Affaire criminelle Rosemarie Nitribitt, la prostituée sans tête

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12.3.2019

Lorsqu’elle est retrouvée dans son appartement en 1957, elle n’a que 24 ans. Rosemarie Nitribitt est la prostituée la plus célèbre de la République fédérale d’Allemagne. Son meurtrier n’a jamais été retrouvé et son corps enterré sans tête.

La pierre tombale numéro 1148 du champ funéraire 95 dans le cimetière nord de Düsseldorf est toute fine. C’est ici qu’est enterrée Rosemarie Nitribitt. Elle a été assassinée il y a maintenant 62 ans. Aujourd’hui encore, des fleurs sont déposées sur sa tombe.

Pourtant, seuls quelques invités ont assisté aux funérailles organisées pendant l’hiver 1957, dont la demi-soeur de la défunte, Irmgard, et deux détectives. Le pasteur a refusé d’accompagner le cercueil jusqu’à la tombe. De ce fait, aucun éloge funèbre n’a été prononcé. En outre, un autre élément fait défaut: la tête de Nitribitt.

Les dessous du miracle économique

Le nom de Nitribitt est resté gravé dans les esprits. Sorti un an à peine après la mystérieuse affaire, le film «la Fille Rosemarie», avec Nadja Tiller dans le rôle principal, ne réalisa pas moins de huit millions d’entrées dans les salles de cinéma allemandes. Le figure de Nitribitt témoigne des mœurs discutables de la période prospère du miracle économique. Sa vie et sa mort constituent un pan de l’histoire de l’Allemagne de l’après-guerre.

«Le 01/11/1957, vers 16h30, Rosemarie Nitribitt, prostituée, a été retrouvée dans l’immeuble du 36 Stiftstrasse, assassinée dans son appartement deux pièces. La mort est survenue par strangulation. Une courte lutte a précédé le décès», a déclaré la préfecture de police de Francfort-sur-le-Main à l’Office fédéral de la police criminelle d’Allemagne.

L’histoire de Rosemarie Nitribitt a fait l’objet de plusieurs adaptations cinématographiques. Parmi les nombreuses spéculations autour des responsables de sa mort, certains favorisent la piste des personnalités du monde des affaires et de la politique, qui auraient figuré parmi ses clients.

Nitribitt n’avait que 24 ans. Elle se décrivait comme «mannequin», tandis que les tabloïds la qualifiaient de «prostituée de luxe». Celui qui l’a tuée en 1957 n’a fait l’objet d’aucune enquête. Il n’y a eu aucune condamnation. Le moment exact où le mystérieux tueur l’a étranglée n’a jamais établi non plus.

Crâne découpé et soigneusement disséqué

Après un meurtre, il est fréquent que les vêtements de la victime soient conservés comme preuve. Toutefois, il arrive parfois que l’on garde une partie du corps - comme ce fut le cas dans l’affaire Nitribitt. «Peu après la découverte du corps, les enquêteurs de la médecine légale de Francfort ont découpé le crâne», raconte le magazine «Crime» dans son dernier numéro, «et l’ont soigneusement disséqué. En raison de fractures graves et de traces de sang d’origine inconnue, le crâne fut considéré comme une pièce à conviction par l’avocat général.»

Les blessures présentes à l’arrière de la tête sont-elles le résultat d’une rixe ayant entraîné la mort ou d’un coup assené à l’aide d’un objet contondant? Les médecins légistes n’ont pas réussi à le déterminer. Comme on peut le lire dans «Crime», il semblerait que les enquêtes aient été une succession de défaillances techniques et de dissimulations.

De nombreuses questions restent sans réponses. Le véritable meurtrier a-t-il été protégé? La jalousie est-elle le mobile? À ce jour, le crime reste impuni. Les autorités chargées de l’enquête ont gardé en leur possession 70 dossiers, soit 5000 pages au total. Mais ce n’est pas tout, ils ont aussi conservé pendant longtemps le crâne de Rosemarie Nitribitt.

La tête finit par atterrir au musée

Selon «Crime», le crâne est longtemps resté entre les mains de la police judiciaire. Puis, en 2002, l’inespéré se produit: la tête, conservée sous verre, atterrit au musée du crime de la préfecture de police de Cologne. Plus d’un visiteur jugera irrespectueux la présence du crâne.

De nombreuses années durant, les proches ont demandé à récupérer les restes, en vain. Irmgard, la demi-soeur, souhaite faire enterrer le crâne mais sa pension ne suffit pas à couvrir les frais. En fin de compte, c’est le patron d’une maison close qui rend les derniers honneurs à l’ancienne prostituée de luxe. C’est ainsi que Haagen «Hako» Sevecke règle les frais de la restitution du crâne.

Haagen Sevecke estime qu’il est grand temps pour Nitribitt de retrouver la paix. Ainsi, en 2008, un demi-siècle après le meurtre, la tombe est réouverte afin d’y inhumer la tête, le musée du crime ayant finalement consenti à s’en séparer. Le ministère public est du même avis. Et pour cause: l’hypothèse que le crâne soit à nouveau utilisé comme pièce à conviction lors d’un procès est peu probable.

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