PsychoFini le mariage, place aux célébrations païennes
Relax
29.3.2021 - 13:11
Alors que le nombre de mariages dégringole dans l'Hexagone, un nouveau type de cérémonie pour couples qui s'aiment décolle. Il s'agit de cérémonies païennes. Nous avons rencontré Charles Werquin, qui a inventé en France le métier de «cérémoniste».
29.03.2021, 13:11
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«Je peux venir déguisé en Gandalf s'il le faut». Charles Werquin n'est pas comédien. Il ne travaille pas non plus dans un magasin de déguisement. S'il est prêt à enfiler son plus beau costume de cinéma, c'est pour satisfaire ses clients. Son métier ? «Cérémoniste». Derrière ce néologisme que ce Lillois de 35 ans espère bien voir s'installer en France, se cache le métier d'officiant de cérémonie laïque. Contrairement à un maire ou un prêtre, Charles ne peut pas officiellement unir un couple aux yeux de l'Etat ou de la religion. Mais il peut célébrer l'amour de deux personnes.
La tendance débarque des pays anglo-saxons, les Etats-Unis en tête. Pour Charles, c'est en revenant d'un voyage en Australie, où une amie lui avait demandé d'animer une union, qu'il a eu le déclic. Et il n'a pas eu à batailler beaucoup pour trouver ses premiers clients, dans un pays où l'on se marie de moins en moins, et encore moins dans la religion. Rien que l'an dernier, les célébrations ont chuté de 34% sous l'effet Covid. Mais cette tendance à la baisse est plus globale avec un nombre de mariages au global divisé par deux depuis l'après-guerre.
Un public varié
En rentrant en France, en 2017, celui qui était responsable commercial dans le secteur de la publicité lâche son job. «Le public est arrivé tout seul. La demande était déjà là. Et elle grandit de plus en plus», raconte l'ex commercial. Il explique cette demande par de multiples raisons: «beaucoup de personnes ne souhaitent pas de mariage religieux. Soit parce qu'ils ne sont pas croyants soit parce qu'ils ne sont pas pratiquants. Il peut aussi arriver qu'ils soient croyants, mais d'obédience différente. La cérémonie laïque leur permet d'échapper à une longue reconversion». On retrouve aussi parmi les clients de Charles des couples divorcés qui ne peuvent pas se marier une nouvelle fois à l'église.
Cérémonie sur mesure
«Ce qui plaît à mes clients, c'est de mettre ce qu'ils veulent dans cette cérémonie, «explique l'officiant. Et le Lillois de 35 ans sait s'adapter aux demandes même les plus folles. Comme le jour où ce couple de geeks a voulu s'unir en elfique, cette langue imaginaire parlée, notamment, dans le «Seigneur des Anneaux». L'échange de consentement s'est donc fait dans cette langue, à la surprise de la famille et des amis. Charles a également eu l'occasion de célébrer, plus sobrement, des mariages en chinois ou en anglais, un créneau porteur selon le jeune homme qui souhaite continuer d'agrandir son business.
«Ce n'est pas un one man show»
Cet espace de liberté peut sembler déstabilisant. «Au début, le couple émet beaucoup d'idées, parfois loufoques, et revient, petit à petit, à quelque chose de plus classique», explique Charles. «C'est une grosse responsabilité, il faut écouter, guider. Les couples sont un peu perdus. C'est pour ça qu'ils font appel à quelqu'un d'extérieur plutôt qu'à un proche. C'est un vrai travail collectif avec les mariés». Pour autant, malgré la charge émotionnelle, l'ambiance est aussi détendue: «On rit beaucoup. Il y a un petit côté acteur parce qu'il faut s'adapter au public, mais ce n'est pas un one man show», précise catégorique, le cérémoniste. «Il existe un cérémonial avec le pupitre, le décor. Il y a déjà une forte émotion. Pas la peine d'exagérer».
Pour se faire connaître, Charles a recours à des sites annuaires qui le référencent, comme annuaire-mariage.net ou Un Beau Jour. Un investissement vite rentabilisé au vu de la vingtaine d'unions qu'il a célébrées l'an passé. «Sept malheureusement cette année, se désole l'officiant. A cause de la Covid, la majorité a été reportée». Ses prestations commencent à 950€ pour la préparation en amont et la célébration de l'union. Et en attendant que la situation sanitaire revienne à la normale, Charles anime des conférences.