Tout est question de qualitéL'air du bureau pourrait avoir un impact sur la créativité des salariés
Relax
20.12.2023 - 11:41
(ETX Daily Up) – Les polluants atmosphériques potentiellement présents dans les locaux d'entreprises pourraient nuire à la créativité des salariés. C'est ce que révèle une étude menée par des chercheurs d'une université basée à Singapour, qui expliquent que «cela pourrait avoir de graves conséquences pour les industries qui dépendent de la créativité pour l'essentiel de leur travail».
ETX Studio
20.12.2023, 11:41
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L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime à plus de trois millions le nombre de décès annuels liés à la pollution de l'air à l'intérieur des habitations en 2020. Dans un rapport daté de décembre 2022, l'autorité sanitaire indique que ce type de pollution peut être responsable d'un risque accru de maladies non transmissibles telles que les accidents vasculaires cérébraux, la cardiopathie ischémique, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et le cancer du poumon. Si l'on évoque le plus souvent la qualité de l'air dans les habitations, les locaux d'entreprises ne sont pas épargnés, et leur impact ne se limiterait pas à la santé physique des salariés.
Une étude réalisée par une équipe de chercheurs de l'université de technologie de Nanyang, à Singapour, s'est penchée sur le sujet, suggérant que des niveaux élevés de composés organiques volatils (COV), des substances chimiques libérées par certains produits, pouvaient nuire à la créativité des salariés. Publiés dans la revue Scientific Reports, ces travaux se basent sur une technique spécifique, Serious Brick Play, inspirée de la méthode LEGO Serious Play. Laquelle est couramment utilisée en séminaires, formations, et même réunions, pour améliorer les performances en entreprise, en stimulant notamment la réflexion, l'imagination et la communication via des briques LEGO.
Quatre-vingt-sept étudiants de premier et troisième cycle ont participé à cette étude qui s'est étendue sur six semaines. Dans un environnement contrôlé évoquant un espace de travail intérieur, ils ont été amenés par trois fois à lire le résumé d'un problème d'ordre mondial, comme le changement climatique ou la santé mentale, puis ont été conviés à proposer une solution via la méthode Serious Brick Play et à la détailler par écrit. Le tout dans un environnement où la qualité de l'air variait, notamment pour le dioxyde de carbone et les COV, grâce à un partenariat avec le fabricant mondial de filtres à air Camfil. Les modèles LEGO, tout comme les descriptions, ont fait l'objet d'un système de notation basé sur l'originalité, la fluidité et la construction.
La pollution, un obstacle à la créativité
Verdict, les chercheurs ont constaté que des niveaux élevés de COV, bien plus présents dans les locaux d'entreprises qu'on ne pourrait le croire puisqu'ils proviennent de détergents, de pesticides, de parfums, de peintures, ou même d'aérosols, avaient affecté la créativité des participants dans le cadre de l'étude. Les scientifiques indiquent qu'une baisse de 72% des COVT (composés organiques volatils totaux) pourrait améliorer de 12% le potentiel créatif d'un participant.
«Alors que la plupart des gens associent la qualité de l'air intérieur aux effets sur les poumons, notamment depuis la pandémie mondiale, notre étude montre qu'elle pourrait également avoir un impact sur l'esprit et la cognition créative, ou la capacité à utiliser les connaissances d'une manière non conventionnelle. Nos résultats suggèrent que des niveaux relativement faibles de COVT, même s'ils se situent bien en deçà du seuil accepté, pourraient avoir un impact sur le potentiel créatif d'un individu», précise le professeur Ng Bing Feng, qui a co-dirigé ces travaux, dans un communiqué.
Certains secteurs sont bien évidemment plus impactés que d'autres, comme le soulignent les chercheurs, mais ces recherches montrent la nécessité pour les entreprises d'améliorer la qualité de l'air intérieur. «Cela pourrait avoir de graves conséquences pour les industries qui dépendent de la créativité pour l'essentiel de leur travail. Par exemple, les artistes utilisent souvent des peintures et des diluants qui libèrent des niveaux élevés de composés organiques volatils et ne savent peut-être pas qu'ils ont besoin d'une ventilation adéquate pour les éliminer de leur lieu de travail. Les résultats de l'étude montrent également que des ajustements mineurs au bureau, tels que la réduction de l'utilisation de diffuseurs ou une ventilation adéquate, peuvent avoir un impact positif sur les employés et leur productivité», conclut l'un des co-auteurs de l'étude.