTS le 5 mars dernier. «Quand le médecin de Berne m’a appelé pour me dire que j’avais contracté le ténia du renard, j’ai cru que ce n’était pas grave […] on m’a fait passer une IRM, prise de sang, etc… Le médecin a dit: “il y a un point blanc sur votre foie” et il a vu neuf nids de vers, j’ai paniqué et j’ai dit "je ne bouge pas de là"», a-t-elle déclaré. Pendant quatre mois, elle a dû prendre double dose d’un traitement très fort, aussi important qu’une chimiothérapie pour calcifier les larves. «Les médecins ont enlevé un tiers de mon foie, j’ai dû suivre ce même traitement durant un an après l’opération. Deux ans après, j’ai refait des examens, visiblement je n’ai plus rien, mais je reste sous contrôle», a conclu Tomi Tomek.

Selon le docteur Chappuis, le meilleur moyen de contrer la maladie est de retirer la partie du foie infectée, le traitement anti-parasitaire étant rarement, à lui seul, la solution pour supprimer la présence du ver. La prudence est donc de mise, selon Peter Deplazes de l’Université de Zurich: poser des appâts vermifugés dans les villes pourrait être un moyen de prévention, cuire systématiquement les baies, champignons et fruits trouvés en forêt en est une autre.

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